
Marina Satti, Art Melody et Maverick Sabre ont fait vibrer la première soirée grand-format du festival rennais.
Sortez les moufles. A Rennes hier soir, c’est un froid polaire qui a cueilli les milliers de festivaliers à la descente de la sacro-sainte navette reliant le centre-ville au Parc des expositions situé à une dizaine de kilomètres de là. Un thermomètre quasi-sibérien pour cette première soirée en forme de tour de chauffe assumé, les vastes halls qui forment l’écrin principal des Trans Musicales demeurant une nouvelle fois clairsemés ce jeudi (la plus grande salle demeurant toujours close). Avec seulement une dizaine de groupes alignés, le festival breton proposait pourtant déjà une programmation assez variée avec plusieurs formations aux voix particulièrement attachantes, parmi lesquelles la petite troupe de la chanteuse athénienne Marina Satti.
Car oui, la princesse des Trans était bien grecque ce jeudi soir, offrant au public du petit Hall 03 un show plein de mystères et de fantasmes, pétri de folk balkanique et d’une pop sans frontière. Entourée et mimée par ses quatre jeunes choristes et danseuses (les Fonès), la trentenaire a délivré une leçon de séduction polyphonique et dansante diablement moderne, flirtant entre l’authenticité d’un patrimoine hellénique s’étendant jusqu’aux vieilles influences ottomanes, et une maitrise des rythmes les plus actuels ponctués de rap et d’arrangements électroniques.

A quelques mètres de là, c’est le Burkinabé Art Melody qui donnait de la voix secouant le Hall 08 de son rap rugissant. Ce vétéran du hip-hop ouest-africain venait défendre sur les planches rennaises son sixième album Zoodo (amitié en mooré), un disque opiniâtre où il chante son histoire et celles des autres vécues dans les bas-fonds de l’ancienne Haute-Volta.
Armé de ses rimes lourdes, sans concession, monotones même parfois, Art Melody a fait parler jeudi soir la puissance fulminante de sa musique, une charge vocale incessante mais remplie d’émotion pour ce rappeur-agriculteur qui cultive toujours son flow avec brio.
De ses débuts Michael Stafford alias Maverick Sabre, a de son côté conservé cette voix soulful, profonde et bouleversante. Une voix incroyable qui a subjugué jeudi soir le public embarqué dans un show aussi élégant qu'exaltant. Qu'importe qu'il s'aventure avec ses musiciens sur des terres pop, folk, soul voire reggae, la magie était là. Le Londonien chante son pays d'origine l'Irlande, toujours avec la retenue et la grâce d'un crooner contemporain.
Quelques heures plus tard au même endroit avec Cochemea, c'est la voix de ses ancêtres Yaquis et Mescaleros qui semblaient présents dans ce voyage spirituel que le saxophoniste et flûtiste de Brooklyn nous a proposé. Sur scène, l'ex compagnon de route de Sharon Jones semblait habité, alternant chorus furieux et mélodies transcendantales rythmées par les percussions africaines et cubaines de son groupe. Les tambours se faisaient l'écho d'une danse rituelle amérindienne ancestrale et imaginaire. L'harmonie régnait alors dans le Hall 8 avec cette prière jazz et groove guidée par les esprits apaches.

Retour en images sur la soirée du 05 décembre avec notre album photo à cette adresse.
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