Des boulets de canon, à Canet, cap sur la passé

Photo d'illustration : Canet en Roussillon.
Photo d'illustration : Canet en Roussillon. ©Radio France - Sébastien Giraud
Photo d'illustration : Canet en Roussillon. ©Radio France - Sébastien Giraud
Photo d'illustration : Canet en Roussillon. ©Radio France - Sébastien Giraud
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On remonte le fil du temps avec vous Hélène Legrais. Direction le bord de mer, Canet mais à une toute autre époque. Bien avant la création de la station balnéaire. Canet c’est aussi un port, et depuis longtemps.

Alors comme ça on a canonné à Canet ? Mais qu’est-ce qui vous fait dire ça Hélène ?

Suivez-moi, direction Canet village. Nous prenons l’avenue de Ste Marie, juste à côté de la galerie des Hospices jusqu’à une très vieille façade. C’est une grange.

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De part et d’autre de la porte sont disposés trois boulets de canon en triangle, soit six au total. D’où sortent-ils ? On les a trouvés sur place au moment où la grange a été construite, probablement dans la première moitié du XIXe siècle, à un moment où les fossés de la ville, qui était entourée de murailles, ont été utilisés comme terrain à bâtir. Il n’y avait en effet plus de place pour construire de nouvelles maisons à l’intérieur de l’enceinte. Et donc en creusant les fondations, on a trouvé des boulets de canon qui avaient été tirés par les troupes françaises sur les murs de la ville en 1641 lorsque les soldats de Louis XIII sont entrés en Roussillon au moment de la guerre franco-espagnole qui s’est terminée par le Traité des Pyrénées et l’annexion de la Catalogne du Nord au royaume de France … mais ça ce sera en 1659.

Le propriétaire du terrain a choisi de disposer ces boulets comme un porte-bonheur, pour protéger sa grange. Des boulets qui sont faits pour détruire et tuer … Ironie du sort ! Cela dit, heureusement qu’il l’a fait ! Sinon que nous resterait-il de ce siège ? Pourtant, il est tombé un véritable déluge de feu sur Canet cette année-là. Selon un texte de l’époque, les boulets tirés par les canons étaient tellement nombreux qu’après le siège la municipalité les a revendus au poids de la ferraille ! Mais il restait ceux qui s’étaient enfoncés profondément dans le sol. Et figurez-vous qu’ils n’étaient pas tout seuls !

On a trouvé autre chose ?

Au début des années 50 (1950), on a creusé des tranchées pour y installer les canalisations des égouts et de l’eau courante afin d’alimenter les maisons de Canet. Et savez-vous ce qu’on a trouvé au fond ? Encore des boulets en fer mais aussi des pierres sphériques tirées par des bombardes donc beaucoup plus anciennes, du XIVe / XVe siècle. Ce qui prouve que Canet a souvent été assiégé. Avant le siège de 1641, on en connaît au moins deux autres : celui de 1343 au moment de la chute du Royaume de Majorque et en 1462 par les troupes françaises lorsque l’armée de Louis XI est entrée en Roussillon et l’a occupé pendant une quarantaine d’années.

Mais pourquoi juste cibler Canet ?

Avant de devenir la plage de Perpignan au XIXe siècle, Canet en était le port. Surtout à la belle saison. Le reste du temps, les bateaux accostaient à Collioure mais l’été Canet était plus près. Donc les marchandises exportées ou importées par Perpignan passaient par là et prendre Canet c’était asphyxier économiquement la capitale du Roussillon !