À l'origine du pantalon de jogging

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À l'origine du pantalon de jogging - #CulturePrime

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À l'origine du pantalon de jogging

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Longtemps critiqué comme un signe de laisser-aller, il est aujourd’hui plus populaire que le jeans. Pourtant, à sa création, le survêtement était réservé à une élite.

Il est molletonné, resserré à la taille et aux chevilles. Les années 1920 voient apparaître un pantalon novateur et une poignée de sportifs européens et américains l’arborent.

Un pantalon pour battre de nouveaux records sportifs

La première fonction du survêtement va être de tenir chaud au corps. Au début du XXe siècle et jusqu’aux années 1930, on va se poser la question de comment tenir chaud au corps pour ne pas que celui-ci refroidisse avant et après l’épreuve sportive. Florine Desforges, historienne de la mode

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Émile Camuset, fondateur de la marque Le Coq Sportif, est le premier Français à ajouter le survêtement à son catalogue en 1930. Mais cet “ensemble en jersey molletonné” n’est vendu qu’aux équipementiers. 

L'athlète finlandais Paavo Nurmi s'entraîne en portant un survêtement en 1932.
L'athlète finlandais Paavo Nurmi s'entraîne en portant un survêtement en 1932.
© Getty - ullstein bild/Getty

Le survêtement est alors un outil pour aider les athlètes à battre de nouveaux records. Mais il n’est pas encore de bon ton de se montrer avec. Lorsque le sport s’étend hors des compétitions, il s’adresse à la bourgeoisie, dont le confort n’est pas la priorité.

Ce n’est pas eux qui portaient le survêtement car il n’était pas considéré comme un vêtement esthétique. La classe élitiste qui pratiquait beaucoup le sport avait quand même cette notion d’élégance. Les hommes portaient beaucoup plus des costumes de golf. Les femmes étaient encore corsetées. Il n’y avait pas forcément dans cette couche sociale, cette notion de confort. Florine Desforges, historienne de la mode

Les compétitions internationales médiatisent le "costume du dimanche"

L’idée d’être à l’aise dans des vêtements larges émerge avec la popularisation des activités sportives dans l’Entre-deux-guerres. Mais va surtout se révéler grâce aux compétitions internationales. 

Helen Stephens et Jesse Owens, deux athlètes américains, posent aux Jeux olympiques de Berlin en 1936.
Helen Stephens et Jesse Owens, deux athlètes américains, posent aux Jeux olympiques de Berlin en 1936.
© Getty - The Print Collector/Getty

En 1936, les Jeux olympiques de Berlin font connaître le survêtement au grand public. Les supporteurs envient les tenues de leurs idoles et de leur nation.

On voit que le survêtement va avoir une fonction identitaire, avec notamment ce qui est marqué, brodé ou floqué sur les sweatshirts. C’est aussi comme ça que le survêtement va se diffuser. En portant un survêtement, on s’identifie un peu aux sportifs qu’on a vus sur le podium. Chaque pays va commencer à comprendre que le survêtement a une valeur symbolique de représentation et créer une panoplie propre à leur nation. Florine Desforges, historienne de la mode

En 1939, Le Coq Sportif, devient la première marque de sport généraliste à commercialiser un survêtement baptisé “le costume du dimanche”. Un ensemble confortable qui tranche avec le traditionnel trio costume - cravate - chapeau, porté par une majorité des travailleurs la semaine. Mais la Seconde Guerre mondiale freine son expansion.

Années 1960 : l'heure de gloire du jogging populaire et bon marché

Le survêtement ne connaîtra son heure de gloire qu’à partir des années 1960. Le survêtement sort alors enfin du cercle strictement sportif. Il est porté aussi bien par des amateurs que par des personnes avides de confort.

Avec les modifications de la société - on entre dans une société de loisirs et de consommation - les aspirations des Françaises et des Français ne sont plus les mêmes. L’industrie du vêtement va suivre cette tendance. Sandrine Jamain-Samson, spécialiste des vêtements sportifs

De nouvelles marques de sport émergent comme Adidas et produisent massivement des survêtements bon marché grâce à de nouveaux textiles aux fibres élastiques. Le succès du survêtement ne cessera de grandir. À la fin des années 1970, il symbolise la culture du fitness. 

 Joseph Simmons, Darryl McDaniels et Jam Master Jay, du groupe de hip hop Run-D.M.C., posent avec des survêtements Adidas à New York (1985).
Joseph Simmons, Darryl McDaniels et Jam Master Jay, du groupe de hip hop Run-D.M.C., posent avec des survêtements Adidas à New York (1985).
© Getty - Michael Ochs Archives/Getty

Mais c’est le groupe de hip hop américain Run-D.M.C. qui le fera accéder au statut convoité d’objet de mode et de style et poussera les plus grands couturiers du monde à créer le leur.