À l'origine du savon, du mouchoir et de la lessive : 3 alliés de l'hygiène

À l'origine du savon, du mouchoir et de la lessive
À l'origine du savon, du mouchoir et de la lessive

À l'origine du savon, du mouchoir et de la lessive : 3 alliés de l'hygiène - #CulturePrime

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À l'origine du savon, du mouchoir et de la lessive : 3 alliés de l'hygiène

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Ces trois alliés pendant l'épidémie qui sévit actuellement, n'ont pas toujours été les objets hygiéniques que l'on connaît aujourd'hui. Voici comment sont nés le mouchoir, le savon et la lessive.

Meilleurs alliés pendant l’épidémie, ces produits d’hygiène du quotidien n’ont pourtant pas toujours existé sous cette forme. Voici comment sont nés le mouchoir, le savon et la lessive.  

Le mouchoir comme accessoire de mode

Utilisé dès la fin du XVe siècle, le mouchoir n’était pas à l’origine un produit hygiénique, bien au contraire. Appelé aussi “esmouchoir”, ce petit bout de tissu servait à chasser les mouches, sécher les larmes et exprimer son plaisir en le remuant dans les airs. C’est aussi un symbole de richesse en fonction des matières utilisées : dentelles, fils en or, soie. 

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À cette époque, on ne le met pas dans sa poche mais on le porte sur soi, on le montre. Et surtout, on ne se mouche pas avec, l’objet est trop luxueux ! On se mouche plutôt dans ses doigts ou dans le tissu de sa manche. 

L’objet “mouchoir” ne sert à se moucher qu’à partir de 1540. La “mode” vient de Venise et arrive dans la cour d’Henri II. Il est alors appelé le “mouchoir à moucher”. Le verbe se moucher venant du latin muccare donnant muccus

Mais au début se moucher dans sa manche reste la norme. Montaigne dira : “Quel privilège a ce sale excrément pour que nous allassions lui apprêtant un beau linge délicat à le recevoir.” 

L’habitude se prend peu à peu grâce à des penseurs de l’époque vantant ses mérites, et à la mode du tabac à priser, inhalé par le nez, nécessitant de se vider les mucus ensuite. 

Tabac à priser.
Tabac à priser.
© Getty

La découverte du savon 

Déjà en 77, Pline l’Ancien parle du “sapo”, terme gaulois pour désigner un liquide lavant. C’est ce mot qui donnera “savon” en français et “soap” en anglais.

Des inscriptions faisant référence à un produit lavant avaient été aperçues dans l’Égypte antique, mais sans précisions. Selon Pline l’Ancien, le “sapo” est composé de : graisse de chèvre, de cendres et de jus d’herbes colorées. 

Avant d’être utilisé comme un savon, les guerriers germains l’utilisent pour… se teindre les cheveux en rouge, selon une coutume de l’époque. 

Guerriers germains.
Guerriers germains.

Mais ce sont les Romains qui l’importent et l’utilisent les premiers comme un nettoyant pour le corps. En 167, un médecin conseille ce savon “qui rend la peau douce et qui débarrasse le corps et les vêtements de la saleté”. 

Mais le savon coûte cher et peu de gens l’utilisent quotidiennement. “Il s’agissait d’un produit de luxe. Et donc l’accès au savon pour nettoyer le corps est vraiment quelque chose d’assez récent, lié à son industrialisation et à la baisse du coût du savon au XIXe siècle ”, développe Patrice Bourdelais, historien et démographe. 

L'apparition de la lessive

La lessive, produit lavant pour le linge, n'apparaît qu’au Moyen Âge, lorsque l'on sort son le linge de maison pour faire ce qu’on appelle une buée. 

Cette buée nécessite une grande rigueur, pliage précis, attente dans le grenier, prélavage au ruisseau puis coulage. Ce moment est celui de l’introduction de ladite lessive faite de cendres. Les sels de potassium contenus dans la cendre sont des détachants naturels. 

Une buée.
Une buée.
© Getty

La cendre est sur les cuves de linge et on verse dessus de l’eau bouillante. Elle fond alors et attaque les taches. Mais pas n’importe quelle cendre, les arbres fruitiers et la fougère étaient les meilleures, grâce à leur forte concentration en sels de potassium. 

Louis XIV en 1644, décide même de créer des offices de commissaires pour contrôler les cendres “à faire la lessive”. Un métier de courte durée, qui a été supprimé en 1674. 

À cette époque, la fréquence des lessives dépend de son échelon social. Les gens se lavent peu et le linge propre détermine leur statut social. Pour les paysans c’est une fois par an, mais les aristocrates le lavent chaque semaine.

Pendant deux ou trois siècles, c’est le vêtement plus que la propreté du corps qui a été l’élément de distinction sociale. Aujourd’hui, si vous croisez quelqu’un dans le métro bien habillé mais qui sent un peu fort, dans votre classement immédiat il n’appartient pas nécessairement aux catégories favorisées de la population”, rajoute Patrice Bourdelais

L’accès à la lessive pour tous ne se fera qu’au XIXe siècle quand l’eau devient courante et que les produits s'industrialisent. 

À lire : Histoire anecdotique de la propreté et des soins corporels, Ned Rival (Jacques Grancher, 1986)