Accueil des migrants en Europe : un bilan bien en deçà des objectifs

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Accueil des migrants en Europe : un bilan bien en deçà des objectifs

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Campement de migrants et de réfugiés dans une rue de Paris fin 2016
Campement de migrants et de réfugiés dans une rue de Paris fin 2016
© AFP - Guillaume Pinon / NurPhoto

En septembre 2015, l'Union européenne décidait d'un mécanisme de quotas pour mieux répartir les migrants entre les Etats membres. L'Italie et la Grèce devaient alors faire face à des arrivées de migrants sans précédent sur leur territoire. Ce programme s'achève par des résultats loin du compte.

En septembre 2015, au plus fort de la crise migratoire, l'Union européenne avait lancé une politique de relocalisation des migrants arrivés en Grèce ou en Italie qui s'achève ce mardi. Les résultats après deux ans de controverses et de tensions sont bien en deçà des objectifs qui avaient été affichés. Et après une mise en oeuvre laborieuse de ces quotas, le clivage est-ouest sur l'accueil de ces demandeurs d'asile s'est accentué.

Le programme prévoyait de relocaliser 160 000 migrants dans toute l'Europe. Et ce nombre avait déjà été ramené à 100 000 après l'accord conclu avec la Turquie en mars 2016. Accord contesté qui prévoyait de renvoyer en Turquie toute personne arrivée irrégulièrement en Grèce et qui n'a pas demandé ou reçu l'asile. Ankara avait obtenu en retour une aide de 6 milliards d'euros et la levée des visas pour les citoyens turcs. Quelques mois plus tard, l'ONU avait dénoncé des "promesses non tenues", avec des souffrances accrues, en particulier pour les enfants.

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D'après Amnesty International, les Etats membres n’ont atteint que 29% de l’objectif initial du programme de relocalisation. Et seules 46 000 personnes ont été relocalisées.

Plusieurs pays avaient en effet voté contre ces quotas obligatoires : la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie. Les pays les plus en infraction sont ceux du groupe de Visegrad, les rebelles de l'UE : la Pologne et la Hongrie ont refusé d’accueillir le moindre demandeur d’asile dans le cadre de ce mécanisme. La Hongrie et la Slovaquie ont même intenté un recours devant la Cour de justice de l'Union pour échapper à cette obligation. Leur demande a été rejetée au début du mois, mais le Premier ministre hongrois Viktor Orban a encore lancé vendredi : "On ne veut pas devenir des pays d'immigration, on ne veut pas avoir de population mixte", où "l'élément chrétien perd son rôle".

Il y a aussi les bons élèves : Malte est le seul pays de l’UE à avoir accueilli toutes les personnes fuyant la misère ou les guerres, qu’il s’était engagé à relocaliser. La Norvège et le Liechtenstein - qui participent volontairement au programme - ont eux aussi atteint l’objectif fixé.

© AFP - Vincent LEFAI, Kun TIAN, Gillian HANDYSIDE
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La France critiquée par la Commission européenne

Pour cette exception au "système Dublin", qui confie au pays d'arrivée dans l'UE la responsabilité de traiter une demande d'asile, la France s’était engagée à accueillir 30 000 migrants. Seuls un peu plus de 4 000 sont déjà arrivés en provenance d'Italie et de Grèce.

Face à ce bilan, la Commission européenne classe la France dans le groupe des pays qui "devraient de toute urgence accélérer les transferts". Alors que quelque 1,5 million de migrants ont gagné les côtes européennes depuis 2015.

L'exécutif européen se refuse pour autant à parler d'échec. "De notre point de vue, le programme de relocalisation a été un succès", a même estimé lundi une porte-parole.

Et de faire valoir que les "relocalisations" ne sont pas tout à fait terminées. Car si les nouveaux arrivants ne seront plus concernés, il reste "environ 10.000 demandeurs d'asile" éligibles en Grèce et en Italie, arrivés avant la date butoir du 26 septembre.

Le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, fait aussi valoir qu'un tiers environ des 160.000 places envisagées après l'accord d'Ankara ont été basculées dans un autre programme, pour l'accueil de Syriens directement depuis la Turquie.

Enfin, la Commission souligne qu'en Italie la majorité des arrivants ne répondaient pas aux critères du plan, réservé aux demandeurs d'asile quasiment assurés d'obtenir une protection, comme les Syriens et les Érythréens.

Dans une série intitulée "L'asile pas à pas", de Marie-Pierre Vérot et Camille Renard, nous avions fait deux fois le point sur ce programme :

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