Alain Badiou : "Nous devons conquérir notre propre lenteur"

Dernier entretien avec Alain Badiou dans la série "A voix nue” diffusée sur France Culture en 2009. En ce début du vingt-et-unième siècle, le philosophe souligne la nécessité d’abandonner le “modèle de la guerre comme enjeu véritable de la politique”. Vis-à-vis vis de l’extermination des Juifs pendant la seconde guerre mondiale, Badiou parle de “_l’indifférence" _des gouvernements et populations alliés , dont l’objectif était avant tout la chute du régime nazi.

Alain Badiou relève les aspects négatifs du souci de productivité du capitalisme : “Il faut se protéger de l’obsession du résultat rapide.”

Nous devons tenter de construire nos actions dans une temporalité distincte de la temporalité dominante, tout simplement parce que cette temporalité dominante est en réalité celle du capital Soyons sur ce point d’un matérialisme s’il le faut vulgaire. Le capital est quand même le régent matériel de nos existences et, comme vous le savez, toute la question du capital est la question de la circulation. Et cette circulation crée une temporalité, comme la productivité crée une temporalité. Dans les 2 cas, les critères de rapidité, de circulation aussi prompte que possible, de communication instantanée, sont absolument dominants[...] Ceci impose une sorte de temporalité agitée, “hystérisée”, soumise à un principe de communication extérieur et abstrait. Et je crois que rien n’est possible si l’on est interne à cette propre temporalité. Au fond nous devons conquérir notre propre lenteur.

• Production : Philippe Petit
• Réalisation Doria Zénine
• 1ère diffusion : 16/01/2009 sur France Culture
• Indexation web : Véronique Vecten, de la Documentation de Radio France

Pour aller plus loin : les séminaires publics d’Alain Badiou.

A découvrir : l'intégralité de la série "A voix nue" avec Alain Badiou en janvier 2009 sur France Culture.