André Brink, les mots contre l'apartheid

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André Brink, les mots contre l'apartheid

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Réécoutez plusieurs entretiens avec l'écrivain sud-africain, auteur d'"Une saison blanche et sèche", et mort dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 79 ans.

L'écrivain sud-africain André Brink en 2006
L'écrivain sud-africain André Brink en 2006
© Maxppp - Jose Mendez

L'écrivain sud-africain André Brink est mort à 79 ans dans la nuit de vendredi à samedi. Cette grande figure de la littérature internationale, très engagée dans la lutte contre l'apartheid, a été pressentie à plusieurs reprises pour le prix Nobel de littérature. Il obtient le Médicis étranger en 1980 pour l'un de ses livres majeurs, Une saison blanche et sèche , inspiré des massacres de Soweto et qui fut interdit par le régime sud-africain.

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André Brink est né en 1935, d’un père magistrat et d’une mère professeur dans un collège anglophone, et il écrivait aussi bien en anglais qu’en afrikaans, la langue dominante de la minorité blanche sud-africaine. Il était aussi très attaché à la France, où il a fait ses études au début des années 60, où il revenait avec régularité, et dont il parlait la langue parfaitement, comme on l'entend dans les entretiens que nous vous proposons de réécouter ci-dessous, à la Grande Table et au micro de Laure Adler en 2013.

> ECOUTEZ André Brink à "La Grande Table" en 2013

André BRINK

34 min

"La France me manque atrocement quand je ne suis pas là" , dit-il, même s'il se montre très inquiet de la montée du Front National, "quelque chose que je n'attends pas de la France" , poursuit-il. "Le racisme est devenu plus fort, sa présence est devenue plus pernicieuse. Je ne sais pas dans quelle direction le pays est en train d'aller" . Il admirait Albert Camus,* "le plus important des phares du XXe siècle"* , le citant comme une référence essentielle de son inspiration.

> ECOUTEZ André Brink avec Laure Adler dans "Hors-Champs" en 2013

André Brink

45 min

Sa vie et ses oeuvres sont marquées par l'apartheid, sa proximité politique avec Nelson Mandela ("malheureusement trahi, même de son vivant" ) et son affrontement intellectuel et littéraire avec un régime qui interdira de publication plusieurs de ses livres. En 1973, il fut le premier écrivain afrikaneer frappé par la censure en Afrique du Sud pour son roman Au plus noir de la nuit , qualifié de roman « pornographique » car il décrivait des relations sexuelles entre blancs et noirs, alors interdites par le régime ségrégationniste.

Plus que tout, c'est la liberté et la justice qui animent l'écrivain jusqu'à la fin de sa vie.* "L'apartheid n'était qu'une expression du mal essentiel, la négation de la liberté* ", affirme-t-il, avant de regretter que l'apartheid perdure dans les esprits dans son pays, où "il y a toujours ceux qui ont tout, et la grande majorité des sud-africains qui n'a rien, surtout des Noirs." Il avait raconté le bilan assez sombre qu'il tirait des 15 années post-apartheid dans une autobiographie publiée en 2009,* Mes bifurcations.*