Avignon 2015: le spectacle avec le meilleur bouche à oreille

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Avignon 2015: le spectacle avec le meilleur bouche à oreille

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Avez-vous déjà vu... un spectacle qui, sans avoir besoin d'orchestrer sa communication, affiche "complet" tous les jours ? Dans la série "Le spectacle le plus...", on vous propose aujourd'hui le spectacle qui a le meilleur bouche à oreille : "Réparer les vivants", d'Emmanuel Noblet, d'après un roman de Maylis de Kerangal.

Réparer les vivants
Réparer les vivants

Théâtre La Condition des soies, Avignon. Une demie heure avant le début du spectacle, le public fait la queue, espérant peut-être, pour ceux qui n'ont pas pu obtenir de place, profiter d'un désistement de dernière minute. La pièce affiche complet jusqu'au 25 juillet, et même les listes d'attente sont saturées. Il est vrai que la salle, toute ronde, en briques, ne peut pas accueillir plus de 70 personnes sur ses bancs de bois.

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Noir. Une voix off nous présente le protagoniste de la pièce, Simon Limbres, et anticipe sur le drame qui va suivre, parlant de son coeur comme "la boîte noire d'un corps de vingt ans ". Dans la pénombre, Emmanuel Noblet entre en scène, à la fois metteur en scène et seul acteur de ce spectacle. Il installe la planche de surf au centre du plateau, et s'allonge dessus à plat ventre. C'est Simon. Le jeune garçon a décidé de "se faire une session ". Le comédien est à la fois personnage et narrateur. Il décrit l'adrénaline, l'exultation du corps lorsque l'énorme vague se dresse à l'horizon : "Devenir déferlement, devenir vague... " Le public un peu averti sait que le jeune garçon vit là, intensément, ses derniers instants. Car c'est bientôt le retour. La camionnette, l'accident, le traumatisme cérébral, la perte de conscience...

Réparer les vivants
Réparer les vivants

Et c'est l'histoire haletante du prélèvement d'un coeur... Comment, en une poignée d'heures, le coeur de Simon Limbres va être prélevé, puis transplanté à la place de l'organe essoufflé de Claire Méjan, la receveuse.

Personnels du corps médical, parents pétrifiés dans la douleur, petite amie de Simon... les personnages surgissent les uns après les autres, tous incarnés avec délicatesse par Emmanuel Noblet. Le décor est extrêmement dépouillé. Une chaise suffit à matérialiser le bureau du docteur. Un drap vert tendu, avec un trou rond en son centre, un bloc opératoire... Sur le mur, quelques vidéos sont projetées : une ligne verte pour l'encéphalogramme, un scanner du cerveau où l'on voit le sang déferler comme la vague initiale, un réseau neuronal...

Matthieu Guettier, le régisseur, témoigne de la sobriété du dispositif de son et lumière.

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Un défi, d'adapter un roman pour les planches ! Dans le public, certains lecteurs de Maylis de Kerangal avouent avoir hésité à venir, de peur de voir leur représentation mentale du récit réduite à néant. Après la pièce, ils disent leur émotion et leur contentement.

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Il faut dire qu'Emmanuel Noblet, en incarnant tous les personnages tout en préservant une distance avec eux grâce à son statut de narrateur, mais aussi en proposant un décor quasi accessoire, a tout fait pour préserver la magie du livre.

Emmanuel Noblet explique avoir voulu conserver la magie du livre de Maylis de Kerangal

1 min

J'ai eu un tel coup de coeur pour ce roman... Pendant le travail, on me disait : " Mais comment tu vas faire ? Comment tu vas faire ?" Pour moi c'était évident que c'était tellement théâtral que dire les choses suffiraient à faire théâtre sur un plateau. Emmanuel Noblet

Et le bouche à oreille se met en place tout seul !

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Pourquoi un tel succès ? Emmanuel Noblet s'en dit le premier surpris. A l'instar de la mise en scène, la communication autour du spectacle a été minimale.

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Soyons réalistes : le titre de Maylis de Kerangal attire sans doute les foules, mais le succès de la pièce doit aussi certainement beaucoup au charisme du comédien : son charme, sa simplicité, la justesse et la pudeur de son jeu.

> Ecoutez la chronique de Joëlle Gayot sur "Réparer les vivants"
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