Avez-vous déjà vu... un spectacle donner vie au Banquet de Platon en intégrant le public dans sa mise en scène, afin que celui-ci ait le sentiment de se trouver dans la Cité, aux côtés des grands philosophes antiques ? Dans la série "Le spectacle le plus...", on vous propose aujourd'hui le spectacle le plus antique : "La République de Platon", repensée par Alain Badiou et mise en lecture par Valérie Dréville, Didier Galas, Grégoire Ingold, avec les comédiens de L'école régionale d'acteurs de Cannes (Erac).
Jardin Ceccano. Les bancs sont disposés en rond. Les sièges à l'ombre s'arrachent... près de quatre cent spectateurs, comme autant de citoyens, sont venus à cette lecture mise en scène et gratuite de La République de Platon , d'Alain Badiou.
Au centre, attablés, six élèves de l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes prêtent leurs traits à Socrate et répondent à des remarques ou questions posées par leurs camarades, disséminés dans le public.
Nina, élève-comédienne, est l'un des sept Socrate attablés :
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Aujourd'hui, il est question de l'importance de l'enseignement, et de la dialectique...
"Comment pousser les jeunes à prendre la mesure de ce dont ils sont réellement capables ? ", interroge un jeune homme barbu.
"Quelle est la chose qui attire l'individu au-delà de l'impermanence de toute chose, vers l'être en soi ? ... Socrate fait durer le suspens, mais la réponse tombe comme une évidence : Le savoir élémentaire, primitif "
Puis l'assemblée de débattre, dans les règles de l'art dialectique, sur l'importance de l'arithmétique ("sans laquelle il n'y aurait ni sciences, ni techniques "), des mathématiques (auxquelles on peut faire confiance, puisqu'elles "ne disparaissent pas dans l'asservissement marchand "), de la géométrie, de l'astronomie...
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Mais si les sciences sont absolument nécessaires au projet politique de Platon ("tout comme les arts et le transfert amoureux" ), elles sont insuffisantes. Tel l'homme du mythe de la caverne, c'est grâce à la pensée pure et à la méthode dialectique qu'on parvient "aux limites du visible ". A la philosophie, qui permet d'"extirper le sujet du bourbier individualiste et barbare où il était enseveli ".
Il faudrait trouver un mot qui propose plus de clarté qu'" opinion*", et plus d'obscurité que "* science*"*
Pourquoi tant de monde dans le jardin Ceccano, pour recevoir une pensée philopolitique vieille de 2500 ans ? Que sont venus glaner les auditeurs ? "Une parole comme celle-là, à la fois politique et philosophique, il n'y en a pas trace dans les médias, dans le vocabulaire des politiques, et nulle part. Je crois que l'extraordinaire affluence qu'il y a tous les jours dans le jardin raconte cela : les gens ont faim et soif d'une vraie parole politique" , estime Valérie Dréville, l'une des metteurs en scène. Pour elle, la pensée de Platon a beau avoir traversé les siècles, elle reste "en culotte courte ", plus que jamais d'actualité.

Le 7 janvier, à 11 heures, on finit une réunion, et par texto on apprend qu'il y a eu un assassinat à Charlie. On s'est dit que c'était quand même incroyable : on venait de de décider d'une opération qui allait parler des valeurs de la République, de l'éducation, de la place de la femme dans la société, de terrorisme... On s'est dit : " On vient de se faire téléscoper par l'actualité*".*
Didier Abadie, directeur de l'ERAC
Le jardin Ceccano n'a pas désempli, depuis le début de cette lecture, proposée "en feuilleton" au festival d'Avignon. Et le public semblait plutôt emballé.
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Un regret cependant revient souvent dans la bouche des spectateurs : celui de n'avoir pas eu voix au chapitre. Même si la mise en scène, nous dit Valérie Dréville, était prévue pour les englober au mieux dans l'"Académie", il aurait été compliqué de leur permettre d'intervenir, étant donné que "La République de Platon" est un texte très écrit.
Elle explique comment elle a pensé cette mise en scène pour tenter de "recréer cette Académie, où des gens viennent ensemble, dans la Cité, pour essayer de penser" :
Valérie Dréville explique comment elle a pensé la mise en scène de "La République de Platon"
1 min
Badiou nous dit que depuis Platon, on ne peut vivre sans idées. On croit dans notre société actuelle que le plus important est de profiter au maximum, d'avoir des privilèges, d'avoir le pouvoir... Mais Platon et Badiou nous rappellent que ce n'est rien de tout ça. Que la " vraie vie*" dont parle Rimbaud, c'est d'avoir une grande idée.*
Valérie Dréville
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