Avez-vous déjà vu... un spectacle de plus de deux heures où le flux de paroles est ininterrompu ? Dans la série "Le spectacle le plus...", commencée avec " Le spectacle le plus à l'étroit", on demande le spectacle le plus bavard : "Le Vivier des noms", de Valère Novarina.

Cloître des Carmes, magnifique lieu d'Avignon. 22 heures. Les gradins sont pleins à craquer et les spectateurs, impatients. Une femme crie "Chut ! " avant de partir d'un grand rire gêné : "Je croyais que ça avait commencé ".
Et puis ça débute réellement. Une jeune femme, frêle, seule sur la grande scène, mais qui de suite, nous inonde d'un flot intarissable de mots. Car si Valère Novarina est dramaturge, c'est pour "redresser le livre ", "rendre les mots à l'espace".
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Le texte est brillant et fou, émaillé de noms propres bien sûr, mais aussi de néologismes, d'absurdités non dénuées de philosophie, de néologismes... Certaines phrases frappent particulièrement l'oreille et l'intellect : "Les chiffres sont l'excrément du temps ", ou encore "Dans chaque personne, il y a en somme un trou affreux ".
Comment Valère Novarina appréhende-t-il son propre texte ? Le signifiant s'affranchit-il du signifié, la narration, de l'action ? Le dramaturge laisse entendre que le texte serait quasiment autotélique, lui échapperait même à lui. Mais alors, comment l'a-t-il écrit ?
Valère Novarina, sur le "Vivier des noms"
4 min
Sur ma table de travail, il y a un dossier où s'accumulent des noms depuis des années. Jusque là, j'ai eu affaire à à peu près cinq mille noms de personnages. Je ne sais pas d'où me vient cette pulsion qui allait jusqu'à l'obsession, même inquiétante : à un certain moment je ne pouvais plus tomber sur une pétition dans un journal, sans la lire intégralement. Valère Novarina
On se fait la réflexion que les comédiens ont dû souffrir, lors de la mémorisation de leur texte. Mais Julie Kpéré, qui incarne l'un des personnages de la pièce, assure que cet apprentissage n'a pas été si terrible.
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L'apprentissage, c'est un exercice bête, c'est un travail solitaire, puis ça devient un travail commun avec les autres comédiens. On apprend bêtement, et on fait confiance, on restitue avec foi. Je ne sais pas si on comprend ce qu'on dit mais en tout cas, on respire ce qu'on dit, on est traversé par ce qu'on dit, et je crois que les choses s'entendent un peu malgré nous.
Julie Kpéré
La tirade qui lui a donné le plus de fil à retordre ?
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Julie Kpéré estime que la pièce n'est sans doute pas entendue par tous de la même manière. Elle-même a l'impression de "traverser une exposition ", et croit comprendre que le texte parle d'amour :
La comédienne Julie Kpéré, sur le texte de Valère Novarina
59 sec
Finalement, seul le régisseur plateau, Richard Pierre, reconnaît que la tâche a été complexe, pour monter ce "Vivier des noms" !
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Et le public ? Durant toute la première partie de la pièce, les rires fusaient très facilement, extraordinairement joyeux, rejoignant les mots de Novarina dans la conquête du vide. Puis, à cause de l'heure tardive (?), ils se sont raréfiés. Oserons-nous cafarder ? Notre voisin de droite excellait même dans l'exercice de la micro sieste.
Finissons donc par la réaction de ce jeune homme, mitigé.
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