Berthe Morisot, "la belle peintre"

1982. Jean-Dominique Rey vient de publier une monographie sur la peintre Berthe Morisot, l'occasion de faire l'éloge de cette femme peintre trop méconnue, estime-t-il, parmi la famille des impressionnistes.
L'historien d'art Jean-Dominique Rey, invité de l'émission "Le Pont des arts", explique l'importance de cette artiste impressionniste qui capte un monde qui va mourir. Il pense qu'il y a une grande modernité dans son travail.
Quand on dit femme peintre, on aboutit presque toujours à une erreur en définitive. [...] On retrouve cette double force, ce double état chez Berthe Morisot : d'un côté une immense sensibilité féminine et en même temps une très grande force dans la peinture, mais une force voilée par la pudeur qu'elle avait.
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"Le pont des arts" (extr.) autour de Berthe Morisot avec Jean-Dominique Rey. Une diffusion du 22/05/1982
8 min
Si l'on regarde les yeux de tous ces personnages qu'elle a peints, on est frappé par cette tristesse, qui en définitive, est sa propre tristesse à elle qu'elle fait passer dans la toile. [...] On sent qu'il y avait chez elle une très grande tristesse qui transparaît dans presque tous ses tableaux. Cette tristesse, c'est aussi celle du siècle où il y a quelque chose qui échappe, qui finit, qui va mourir et qu'elle capte de façon extraordinaire.
Elle est l'une des premières, je crois avant même Cézanne, à donner à la peinture cette fluidité de l'aquarelle. C'est là l'un de ses côtés modernes.
Elle a été un petit peu négligée, malgré tout. A la fois parce qu'elle est née au 19e siècle femme, à la fois parce qu'elle était très modeste et à la fois parce qu'elle a été la première du groupe impressionniste à disparaître.
- "Le Pont des arts"
- Première diffusion le 22/05/1982
- Producteur : Michel Chapuis
- Archive INA - Radio France