Boko Haram : l'histoire d'un mouvement terroriste

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Boko Haram : l'histoire d'un mouvement terroriste

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Manifestation de la communauté nigériane à Miami, en mai 2014, contre l'enlèvement des lycéennes de Chibok le mois précédent. Il a entraîné un mouvement mondial sous le hashtag #BringBackOurGirls
Manifestation de la communauté nigériane à Miami, en mai 2014, contre l'enlèvement des lycéennes de Chibok le mois précédent. Il a entraîné un mouvement mondial sous le hashtag #BringBackOurGirls
© Getty - Joe Raedle

Repères. Le groupe terroriste Boko Haram sévit toujours au Nigeria et dans les pays voisins. Retour sur la création et l'histoire de ce mouvement d'idéologie salafiste djihadiste qui dénonce la corruption, la mauvaise gestion politique, les inégalités, mais aussi la mauvaise application de la charia.

Le président sortant Muhammadu Buhari, 76 ans, a été réélu le 27 février pour un second mandat de quatre ans à la tête du Nigeria, pays particulièrement touché par les frappes du groupe terroriste Boko Haram. A la mi février, en pleine élection présidentielle, le convoi militaire du gouvernement de l'Etat de Borno a été attaqué. 

Cela fait bientôt 10 ans que la secte sévit dans le pays mais aussi aux frontières du Niger, du Tchad et du Cameroun. Pour autant, Boko Haram, qui signifie "l'éducation occidentale est un péché", n'a pas toujours été un groupe terroriste. Au départ, il s'agissait plutôt d'une secte religieuse radicale. "Elle développe une retraite en dehors du monde", explique Corentin Cohen, docteur au Centre de Recherches Internationales de Science Po, spécialiste du Nigeria et de Boko Haram. 

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Mais au fil des années le groupe change de stratégie, prend les armes et fait parler de lui au-delà des frontières du Nigeria en semant la terreur dans sa région mais aussi dans le monde entier. Depuis 2009, l'insurrection a fait au moins 27 000 morts et 1,8 millions de déplacés. Retour sur les origines et l'histoire de ce mouvement terroriste.

Grand reportage
55 min

2002 : Mohammed Yusuf fonde Boko Haram au Nigeria

Boko Haram trouve son origine en 2002 au Nigéria, quand son fondateur, Mohammed Yusuf, commence à faire entendre sa voix auprès des autorités. A ce moment-là, la secte n'est pas encore connue à l'internationale mais Mohammed Yusuf fait partie d'un groupe de religieux dans l'Etat de Borno, situé dans le Nord-Est du Nigeria. 

Le leader Mohammed Yusuf, lors d'un de ces prêches au Nigéria (capture d'écran Youtube)
Le leader Mohammed Yusuf, lors d'un de ces prêches au Nigéria (capture d'écran Youtube)
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Mohammed Yusuf se détache du groupe. C'est un prêcheur qui prône un retour aux pratiques classique du salafisme. Il attire un petit groupe de fidèles qui se cristallise et, à partir de 2005, il touche une audience bien plus large, en prêchant dans les rues de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno où il s'est installé. 

Il va diffuser ses discours avec des cassettes, des CD, des DVD, que l'on peut trouver sur les marchés et qui s’échangent sur les téléphones. Il va participer à des débats religieux également, c’est un excellent orateur. De fait, le nombre de personnes qui se reconnaissent dans ses discours s’élargit progressivement.                
Corentin Cohen, docteur au Centre de Recherches Internationales de Science Po

Pour le leader de la secte, les valeurs occidentales, amenées par les colons britanniques, sont responsables des problèmes du pays. Il dénonce la corruption, critique la mauvaise gestion politique, les inégalités, mais aussi la mauvaise application de la charia dans le Nord du Nigeria :"Ses discours ont une véritable portée sociale et critique, ils font complètement écho à la réalité que perçoivent certaines personnes", ajoute Corentin Cohen.

© Visactu -

A partir de 2005, les relations du groupe avec l'armée et la police sont de plus en plus tendues. Mohammed Yusuf va ainsi être arrêté à plusieurs reprises entre 2006 et 2008. "Il y a eu des discussions entre chercheurs sur la question de savoir si dès le départ l'objectif de Yusuf était de se positionner et de lutter directement contre l'Etat". 

2009 : le leader Mohamed Yusuf est exécuté par l’armée

"Il y a un rejet qui se fait progressivement de l’Etat, peut-être initialement pour mieux pouvoir y avoir accès. C'est un mouvement qui va élargir sa critique et qui, du fait des affrontements entre la police et les membres, va utiliser de plus en plus la violence", commente le chercheur. En 2009, des affrontements éclatent entre Boko Haram et la police de Maiduguri. 

Des membres du groupe sont assassinés par les forces armées nigérianes. Boko Haram pose alors un ultimatum au gouverneur et demande que le tort qui a été fait "aux fidèles" soit réparé. "Un prêche de Yusuf donne 40 jours au gouvernement pour changer son attitude et pour faire justice. A la fin de ces 40 jours, Boko Haram, qui n'a pas obtenu justice, lance une insurrection et entre directement en confrontation avec l'armée et la police"

Quelques jours plus tard, Yusuf est arrêté puis exécuté devant le commissariat central de la ville de Maiduguri, sans être jugé. Le mouvement explose et devient clandestin. Abubakar Shekau, un proche de Yusuf est reconnu comme successeur. "Dans les semaines qui suivent l’assassinat, des affrontements ont lieu dans toute la région mais dans l’ensemble le groupe passe à la clandestinité à partir de ce moment-là", souligne le spécialiste. 

Le groupe revient en juin 2010 avec Abubakar Shekau à sa tête : la secte, qui veut instaurer un État islamique au Nigeria, promet "une guerre sans fin à l'Etat nigérian". 

Les voitures de la secte à Maiduguri ont été détruites par la police au Nigeria après l'exécution du leader Mohammed Yusuf.
Les voitures de la secte à Maiduguri ont été détruites par la police au Nigeria après l'exécution du leader Mohammed Yusuf.
© AFP - UTOMI EKPEI

2010 : Abubakar Shekau prend les commandes, le mouvement se radicalise

A l'été 2010, le groupe sort de la clandestinité. L'arrivée d'Abubaker Shekau à la tête du mouvement entraîne une montée en puissance de la violence. Le nouveau leader veut s'attaquer directement à l'Etat et aux institutions qui le représentent. 

A partir de 2010, le groupe se nourrit de pillages, de vols, qu’il mène contre des institutions publiques nigérianes. C’est ça qui va lui permettre de se développer.                  
Corentin Cohen

Boko Haram va ainsi évoluer et changer de stratégie entre 2010 et 2014. Le groupe se lance également dans la prise d'otages, mène des assassinats ciblés, commet des attentats, en particulier "contre des leaders religieux musulmans, souvent même des anciens proches de Yussuf qui l’avaient inspiré", ajoute le docteur au Centre de Recherches Internationales de Science Po. 

Les prisons sont attaquées pour libérer des prisonniers, mais aussi des commissariats afin de récupérer des armes. Les écoles, les églises, les mosquées sont elles aussi prises pour cibles, principalement dans le Nord et le Nord-Est du pays. 

Une école à Maiduguri prise pour cible par Boko Haram pour éloigner les enfants de l'école.
Une école à Maiduguri prise pour cible par Boko Haram pour éloigner les enfants de l'école.
© AFP - UTOMI EKPEI

2011 : Attentat suicide contre le siège de l'ONU dans la capitale du Nigeria

Un an après l'arrivée d'Abubakar Shekau, le groupe mène sa première attaque suicide contre le siège des Nations unies, à Abuja. Un kamikaze force l'entrée du bâtiment avec sa voiture. Plus de vingt personnes ne survivent pas, près de 80 sont blessées. Pour Corentin Cohen, c'est une manière pour le groupe de se positionner sur la carte du djihadisme internationale. 

Ce qui intéressant c’est que des membres qui se sont dispersés après 2003, notamment en Algérie ou au Nord du Mali, reviennent avec des compétences après s’être entraînés avec Al Qaïda. Cela va faire changer les modes opératoires du groupe comme le prouve cet attentat suicide. C’est un des indices que nous avons sur la manière dont cette expertise va irriguer le groupe.

Boko Haram va ensuite mener beaucoup de prises d’otages sur des personnalités locales notamment : "C’est un moyen pour récupérer de l’argent", explique Corentin Cohen.

2013 : l'enlèvement de la famille Moulin-Fournier

Tanguy Moulin-Fournier, sa femme Albane et son frère Cyril à l'ambassade française à Yaoundé après avoir été libérés.
Tanguy Moulin-Fournier, sa femme Albane et son frère Cyril à l'ambassade française à Yaoundé après avoir été libérés.
© AFP - REINNIER KAZE

En février 2013, l'enlèvement de la famille Moulin-Fournier au nord du Cameroun fait le tour des médias en France. La secte Boko Haram revendique l'enlèvement de sept otages : un couple et leurs quatre enfants (âgés de 5 à 12 ans) ainsi que le frère du père de famille, venu leur rendre visite pour les vacances. Le mouvement islamiste exige la libération de certains membres, prisonniers au Nigeria et au Cameroun. Après deux mois de détention, la famille française est finalement libérée. Corentin Cohen développe : 

Au départ, le Cameroun servait de base de repli alors que Nord du Nigeria était une zone d’opération. L’enlèvement de la famille Moulin-Fournier va permettre provoquer une prise de conscience de la part des autorités camerounaises.

Le spécialiste rappelle également qu'à partir de 2012, plusieurs états d’urgence sont décrétés par le gouvernement nigérian : "L’armée met en place une stratégie qui va consister à faire des arrestations massives de villages, de familles, de gens suspectés d'être des membres ou proches de membres de Boko Haram". 

L’armée va arrêter des milliers de personnes qui vont passer des années dans des prisons nigérianes sans être jugés et Boko Haram, de manière assez symétrique, va aussi commencer à faire ses enlèvements et demander des rançons. 

Avril 2014 : les lycéennes de Chibok, premier kidnapping en masse

Manifestation à Londres après l'enlèvement des lycéennes de Chibok.
Manifestation à Londres après l'enlèvement des lycéennes de Chibok.
© Getty - Peter Macdiarmid

Le kidnapping des lycéennes de Chibok est donc loin d'être le premier enlèvement perpétré par le groupe. Il est, en revanche, le plus médiatique. Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, 276 adolescentes du lycée de Chibok, situé dans l'Etat de Borno, sont enlevées. Seulement une soixantaine parvient à s'échapper juste après le kidnapping : "Certaines d’entre-elles vont devenir des femmes de combattants et être mariées de force. D'autres peuvent devenir des kamikazes. Il faut aussi savoir qu'elles sont en partie chrétiennes, il s’agit donc de les convertir".

Cet enlèvement de masse permet à Boko Haram de bénéficier d'un coup de projecteur dans le monde entier. L'indignation de nombreuses personnalités, comme Michelle Obama, prend forme sur les réseaux sociaux sous le hashtag "Bring back our girls". 

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Durant près de deux ans, le groupe terroriste ne montre aucun signe de vie des lycéennes. Mais en avril 2016, une vidéo est envoyée à la chaîne américains CNN, montrant les visages d'une quinzaine de jeunes femmes. Cette même année, une vingtaine d'entre-elles est libérée. Au total, elles seraient plus d'une centaine toujours prisonnières de Boko Haram. 

Selon l'Unicef, deux ans après cet enlèvement, les enfants sont devenus la cible du groupe qui se sert de ces enlèvements massif pour recruter. Ainsi, en 2014, l'organisme comptait quatre enfants kamikazes au nom de Boko Haram. En 2015, ils étaient 44 dont une grande majorité de filles. Cette année-là, précise l'Unicef, "les enfants ont été utilisés dans une attaque sur deux au Cameroun, une sur huit au Tchad et une sur sept au Nigeria".

© Visactu -

Janvier 2015 : massacres autour du lac Tchad   

Dès l'été 2014, Boko Haram s'inspire de plus en plus du groupe Etat islamique en proclamant un "califat" sur les territoires qu'il contrôle. "Il s’agit de territoires très vastes, avec peu de population, analyse Corentin Cohen. Au lieu de simplement circuler, ils disent s’emparer de ces territoires, ils vont récupérer de plus en plus de routes, de villes et ils vont se territorialiser".

Avec la territorialisation du groupe, Boko Haram va recruter de manière plus large. Les populations des villages doivent prendre partie. Boko Haram demande à ce que les villages fassent allégeance et donnent des combattants. Il faut prendre en compte qu'il s'agit d'une économie de guerre. Rejoindre le mouvement signifie avoir accès aux richesses de son voisin, sortir du village et recevoir une protection... Les motivations pour rejoindre le groupe varient énormément. C’est le moment où il recrute le plus largement.

En janvier 2015, les membres du groupes attaquent par ailleurs des villes et des villages autour du Lac Tchad notamment la ville martyre de Baga. Près de 2 000 habitants sont massacrés. "Baga une ville martyre qui a été prise par Boko Haram puis reprise par l’armée et ainsi de suite. L’attaque de Baga rend visible l’implantation autour du lac Tchad sur lequel l’Etat est moins présent et parfois prédateur". 

A partir de 2015, les armées de la région touchée par les attaques du groupe terroriste (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) se rassemblent pour faire reculer les djihadistes. Si elles parviennent à les chasser de la plupart des localités, les attaques, les pillages et les prises d'otages ne cessent pas pour autant. 

7 mars 2015 : Le groupe prête allégeance à Daech

Le 7 mars 2015, Boko Haram proclame son allégeance à Daech et se présente comme le califat de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). "Fin 2014, Shekau fait une vidéo qui est complètement inspirée de la proclamation du califat par l’Etat Islamique. Il se met en scène dans une mosquée, avec le même cadrage, et parle de l’arrivée de Etat islamique. C’est un processus qui se fait progressivement et se traduira par des vidéos pour se présenter à l’EI début 2015". 

© Visactu -

Cette reconnaissance signifie-t-elle pour autant qu'il existe des liens opérationnels ? Corentin Cohen pose la question. "Il y a pu y avoir des tentatives pour faire approvisionner l’EI en Afrique de l’ouest (Boko Haram) en armes venues de Libye notamment, des recrutements ponctuels, mais cela ne veut pas dire qu’il y ait des combattants qui viennent directement de Syrie au Nord du Nigeria"

Il y a toujours eu dans les discours de Yusuf des références au contexte international, sur les Etats-Unis qui envahissent l’Irak où le pouvoir occidental s’impose sur les croyances de la population. Ce n’est pas nouveau. Ce qui est différent, c’est la manière dont le groupe va se revendiquer d’un djihad global. 

"L’affiliation à l’Etat islamique donne également un certain statut", poursuit le chercheur. "Elle permet l'accès à des ressources et va se traduire par une communication similaire avec des vidéos et des stratégies qui vont se mettre en place sur Twitter, sur Télégram mais cela ne veut pas dire qu’ils adoptent les mêmes moyens et les mêmes modes de combat non plus, ça va se faire plus tard". Par la suite, Boko Haram filmera également ses décapitations.

On voit qu’il y a un grand nombre de combattants qui ne sont pas toujours bien formés en 2015 et petit à petit on voit apparaître des engins explosifs improvisés et des véhicules 'customisés' pour faire des attentats suicides.

2016 : des dissidences au sein du groupe

Depuis 2016, Boko Haram connaît des divisions internes. Des combattants ont commencé à se distancier d'Abubakar Shekau et Daech a désigné un nouveau chef : Abou Musab Al Barnaoui. L'un des fils du fondateur de Boko Haram devient donc le wali du groupe. 

Abubakar Shekau apparaissant dans une vidéo en 2016.
Abubakar Shekau apparaissant dans une vidéo en 2016.
© AFP -

Des affrontements vont avoir lieu entre les deux factions. "Shekau avait déjà assassiné les commandants qu’il suspecte de ne pas être fidèles". "Dans une vidéo, Barnaoui affirme lui que Shekau n’est pas légitime et qu'il ne respecte pas les positions religieuses et les instructions de Daech.

Shekau s'en prend aux civils, aux musulmans, alors que l'ISWAP cherche, au contraire, à s'attirer le soutien des populations locales et vise, dans ses attaques, principalement l'armée. "Il y a une divergence sur la question des statuts des personnes qui vivent sous le régime de l’Etat et qui sont musulmans : quel comportement adopter ? Shekau va multiplier les violences, les massacres. Il ne reconnaît pas de droits aux musulmans qui ne se seraient pas ralliés à lui".

Barnaoui s’attache à convaincre une partie des populations de son entreprise. Il ne va plus du tout attaquer les populations civiles et les piller mais il peut leur demander de payer un impôt. Il rend une une justice religieuse impartiale et met en place une police religieuse qui va administrer une partie des territoires qu’il contrôle pendant que Shekau massacre, pille, et perd un peu le contrôle de ses combattants.

La faction du groupe Etat Islamique se positionne sur le bassin autour du lac Tchad, Shekau recule plus au Sud, au niveau de Sambisa et de la frontière avec le Cameroun. De son côté, l’armée nigériane, avec l’appui des armées de Niger du Tchad et du Cameroun, tente de reprendre le contrôle d'une partie du territoire mais les deux groupes restent tout de même encore présents notamment autour du lac Tchad. 

© Visactu -

Depuis juillet 2018 : l'armée prise pour cible

Malgré la coalition régionale mise en place par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun, et le Niger depuis 2015, l'armée est de plus en plus prise pour cible. L'ISWAP a particulièrement intensifié ses attaques contre les bases militaires situées dans le Nord-Est du Nigeria, ce qui lui a permis de renforcer son arsenal. 

En septembre 2018, une attaque tue 48 soldats. Tous les mois, Boko Haram fait des dizaines de victimes. Récemment, sept soldats nigériens ont été tués par des combattants du groupe djihadiste à Chétima Wangou, dans le Sud-Est du Niger. 

Muhammadu Buhari aux côtés du chef de l'armée au Nigéria Tukur Yusuf Buratai durant une cérémonie fin novembre 2018.
Muhammadu Buhari aux côtés du chef de l'armée au Nigéria Tukur Yusuf Buratai durant une cérémonie fin novembre 2018.
© AFP - Audu Ali MARTE

De plus, Boko Haram (ISWAP), qui s'était engagé à ne frapper que des cibles "militaires et gouvernementales", s'en est également pris à des civils. Une employée du comité international de la Croix Rouge a été exécutée en septembre 2018 après plus de six mois de captivité. Des sources proches de l'ISWAP auraient indiqué une recrudescence des violences contre les civils suite à l'assassinat de Mamman Nur, le numéro 2 du groupe "qui revendiquait une approche plus modérée du conflit depuis plusieurs années", précise l'AFP.

Pour lutter contre Boko Haram, en pleine campagne présidentielle au Nigeria, plus de 500 soldats tchadiens sont venus "prêter main forte" à l'armée nigériane contre le groupe djihadiste à partir du 22 février. Cette campagne sera particulièrement tendue. A la mi février, le convoi militaire du gouvernement de l'Etat du Borno est attaqué. Le président sortant, Muhammadu Buhari, est finalement réélu pour un second mandat de quatre ans. Lors de sa première élection en 2015, il avait fait de la lutte contre le mouvement terroriste, son premier combat.

Muhammadu Buhari, qui avait notamment affirmé fin 2015 que le groupe était sur le point d'être vaincu, a reconnu au début de l'année 2019 que l'armée essuyait "des revers dans sa lutte contre Boko Haram"