
Ce lundi, les dirigeants du groupe présentaient les grandes orientations pour les chaînes du groupe Canal + à la rentrée. Une page se tourne définitivement.
"Pour la première fois, Canal reçoit chez Vivendi. Pour montrer que c'est un groupe avec un cadre clair et une équipe qui s'entend bien".
C'est ainsi que Vincent Bolloré a ouvert la conférence de presse de présentation du "Nouveau CANAL", dernier épisode d'une longue série de remaniements en profondeur opérés depuis un an. Pour le nouvel actionnaire Vivendi, et son patron Vincent Bolloré, le groupe Canal + doit s'inscrire dans une logique de groupe et se mettre en ordre pour renouer avec les abonnés.

Les principales annonces concernent la chaîne phare Canal +, qui, a la rentrée, ne proposera plus que deux heures de programmes en clair par jour. C'est bien moins que les cinq heures quotidiennes accessibles à tous en semaine. Six heures le samedi.
Les deux heures de programmes gratuits seront réparties entre le matin, le midi et le soir. Il ne devrait pas y a voir d'émission ou de programmes entièrement en clair, mais plutôt un système "d'échantillonnage", un système qui joue sur la frustration du téléspectateur : "quelques minutes d'un match de foot de premier niveau ou quelques minutes d'un film ou quelques minutes d'émission, ou d'événement de divertissement exceptionnel, ça nous semble intéressant de continuer de tester ce modèle", explique Maxime Saada, le directeur général du groupe Canal +.
Nouveau Canal - Maxime Saada Directeur général du groupe Canal +
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Plusieurs émissions "en clair" sont transférées vers les chaînes gratuites du groupe. "Salut les terriens" et "La nouvelle édition" seront diffusées sur "D8", renommée "C8". Changements de nom également pour "i-Télé" et "D17" qui deviennent "C-News" et "C-Star". Alors que Yann Barthès est parti pour TF1 et que Michel Denisot, qui a lancé à l'antenne la chaîne, a été écarté. Écoutez :
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Par ailleurs, les émissions d'informations, dont les journaux, n'auront plus leur place sur Canal +.
Ensuite, dans la refonte des chaînes, plusieurs émissions emblématiques vont disparaître tels "le Zapping" et "Spécial Investigation". Le directeur général des contenus de Canal +, Gérald Brice-Viret, a expliqué :
"Le Zapping c'est trois minutes par jour, et des zappings il y en a aujourd'hui partout, sur toutes les chaînes. Et pour moi le zapping c'est la promotion des chaînes gratuites, et ça n'a plus de sens aujourd'hui dans le nouveau Canal".

Nouveau CANAL - Brice Viret, directeur général des contenus du groupe Canal +
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L'émission était surtout dans le viseur de la direction suite à la diffusion d'extraits d'émissions critiquant les changements au sein du groupe. Quid du fait que la suppression du Zapping signe la fin d'une liberté totale dans le ton ? "Vous l'avez (la liberté) dans toutes nos émissions, et il n'y a jamais eu aucune intervention de la direction dans nos émissions", répond Gérald Brice-Viret.
Ce qui n'est pas tout à fait vrai puisqu'un fort soupçon de censure plane autour de la déprogrammation d'une enquête de l'émission Spécial Investigation sur les étranges pratiques fiscales du Crédit Mutuel, banque partenaire de Vivendi, et dont le PDG est ami avec Vincent Bolloré.
Censure chez Canal + ?
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La suppression de l'émission d'investigation à la rentrée prochaine passe pour un règlement de comptes de la part de l'actionnaire majoritaire. Le directeur général Maxime Saada reconnait d'ailleurs des problèmes :
"Sur l'investigation, il est vrai qu'aujourd'hui, il est compliqué de fonctionner avec une équipe et en particulier une personne de l'équipe qui révèle toutes les décisions qui sont prises et sans que ce soit taxé de censure. C'est très compliqué d'avancer sur l'investigation"
Est-ce finalement la fin de l'esprit Canal ? "L'esprit Canal est là. On revient même aux fondamentaux" rétorque Gérald Brice-Viret.
Une expression reprise par Maxime Saada : "on a envie de revenir aux fondamentaux. La chaîne s'est définie sur un positionnement pop-culturel et l'idée c'est de revenir à ça. C'est ce qui intéresse davantage nos abonnés, plutôt que leur proposer un énième JT qu'ils voient sur toutes les chaînes ou une énième émission politique qu'ils voient sur un certain nombre de chaînes gratuites".
Ces changements doivent permettre à Canal + de "retrouver une croissance de son parc d'abonnés, espère Maxime Saada. C'est ce qui fait l'essentiel de l'économie du groupe en France et à l'international".
Le groupe compte aujourd'hui cinq millions et demi d'abonnés en France sur un total de 28 millions de foyers. "Il y a beaucoup de gens à aller chercher", ambitionne Maxime Saada. Ou à faire revenir, car le groupe a perdu 500.000 abonnés depuis 2012.
Le 22 juin dernier, Vincent Bolloré et différents hauts cadres de Vivendi et Canal Plus avaient été auditionnés par la commission de la Culture au Sénat. Compte-rendu de Catherine Petillon :
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