Charlotte Perriand : "On ne peut pas créer si on ne connaît pas l'usage"

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Charlotte Perriand : "On ne peut pas créer si on ne connaît pas l'usage"

Charlotte Perriand, l'aventure japonaise
Charlotte Perriand, l'aventure japonaise
- éditeur Silvana

1999. Troisième entretien de la série "A voix nue" avec Charlotte Perriand, diffusée en 1999 et qui reprend en partie une série d'émissions enregistrées en 1984, entretien dans lequel la designer évoque sa démission de l'atelier du Corbusier, suivie de son départ en 1940 pour le Japon.

Dans ce troisième volet d' "A voix nue" diffusé en 1999 mais enregistré en 1984, Charlotte Perriand s’explique sur ce qui pourrait sembler être une contradiction dans son processus de création, elle la prêtresse des matériaux modernes, lorsqu'elle se tourne vers des matériaux traditionnels comme la paille et le bois pour fabriquer un fauteuil. Ce qu'elle vise, en fait, c'est l'authenticité dans l'usage des matériaux.

Je pense que chaque matériau est utilisable dans la véracité de ce matériau et par conséquent, ils ne s'excluent pas, ils se complètent, c'est pourquoi j'ai fait ce siège en bois. J'ai admis que le faisant, je n'avais pas du tout déroger ni à l'usage, ni à la technique puisque j'avais utilisé la technique sans machine !

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"A voix nue" avec Charlotte Perriand 3/5. Une diffusion du 03/02/1999

24 min

Après dix années passées dans l'atelier de Le Corbusier entre 1927 et 1937, "à un moment donné, il faut se détacher", confie Charlotte Perriand qui a "éprouvé le besoin de reprendre [sa] liberté totale de l'atelier de Le Corbusier, mais pas de Le Corbusier", précise-t-elle. Elle avait comme l'idée inconsciente de ne pas vouloir "altérer ce moment" qui avait été si beau et si intense. On ressent alors peut-être une pointe de regret chez cette pionnière du modernisme.

Quand on est jeune, on est virulent, on est sans pitié. On détruit et puis on se détruit aussi...

La montagne a eu une grande importance dans sa vie, y compris dans son comportement professionnel qui la pousse à aller jusqu'au bout, "comme discipline de vie, comme éthique".

Je ne retourne jamais en arrière. Les lieux que j'ai aimés, des lieux bénis, j'aime mieux les garder dans un coin de ma tête avec toute leur saveur que de risquer des déconvenues ou des regrets.

Charlotte Perriand évoque ensuite le Japon où elle s'est rendue en 1940 comme conseillère artistique auprès du ministère du commerce : "Le Japon, ça a été une aventure et ça a été une découverte."

Je me suis sentie tout à fait bien en Asie parce qu'en effet, c'est un peuple très intuitif. Je n'ai pas eu de difficultés du tout. Là-bas, on emploie une expression : "Je me suis tatamisée, en quelque sorte ! " Je me suis faite autant que possible japonaise, tout en sachant fort bien que je ne l'étais pas.

  • "A voix nue"
  • Première diffusion le 03/02/1999
  • Producteur : Paule Chavasse
  • Réalisation : Christine Berlamont
  • Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France