
Entretien. La plupart des étoiles de notre galaxie sont entourées de planètes de type rocheux, comme la Terre, Mars ou Vénus. Donc la vie y est possible. Le travail de François Forget et Sylvain Chaty contribue à chercher ces traces.
François Forget est directeur de recherches au CNRS. Il travaille à l’institut Pierre Simon Laplace. Ses recherches portent sur le climat des planètes du système solaire, et des exoplanètes, des planètes situées en dehors du système solaire. Celles détectées à ce jour se situent le plus souvent à moins de 400 années-lumière de notre système solaire.
Selon François Forget, la plupart des milliers d’étoiles autour de nous sont entourées de planètes pour la plupart rocheuses, et certaines du format de la Terre. Ce qu’on ne sait pas du tout, c’est si elles sont propices à la formation d’océans, et de rivières d’eau liquide, l’ingrédient nécessaire à la vie telle qu’on peut l’imaginer.

Quand on se met en quête d'eau H2O, il y en beaucoup, mais généralement sous forme de glace ou de vapeur. Pour avoir de l’eau liquide, on le voit bien sur Terre, il faut entre zéro et 100 degrés et une certaine pression. Ce qu’on essaie de faire c’est de modéliser avec des simulateurs numériques le climat : on l’a fait pour la Terre, et ça sert notamment pour la météo et les études sur le changement climatique. On l’a fait aussi pour les autres planètes du système solaire qui ont des atmosphères, comme Mars, Vénus, Titan, un satellite de Saturne. Et du coup avec d’autres planètes similaires ont essaie d’imaginer avec nos simulations leur climat : est-ce qu’il peut y avoir des océans ? Mais ça ne marche pas toujours, l’océan devient complètement glacé ou il bout, se vaporise et on ne peut pas avoir d’eau liquide. Et puis dans une certaine gamme d’orbites, pas trop près, pas trop loin de son étoile, on peut avoir de l’eau liquide. Par contre est-ce qu’il y en a vraiment, on n’en sait sait rien.
« Ce qu’il faudrait trouver c’est d’autres planètes propices à l’eau liquide… Une vie à base de carbone dans l’eau liquide c’est quelque chose que l’on sait reconnaître »
François Forget, la vie ailleurs que sur terre n'est pas facile à déterminer
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Chercher la vie dans l’univers c’est un peu la quête du Graal. Mais avant de trouver la vie ailleurs il faut comprendre comment elle est apparue sur terre. Ensuite avec les télescopes, sondes, ou des satellites, il est possible d’obtenir des informations précises sur les conditions d’apparition de vie sur les exoplanètes, ces planètes en orbite autour d’autres étoiles que le soleil.

Sylvain Chaty est professeur à l’Université Paris-Diderot. Il est spécialiste de la formation et de l’évolution des astres compacts, comme les étoiles à neutrons et les trous noirs.
Attention, quand on parle de recherche de vie dans l’univers, les environnements propices aux conditions de la vie ça peut être quelque chose de très différent de ce qu’on connaît : des dorsales au fond des océans avec du magma qui sort, donc il peut faire jusqu’à 300 degrés, on a jusqu’à deux cents fois la pression atmosphérique, un environnement de méthane où nous on ne pourrait pas survivre un seconde. Et là on voit des bactéries qui apparaissent. Donc des environnements propices à la vie, ça peut être très différent de ce que l’on connaît, mais où de la vie spéciale peut apparaître.
Ce serait de la vie très différente de la vie humaine ou de la biodiversité que nous connaissons sur Terre.
« La vie qui est au fond des océans, sur Titan, sur Encelade, etc., est très difficile à détecter, car pour l’instant on ne peut pas aller sur place »
Sylvain Chaty, de la vie sur Encelade où Europe c'est une possibilité pas plus.
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Donc, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’est pas sûr mais pas impossible non plus que la vie existe ailleurs que sur Terre. Les chercheurs comme François Forget ou Sylvain Chaty continuent à faire tourner leurs modèles numériques. Et ces modèles ont d’ailleurs servi à la Nasa et à l’ESA, l’Agence spatiale européenne, pour l’atterrissage de Curiosity en août 2012, sur la planète Mars, ce que François Forget appelle, sourire en coin, la "météo martienne".