Chez Berthe Morisot, "la constante de l'œuvre c'est la lumière"

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Chez Berthe Morisot, "la constante de l'œuvre c'est la lumière"

"Jour d'été" de Berthe Morisot (1879)
"Jour d'été" de Berthe Morisot (1879)
© Getty - Picturenow/UIG

1994. "Une vie, une œuvre" consacrée à Berthe Morisot qui retrace quelques épisodes de la vie de cette femme peintre et permet de rendre un hommage à travers quelques toiles, à cette oeuvre tout en lumière où se fait jour une quête de l'essentiel.

Cette dame à l'écart, qui expose parfois avec les impressionnistes, à partir de 1874, demeure presque toute sa vie assez réservée. Son oeuvre, très goûtée d'un petit nombre, se trouve comme offusquée par la gloire de plus en plus proclamée des autres peintres de son groupe. Mais le temps, qui affaiblit nécessairement les effets de surprise et de nouveauté, profite à cette oeuvre d'une exceptionnelle et discrète harmonie, dont la valeur se fait de plus en plus sensible à un nombre de plus en plus grand d'amateurs. On perçoit à présent des qualités qu'elle fut seule à posséder parmi les impressionnistes, et qui sont du reste, des plus rares en peinture. Depuis 1941, date à laquelle Paul Valéry écrivait ces lignes, on n'a cessé de redécouvrir l'oeuvre du peintre Morisot. Même si son nom est moins connu que celui de Manet dont elle fut l'amie avant de devenir la belle-sœur, il suffit de se penche pencher sur cette période pour voir que le nom de Morisot est associé, dès le début, à la formation du groupe impressionniste en compagnie de ceux de Degas, Monet, Pissaro, Renoir, Sisley. 

Son rôle dans l'histoire de la peinture est désormais incontesté. Des monographies en plusieurs langues, de nombreuses études, ont été écrites à son sujet, et sa production achetée par les plus grands musées du monde. Et quand on s'intéresse d'un peu plus près à la vie de "cette dame à l'écart", on s'aperçoit rapidement que loin d'être effacée, elle fut au contraire une femme passionnée. Car, si en plein XIXe siècle, choisir d'être peintre, compte tenu de ses origines bourgeoises et son sexe, tenait de la gageure, son alliance avec le groupe le plus révolutionnaire de la scène artistique de son temps, note un engagement complet et profond envers son art et une détermination peu commune. La volonté nouvelle d'immerger la peinture dans un rapport direct avec la vie quotidienne qui animera les impressionnistes, Berthe Morisot en ressentit le besoin dès sa jeunesse, au moment où, fuyant les cours académiques, elle peint en plein air, en compagnie de sa sœur Edma, à Auvers-sur-Oise ou à Ville d'Avray.

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"Une vie, une oeuvre" sur Berthe Morisot (1/2). Une diffusion du 24/02/1994

42 min

Il y a une espèce de perception de la lumière éminemment féminine. La peinture n'a pas de sexe... quand on parle de peinture féminine c'est toujours un petit peu réducteur et dangereux, très dangereux mais on ne peut pas s'empêcher quand même de dire qu'aucun homme n'aurait pu peindre justement la lumière comme elle la peignait, je le crois. Elle avait une perception tout à fait intimiste et je dirais liée à la quiétude de l'enfance, à ce besoin de protection qu'une mère porte à son enfant. Ce n’est pas une lumière mystique mais c'est une lumière d'intimité, c'est une lumière qui est une caresse, sur les objets, sur les visages, sur les paysages. Jean-Jacques Levêque

"Une vie, une oeuvre" sur Berthe Morisot (2/2). Une diffusion du 24/02/1994

37 min

Arriver à l'essentiel, c'est dépouiller à l'extrême, c'est ne retenir que l'essentiel mais cet essentiel le traiter de façon qui donnera l'apparence très spontanée. Il y a peu d'œuvre qui ait aussi bien effacer le chemin. On voit le résultat mais on ne voit pas du tout le parcours, et ça je crois que c'est le signe d'une grande oeuvre. Jean-Dominique Rey

  • "Une vie, une oeuvre"
  • Première diffusion : 24/02/1994
  • Producteur : Christine Rey
  • Réalisation : Christine Berlamont
  • Archive Ina -Radio France