
Chaque vendredi, Arnaud Laporte et les critiques de La Dispute vous proposent une sélection de rendez-vous culturels pour votre week-end.
Toute cette semaine, les critiques de La Dispute ont une fois encore débattu pour vous du meilleur de l'actualité culturelle. Résultat de ces échanges en 5 récréations, un spectacle, un album, une exposition, un livre, un film. Bonnes découvertes !
Un spectacle : "La lesbienne invisible", un spectacle militant
Cas d’école : un one-woman-show autobiographique d’une femme devenue homme, qui met en scène une autre femme pour raconter la première partie de sa vie ! Océan, anciennement Océanerosemarie a passé le relais à Marine Baousson, très à l’aise dans la peau d’une autre, et qui a actualisé le spectacle afin de faire le point sur PMA, GPA et autres questions de notre époque, toujours abordées ici avec un humour sans tabou. Passant en revue tous les types de lesbiennes, la jeune femme rêve d’être enfin reconnue comme telle, et rencontre l’amour au passage. C’est une belle occasion de découvrir sur scène une interprète avec qui il va falloir compter, qui joue ici dans le nouveau temple des découvertes humoristiques : La Nouvelle Seine.
- "La lesbienne invisible", d’Océan en collaboration avec Murielle Magellan, interprétée par Marine Baousson, tous les jeudis jusqu’au 27 décembre à La nouvelle Seine
L'avis des critiques :
C’est un spectacle extrêmement militant au départ. Il prend une expérience propre en exemple, tout en fonctionnant beaucoup par la caricature de personnages. Marine Baousson bouge énormément, ce qui est assez époustouflant c’est le rythme. Elle a un débit extrêmement rapide avec des ruptures de tons, elle danse, elle fait du karaoké. C’est très réussi et j’ai beaucoup ri. Pour le côté militant j’ai un peu plus de doutes. Lucile Commeaux
C’est vrai que d’un point de vue militant, c’est assez inoffensif. On a une jeune fille qui regarde des séries de jeunes filles et qui fait face à des problématiques paraissant un peu légères. On a une dédramatisation du rapport à l’homosexualité. C’est aussi un texte qui a dix ans et qui m’intéresse par sa transmission. Est-ce que l’on peut devenir un personnage, qu’est-ce que ça laisse de l’époque ? J’ai eu l’impression qu’elle avait complètement investi le personnage. Lily Bloom
C’est un spectacle bienveillant avec une dimension un peu classique. Le texte a dix ans, mais passe bien aujourd’hui. Il y a une sorte de pédagogie, de manuel assez drôle. Je trouve assez fort ce que cela raconte. Elle passe à peu près tout en revue. C’est de la caricature, mais la caricature est le principe même de l’humour et de l’autodérision. Océan a trouvé la personne adéquate qui épouse le texte, lui donne une nouvelle fraîcheur. Philippe Chevilley
La Nouvelle Seine est devenu un lieu important du défrichage vers de nouveaux et nouvelles humoristes. J’ai trouvé Marine Baousson très à l’aise dans la peau d’une autre. J’ai été impressionné par son énergie et sa vitalité. Le stand-up fonctionne aussi par les retours entre acteur et salle. J’ai trouvé une douceur, tout en abordant des thématiques importantes. Arnaud Laporte
Un album : "Aviary" de Julia Holter, un voyage déroutant
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C’est un album fou que livre Julia Holter. Démesurément long, empli de sonorités venues d’ailleurs, il offre un voyage déroutant à son auditeur. Chaque morceau ou presque semble avoir été mâché et remâché avant d’être recraché, totalement déconstruit. Les rares plages à la douceur envoûtante, comme I Shall Love 2, en semblent d’autant plus miraculeuses.
- "Aviary" de Julia Holter, distribué chez Domino
L'avis des critiques :
Elle s’octroie la liberté d’aller où elle veut. On retrouve ses obsessions, notamment pour la musique baroque, sérielle. Elle a pris ses tropismes pour les démembrer complètement. C’est beau d’avoir cette liberté-là. Il y a un côté monstrueux au sens de fascinant dans ce disque. On a un flux et reflux permanent. Je trouve cette liberté et cette audace très belles. Pascaline Potdevin
J’adore Julia Holter depuis le premier jour et je suis depuis toujours impressionné notamment par sa rapidité de production. Le premier morceau est assez chaotique et on ressent quelque chose qui est de l’ordre de l’organique. Il y a plusieurs passages dans le disque qui dérangent. C’est un disque qui reste un disque pop malgré tout, dans ses mélodies et arrangements. C’est l’une des créatures les plus folles de la musique populaire. Christophe Conte
Chaque morceau ou presque semble avoir été mâché et remâché avant d’être recraché, et plutôt déconstruit. On reconnait chaque partie, mais le tout est très curieux. On a quand même une dimension de cérémonie païenne comme avec une cathédrale de sons. On se sent parfois un peu petit devant cette construction immense. Arnaud Laporte
J’aime beaucoup cette artiste et j’aime beaucoup ce disque. On ne trouve normalement pas ce genre de chose dans l’indie pop branchée parce que c’est un disque d’une heure et demi. Ses premiers disques étaient des expériences plus que des albums de pop. Les morceaux sont généralement construits de manière très étrange avec des paysages sonores. J’admire son courage, même si je suis un peu lassé par son côté première de la classe. Olivier Lamm
Une exposition : "Peindre la nuit", un casting pertigieux

Quel beau thème que celui choisi par l’antenne lorraine du Centre Pompidou pour accompagner l’automne et l’hiver ! Peindre la nuit réunit un casting prestigieux, et permet de confronter les réponses données sur la place de l’homme dans la nuit de l’univers, mais aussi sur la place et le rôle de l’art pour nous éclairer. Lumineux.
- "Peindre la nuit" du 13 octobre 2018 au 15 avril au Centre Pompidou Metz
L'avis des critiques :
Je trouve que c’est une exposition où il y a de très bons choix d’œuvres, elle n’est pas seulement liée à l’iconographie de la nuit, mais aussi au monde du rêve et de l’inconscient. La nuit est aussi le lieu des transgressions. Les hiérarchies habituelles, les hiérarchies diurnes sont renversées. Dans la salle « obsessions nocturnes » il est question de l’artiste face à la solitude. J’ai suivi avec délectation le fil du commissaire d’exposition. Sandra Adam Couralet
C’est une exposition qui veut jouer la rupture. Elle est de l’ordre de la représentation de la nuit et se tient à son titre. Ce sont de belles œuvres qui sont présentées. Il y a parcours parfaitement organisé en chapitres et sous-paragraphes. Ce qui m’a gênée, c’est que je trouve que cette exposition se déploie avec un cadre diurne. Je n’ai pas été dans une expérience sensible au-delà de quelques tableaux. C’est comme si l’on voulait connaître une flamme en ignorant la chaleur. Corinne Rondeau
C’est une déambulation très agréable à faire, qui occupe deux des niveaux du Centre ce qui est assez rare. L’exposition m’a un peu laissé insatisfait dans la mesure où le titre est volontairement ambigu. Je trouve qu’il y a des associations véritablement bien pensées et intéressantes. Le premier étage est bien tenu dans l’accrochage. Le second est un peu plus flottant, comme si le commissaire s’était perdu dans sa propre thématique cosmique. Frédéric Bonnet
Un livre : "Trois fois la fin du monde", polar, élégie et conte philosophique

Sophie Divry poursuit une oeuvre passionnante avec pour objectif fou - mais le seul qui vaille - : raconter notre monde. Elle le fait cette fois dans un roman survivaliste, en suivant un ancien détenu ayant réchappé à une catastrophe nucléaire, s’inventant une nouvelle vie dans la zone interdite. Polar, élégie et conte philosophique, Divry ose et réussit tout.
- "Trois fois la fin du monde"__, de Sophie Divry, paru aux éditions Noir sur Blanc
Un film : "Le grand bain", un feel-good-movie réunissant un casting improbable
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Si l’on a vu le merveilleux Effet aquatique de Solveig Anspach, on sera sans doute surpris du grand nombre de similitudes avec Le grand bain de Gilles Lellouche, ce qui est plutôt bon signe, avouons-le. Le feel-good-movie de cet automne réunit un casting improbable mais tient sa ligne (d’eau). Enfin un César pour Philippe Katerine ?
- "Le Grand Bain", de Gilles Lellouche, en salle le 24 octobre
-En partenariat avec le magazine Grazia-