Cinéma fantastique français : en quête de l'imaginal...

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Cinéma fantastique français : en quête de l'imaginal...

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"Piranha 3D" d'Alexandre Aja
"Piranha 3D" d'Alexandre Aja
- Wild Bunch Distribution

Comment notre imagination rencontre-t-elle la réalité dans l'art ? Le cinéma fantastique français parvient-il à conjuguer les deux ? En compagnie de cinéastes prestigieux, une table-ronde nous emmène à la croisée des mondes.

Fantastique français : en quête de l'imaginal...

1h 08

A l'occasion de la 27e édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, Nicolas Martin a réuni les cinéastes Agnès Merlet, Christophe Gans, Olivier Assayas, Alexandre Aja, Jan Kounen, ainsi que le critique Jean-François Rauger pour une table-ronde sur le thème de la quête de l'imaginal dans le cinéma fantastique français.

Mais l'imaginal, qu'est-ce que c'est ? Le philosophe Henry Corbin distingue l'imaginaire créatif, capacité de l'âme humaine à envisager d'autres mondes, de l'imaginal, qui prend également en compte une portée métaphysique. Selon Corbin, cette notion d'imaginal met en lumière la puissance de l'âme à la transcendance, comme une sorte d'inter-mondes entre le sensible et l'intelligible.

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Creusant ces thèmes, l'émission s'attarde d'abord à faire la distinction entre imaginaire et réalité, ou encore entre cinéma de genre et cinéma d'auteur : 

Jean-François Rauger : "On peut dire que la distinction entre imaginaire et réel est née avec le cinéma. Mais cette distinction me paraît illusoire".

Christophe Gans : "En France, nous faisons un cinéma où la notion d'auteur est très importante. Ici, ce qu'on considère comme des films de genre ont d'abord été des expériences de réalisateurs, définies par rapport à la culture pop du moment".

Olivier Assayas : "Nos fantasmes, notre imagination, occupent une partie essentielle de notre vie. Le cinéma est un outil formidable puisqu'il nous permet de circuler de l'un à l'autre. Cette distinction entre réel et imaginaire m'insupporte parce qu'elle oppose des choses qui n'ont aucune raison de s'opposer et qui, au contraire, sont complémentaires".

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Puis, les cinéastes évoquent dans un second temps les films fantastiques français qui les ont marqués, et la porosité de leurs univers fictionnels, mêlant réel et imagination : 

Agnès Merlet : "En général, je pars de quelque chose de très réaliste, je pars d'un fait divers. C'est avec cette réalité très précise et documentée que je vais vers le fantastique. Sans la réalité, il n'y a pas de fantastique".

Alexandre Aja : "L'imaginaire de l'horreur est devenu le moteur de mon travail. Quand je pense à un nouveau film, j'imagine ce qui pourrait arriver de pire. C'est le travail du réalisateur d'étendre cette réalité. Le fantastique a souvent une portée beaucoup plus puissante que le réalisme".

Jan Kounen : "Nous avons deux mondes : le réel, dans lequel nous avons des expériences, et l'imaginaire, dans lequel nous vivons. J'ai choisi de passer mon existence dans ce monde imaginaire qui me plaît plus que ce que me propose la société. Je peux naviguer dans l'art, le cinéma, la littérature, et moi-même créer des espaces dans lesquels je peux vivre".

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Nicolas Martin, Jean-François Rauger, Christophe Gans, Agnès Merlet, Olivier Assayas, Alexandre Aja, Jan Kounen
Nicolas Martin, Jean-François Rauger, Christophe Gans, Agnès Merlet, Olivier Assayas, Alexandre Aja, Jan Kounen
© Radio France - Adrien Landivier