Cinémathèque française : de Chaillot à Bercy

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Cinémathèque française : de Chaillot à Bercy

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Après sept mois de privations, les cinéphiles vont enfin pouvoir retrouver les délices de la cinémathèque : le 28 septembre 2005 la « Cinémathèque française » rouvre ses portes au public et ce, dans son nouveau site du 51 rue de Bercy. Le bâtiment construit par Frank Gehry, inoccupé depuis 1996 après le départ d’un American center en faillite, a été transformé par les soins de l’architecte français Dominique Brard, et l’ancien théâtre reconverti en salle de projection (415 places). Dès l’ouverture, deux autres salles proposeront aux amateurs des programmations variées, dont une entièrement réservée aux grands classiques du cinéma mondial, tandis qu’une quatrième sera exclusivement consacrée aux activités pédagogiques, appelées à prendre dans ce nouvel établissement un essor certain.

En effet, loin d’être réductible à un espace de projection rénové, la Cinémathèque française se veut à la fois musée et creuset : l’offre culturelle y est diversifiée, de la présentation permanente des plus belles pièces de ses collections à la bibliothèque médiathèque, en passant par les expositions temporaires, les conférences, lectures et tables rondes, sans oublier le bar-restaurant et la librairie boutique.

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Dans un espace totalisant 15 773 m2, dont 1 100 m2 répartis sur 3 niveaux pour les collections permanentes, ce qui faillit un moment s’appeler le « Palais du cinéma » accueille France Culture en avant première dès le lundi 26 septembre, pour une inauguration radiophonique…

La cinémathèque dans ses nouveaux murs
La cinémathèque dans ses nouveaux murs

La cinémathèque dans ses nouveaux murs, 51 rue de Bercy. © Isabelle Lassalle / RF

La Cinémathèque française en quelques dates 2 septembre 1936 : Les statuts d’une association à but non lucratif sont déposés à la préfecture de police de Paris : la Cinémathèque française est officiellement créée. Son siège social est situé au 29, rue Marsoulan dans le 12ème arrondissement. Paul-Auguste Harlé en est le premier président, Henri Langlois et Georges Franju les secrétaires généraux, Jean Mitry l’archiviste. Leur but : conserver les films, les restaurer, les montrer et donner aux générations nouvelles un enseignement cinématographique. 1940 : Henri Langlois rencontre Mary Meerson, la veuve du décorateur Lazare Meerson, qui deviendra une des figures emblématiques de la Cinémathèque avec Lotte Eisner et Jean Epstein. 26 octobre 1948 : Une salle de projection de 60 places ainsi que le premier musée du cinéma d’Henri Langlois sont inaugurés sur trois étages au 7, avenue de Messine dans le 8ème. C’est dans cette salle que se rencontrent notamment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Eric Rohmer et Suzanne Schiffman. Janvier 1955 : Vente de l’immeuble du 7, avenue de Messine. La Cinémathèque doit déménager. 1er décembre 1955 : Inauguration par Henri Langlois de la nouvelle salle (260 places) de la Cinémathèque au 29 de la rue d’Ulm, 5ème. 5 juin 1963 : La Cinémathèque s’installe dans la salle du Palais de Chaillot grâce aux crédits alloués par André Malraux, ministre de la Culture. Février 1968 : « L’affaire Langlois ». André Malraux, sous la pression du ministère des Finances, exige des changements dans la gestion de la Cinémathèque française et renvoie Henri Langlois. Un comité de défense se constitue. Les cinéastes français (dont Abel Gance, François Truffaut, Alain Resnais, Georges Franju, Jean-Luc Godard, Chris Marker, Jacques Rivette, Alexandre Astruc, Claude Chabrol, Pierre Kast, Claude Berri, Jacques Doniol-Valcroze, Jean Eustache, André Cayatte, Eric Rohmer, Jean Rouch, Joris Ivens, Robert Bresson) se mobilisent et publient un texte de protestation qui paraît dans Le Monde . De nombreuses actions sont organisées. Le monde entier prend la défense d’Henri Langlois qui est réintégré à la tête de la Cinémathèque le 22 avril. 14 juin 1972 : Inauguration du premier grand musée de cinéma du monde place du Trocadéro. 1974 : Henri Langlois reçoit un Oscar d’honneur, puis un César 13 janvier 1977 : Décès d’Henri Langlois 1980 : Inauguration d’une salle de projection de la Cinémathèque française au Centre Pompidou. 1981 : Costa-Gavras est nommé président de la Cinémathèque 1984-1996 : Le projet du Palais de Tokyo. Jack Lang, ministre de la Culture, initie le projet, repris par ses successeurs, d’installer une grande institution cinématographique au sein du Palais de Tokyo. 1991 : Jean Saint-Geours devient président. Dominique Païni est nommé directeur. Il quittera ses fonctions en 2000. Le festival CinéMémoire est créé, il a pour but de présenter les plus belles restaurations françaises et internationales. 1996 : Redéfinition du projet du Palais de Tokyo. Une nouvelle structure de préfiguration du Palais du cinéma est mise en place sous le ministère de Philippe Douste-Blazy. 24 juillet 1997 : Un incendie embrase le toit du Palais de Chaillot Les oeuvres du musée du cinéma, évacuées en une nuit, sont heureusement intactes mais la Cinémathèque française doit quitter Chaillot. La salle de projection est fermée pendant plus d’un an. 7 novembre 1997 : Inauguration de la salle des Grands Boulevards 30 juin 1998 : La Maison du cinéma est annoncée au 51, rue de Bercy, dans les locaux de l'ancien Centre américain. Catherine Trautmann, ministre de la Culture, informe de l’abandon du projet de réaménagement du Palais de Tokyo en "Palais du cinéma". Juin 2000 : Jean Charles Tacchella est élu à la présidence de la Cinémathèque 2002 : Création du GIP (Groupement d’Intérêt Public) pour mener à bien le projet du 51, rue de Bercy 29 octobre 2002 : Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, annonce que la Cinémathèque française et la BiFi seront les deux institutions qui cohabiteront, puis fusionneront, dans le bâtiment du 51, rue de Bercy sous l’appellation "Cinémathèque française ". 2003 : Serge Toubiana présente son rapport "Toute la mémoire du monde " (une réflexion sur le patrimoine cinématographique en France) commandité par Jean-Jacques Aillagon. Il devient directeur général de la Cinémathèque française en avril. Septembre 2003 : Claude Berri est élu président de la Cinémathèque française Juillet 2004 : Dissolution du GIP 14 décembre 2004 : Visite du Ministre de la Culture et de la Communication, M. Renaud Donnedieu de Vabres, dans les futurs locaux de la Cinémathèque française, au 51, rue de Bercy. 28 février 2005 : Fermeture des salles du Palais de Chaillot et des Grands Boulevards Automne 2005 : Ouverture de la Cinémathèque française au 51, rue de Bercy, 12ème. La Cinémathèque française ouvre une nouvelle page de son histoire.