Cinq livres coups de coeur recommandés par La Compagnie des auteurs

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Cinq livres coups de coeur recommandés par La Compagnie des auteurs

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Les jaquettes des livres de Philip Roth, Matthieu Galey, Carson McCullers, Claude Arnaud et Bret Easton Ellis
Les jaquettes des livres de Philip Roth, Matthieu Galey, Carson McCullers, Claude Arnaud et Bret Easton Ellis

A quelques jours de Noël, la Compagnie des auteurs a sélectionné pour vous cinq des plus belles parutions d’œuvres complètes et d’anthologies parues ces mois derniers. Des livres qui devraient faire plaisir…

Si vous avez du mal à choisir des cadeaux de Noël littéraires, et que vous ne souhaitez pas offrir le dernier Goncourt (même s'il est très bien !), pas de panique ! Voici une liste que vous propose La Compagnie des auteurs, de classiques modernes pour la plupart, dont plusieurs Américains (Bret Easton Ellis, Philip Roth, Carson Mac Cullers), un Français (Matthieu Galey) et une anthologie également française (Portraits Crachés de Claude Arnaud). 

« Romans et nouvelles (1959-1977) », de Philip Roth

Ce volume propose de redécouvrir cinq livres de la première période de Philip Roth, dans lesquels le jeune écrivain décapant se fait une réputation scandaleuse avec des romans qui maltraitent la famille juive et qui débordent de sexe, comme l’extraordinaire Portnoy et son Complexe (1969), qui sera censuré en Australie mais assurera à son auteur une notoriété mondiale.

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On y trouve également Le Sein (1972), roman dans lequel l’un des personnages récurrents de Roth, le professeur de littérature comparée David Kepesh, se transforme petit à petit en une gigantesque glande mammaire, clin d’oeil à la métamorphose de Kafka. 

Dans la préface qui ouvre le volume, Philippe Jaworski présente ces cinq livres et fait le point sur les obsessions de son auteur durant ses premières années de carrière, analyse les principaux thèmes qui parcourent ces romans, et en particulier la question de l’héritage familial. 

La Grande table (1ère partie)
28 min

Et pour ceux qui préfèreraient les romans du cycle dit « américain » de Roth, un Quarto (Gallimard) qui les regroupe existe depuis 2013 sous le titre « l’Amérique de Philip Roth »

Romans et nouvelles (1959-1977) de Philip Roth et Ada Savin, Gallimard, 64 €.

Journal intégral : 1953-1986 de Matthieu Galey

Il ne manque qu’un livre à ce « Journal de Matthieu Galey » pour qu’il s’agisse d’œuvres complètes. Ce journaliste littéraire et chroniqueur théâtral mort en 1986 de la maladie de Charcot à seulement 51 ans n’a en effet écrit qu’un seul ouvrage de fiction, Les Vitamines du vinaigre, un recueil de nouvelles, alors qu’il entrait dans la carrière. Son journal, il ne l’a jamais publié de son vivant, mais peut-être se doutait-il qu’il ne resterait pas dans un tiroir, tant il constitue un parcours passionnant dans la république des lettres des années 1953 à 1986. 

On y vit au jour le jour avec celui qui fréquentait le tout-Paris, dans lequel il nous conduit. C’est aussi l’histoire de sa vie amoureuse et sexuelle, de ses voyages ou de ses lectures que nous permet de découvrir ce journal. Reparu cette année dans une version non expurgée, il avait été caviardé, lors de sa première publication chez Grasset, de quelques détails trop crus ou qui auraient pu déplaire à certaines personnes. Grasset chez qui on peut toujours se procurer Les Vitamines du vinaigre, dans la collection « Les Cahiers rouges », pour se faire une idée plus précise encore des talents d’écrivain de l’éternel jeune homme.  

Journal de Matthieu Galey, Collection Bouquins / Robert Laffont, 30 €.

Romans et nouvelles de Carson McCullers

A l’occasion du centenaire de la naissance de Carson McCullers et du cinquantenaire de sa mort, les éditions Stock vous proposent de redécouvrir les cinq romans et le recueil de nouvelles qui furent publiés de son vivant. « Le cœur est un chasseur solitaire », paru alors qu’elle n’avait que 23 ans, la consacre comme une jeune prodige de la littérature américaine. Elle y dépeint la vie de cinq personnages hauts en couleur dans une petite ville du Sud des Etats-Unis, qui ressemble à celle dans laquelle elle a grandi en Géorgie. 

Ce premier roman symphonique contient en puissance tous les thèmes qui marqueront son œuvre, et on y trouve un quelque chose de particulièrement attachant, peut-être lié à la clairvoyance de sa jeune auteure… Qu’il s’agisse du passage difficile de l’enfance à l’âge adulte (« Frankie Addams »), des rapports difficiles entre les Noirs et les Blancs à l’époque de la fin de la ségrégation raciale dans le Sud (« L’Horloge sans aiguilles »), du désir obsessionnel, hétérosexuel ou homosexuel, (« Reflets dans un œil d’or »), ou simplement de l’amour et des changements qu’il provoque chez la personne amoureuse dans « La Ballade du café triste », l’écriture de Carson McCullers nous emporte et nous plonge dans l’atmosphère pesante, immobile, solitaire, mais presque magique du Sud des Etats-Unis du milieu du XXe siècle. 

La Grande table (1ère partie)
28 min

Les rééditions de ses récits dans la collection « La Cosmopolite » sont assorties de nouvelles préfaces de contemporains qui la lisent avec bonheur, et, pour « Reflets dans un œil d’or », d’une postface de son ami Tennessee Williams. A chacun son roman préféré et son thème de prédilection !

Pour compléter les rééditions de ses œuvres à l’occasion de ce double-anniversaire Le Livre de Poche fait reparaître « Le cœur hypothéqué », volume posthume qui regroupe ses écrits publiés dans la presse, quelques inédits, quelques poèmes, et l’esquisse de son premier roman.

Le cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers, Stock, 16,99 €.

La ballade du café triste de Carson McCullers, Stock, 20 €.

Frankie Addams, de Carson McCullers, Stock, 20,99 €.

« Portraits crachés, Un trésor littéraire de Montaigne à Houellebecq », de Claude Arnaud

La magistrale anthologie de Claude Arnaud met en valeur un exercice littéraire dans lequel excellent les écrivains français : celui du portrait. L’auteur s’est plongé pêle-mêle dans les lettres, les romans, les essais, les chroniques et les journaux qui composent la littérature française, du XVIe siècle à aujourd’hui, et a sélectionné près de cinq cent portraits et autoportraits de personnes réelles ou de personnages fictifs. On y trouve des textes quasi-inédits comme des portraits célèbres, que le ton souvent mordant rend profondément modernes.

Le portrait littéraire est un genre ludique, et à la lecture de cette somme on imagine bien que c’est le plaisir qui a guidé les choix de Claude Arnaud. Il donne à lire les portraits eux-mêmes, mais aussi une histoire de l’exercice et une théorisation du genre autour de la question de l’effet de vérité. On aime tout particulièrement les portraits en forme de réquisitoire du cardinal de Retz, ceux de Saint-Simon, et, en rupture, les portraits de personnages absents ou inexistants de Nathalie Sarraute. 

À réécouter : Claude Arnaud
Hors-champs
44 min

L’auteur lui-même s’est déjà prêté à l’exercice, puisqu’il a aussi signé une biographie de Jean Cocteau, parue en 2003 chez Gallimard, et d’une biographie de Chamfort, initialement publiée chez Robert Laffont en 1987 et rééditée aux éditions Perrin en 2016.

« Portraits crachés, Un trésor littéraire de Montaigne à Houellebecq », de Claude Arnaud, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 32 €.

« Œuvres complètes », deux volumes, de Bret Easton Ellis

Depuis la parution de son dernier roman, « Suite(s) impériale(s) », en 2010, Bret Easton Ellis affirme ne plus vouloir et écrire et se consacrer au cinéma. La publication des six romans et du recueil de nouvelles « Zombies » qui composent l’ensemble de son œuvre en deux volumes dans la collection Bouquins donne l’occasion de se replonger avec lui dans les Etats-Unis des années 1980. 

Chaque roman met en scène un narrateur masculin de l’âge de l’auteur au moment de sa rédaction, anti-héros désabusé dans une grande métropole américaine. Ensemble, ils forment un cycle et une « comédie inhumaine », selon la formule de Cécile Guilbert dans sa préface. L’atmosphère est sombre, sulfureuse, sexualisée et ultraviolente et sert la critique acerbe et pessimiste que l’écrivain fait de l’Amérique des années 1980 et de la société du divertissement où règnent les apparences, l’hypocrisie, la consommation de masse. On trouve chez Bret Easton Ellis de quoi choquer les puritains et réjouir les cyniques, et une chose est sûre : on ne s’ennuie pas à la lecture.

Ses romans sont très controversés, en particulier « American Psycho » qui raconte l’histoire de Patrick Bateman, yuppie matérialiste et tueur en série à ses heures perdues. Ils font néanmoins référence dans le paysage culturel et littéraire contemporain, comme en témoignent leurs adaptations cinématographiques. L’écriture sans fards de Bret Easton Ellis n’est pas non plus dépourvue d’humour et d’ironie, ce qui réjouira le lecteur. Le tome 1 de cette édition regroupe « Moins que zéro », « Les Lois de l'attraction », « American Psycho », « Zombies » tandis que le tome 2 est composé de « Glamorama », « Lunar Park » et « Suite(s) impériale(s) ».

« Œuvres complètes », deux volumes, de Bret Easton Ellis, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 59 €.