Claude Brasseur : de "Bande à Part" à "Camping", de "Vidocq" au "Souper"

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Claude Brasseur : de "Bande à Part" à "Camping", de "Vidocq" au "Souper"

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Claude Brasseur sur le tournage du film 'Palace' réalisé par Edouard Molinaro en juillet 1984.
Claude Brasseur sur le tournage du film 'Palace' réalisé par Edouard Molinaro en juillet 1984.
© Getty - Jean-Jacques Bernier / Gamma-Rapho

Disparition. Le comédien Claude Brasseur, qui a marqué des générations à travers plus de cent films, art et essai comme grand public, est mort ce mardi à l'âge de 84 ans. Homme de théâtre et de télévision, celui qui appartenait à une dynastie d'artistes sera inhumé à Paris aux côtés de son père.

"Claude Brasseur est décédé ce jour dans la paix et la sérénité entouré des siens. Il n'a pas été victime du Covid. Il sera inhumé à Paris dans le respect des règles sanitaires et reposera aux côtés de son père, au cimetière du Père-Lachaise à Paris". C'est en ces termes que l'agente de Claude Brasseur, Élisabeth Tanner, a annoncé ce mardi à l'Agence France Presse la disparition de l'acteur et comédien né en 1936.

Une voix, un regard perçant et le nom d'une dynastie

"Brasseur Père et Fils, Maison fondée en 1820", c'était le sous-titre du livre de mémoires publié par Claude Brasseur en 2014. Claude Brasseur (de son vrai nom Espinasse) est d'abord pour beaucoup une voix grave et rocailleuse, un air gouailleur parfois un peu râleur, et un nom. Sur les traces d'une dynastie après notamment sa mère Odette Joyeux et son père Pierre Brasseur, et avant son fils Alexandre. Et sur les bases de l’Actors studio comme il le racontait à Michel Ciment, sur nos ondes dans Projection privée, en 1998 :

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Claude Brasseur revient avec Michel Ciment sur ses débuts et ce que l'Actors Studio lui a apporté.

3 min

Claude Brasseur a commencé au théâtre dans Judas de Marcel Pagnol, en 1955, à 18 ans, alors qu'il était journaliste à Paris-Match. Toujours avec Michel Ciment, celui qui avait pour parrain Ernest Hemingway explique ainsi :

Je ne faisais pas de très bonnes études et j'ai dit à mon père "je préfère très vite être dans la vie active". Mon père m'a fait rentré à Paris-Match. Et puis mon père me donnait des petits conseils et me dit : "écoute, il se passe un coup intéressant qui peut intéresser ton journal : Elvire Popesco, propriétaire du théâtre de Paris va monter Judas, de Pagnol. (...) La rédaction accepte le sujet. Je vais interviewer Popesco et au cours de l'interview elle me dit : 'Mais alors, avec un nom comme ça, ce n'est pas possible que toi faire le journaliste, tu vas faire l'acteur s'il te plaît."

Il passe au grand écran sous les auspices de Marcel Carné dès 1956, dans Le Pays d'où je viens, énorme succès en salles. Passé par le Conservatoire avec Jean-Paul Belmondo, il sera d'une génération au croisement de réalisateurs classiques comme Jean Renoir, aussi, et de la Nouvelle Vague, avec Truffaut et Godard. Dans Bande à part, en 1964, qui lui vaudra l’admiration de Quentin Tarantino, puis dans Détective, en 1985 : 

Claude Brasseur : "Il y a un avant et un après Godard pour les gens qui travaillent avec lui. On ne joue plus la comédie de la même façon." Extrait de l'émission "Projection privée, en 1998, avec Michel Ciment.

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Révélé à la télé avant de grands rôles très populaires et deux César

Il adore la télévision, qui le rend populaire dans le téléfilm Le Mystère de la chambre jaune de Jean Kerchbron, puis surtout dans Les nouvelles aventures de Vidocq, de Georges Neveux et Marcel Bluwal, au début des années 70. 

Une popularité renforcée par des rôles grand public marquants au cinéma, comme celui du père de Sophie Marceau dans La Boum, de Claude Pinoteau (1980), ou dans Un éléphant ça trompe énormément. Le film culte d'Yves Robert lui vaut un César de meilleur acteur dans un second rôle en 1977 pour son interprétation de Daniel, un vendeur de voitures qui tente de cacher son homosexualité à ses amis. Sans oublier plus récemment, la série des Camping signée Fabien Onteniente.

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César du meilleur acteur en 1980 pour La Guerre des polices - " Depuis le temps que l'on me dit de me faire un prénom", déclare-t-il alors -, son rôle avec Romy Schneider dans Une histoire simple de Claude Sautet marque aussi les esprits. 

"Une sorte de Stradivarius avec cette grandeur et cette candeur à la fois"

"Ce qui m'avait énormément touchée en fait, c'est sa virilité" confie la réalisatrice Dominique Cabrera. "A la fois très affirmée - Je suis un homme - comme une sorte de puissance, et en même temps une grande fragilité, une sorte de mélancolie." Elle livre à Maïwenn Bordron ce qui l'avait touchée pour lui attribuer le rôle principal dans De l'autre côté de la mer, en 1996 :

Dominique Cabrera : "C'était une sorte de Stradivarius Brasseur. On va se rappeler de sa voix, de son coffre et de cette force. Avec cette mélancolie dans les yeux, cette espèce de candeur. Cette grandeur et cette candeur à la fois."

11 min

Si vous regardez ses yeux, il a un sourire souvent sur les lèvres et puis il y a quelque chose de triste dans les yeux. Et je crois que ce mélange, comme un monde perdu, un regret, quelque chose qui n'est pas accompli, faisait écho avec le souvenir de mes oncles, mes cousins, les adultes Pieds Noirs quand j'étais enfant.

Une scène d'"Un éléphant ça trompe énormément", d'Yves Robert, en 1976. Avec Claude Brasseur, Guy Bedos, Victor Lanoux et Jean Rochefort.
Une scène d'"Un éléphant ça trompe énormément", d'Yves Robert, en 1976. Avec Claude Brasseur, Guy Bedos, Victor Lanoux et Jean Rochefort.
© AFP - Jean Pierre Fizet / Collection ChristopheL
Le Tête-à-tête
50 min

"Quand le rideau se lève au théâtre, je suis le patron"

Passionné de course auto avec six Paris-Dakar au compteur et deux fois champion de France de bobsleigh, Claude Brasseur restait toutefois particulièrement attaché au théâtre. Et en 2012, dans l'émission Tête à tête, de Frédéric Taddéi, il affirme même que :

Claude Brasseur : "J'ai un petit peu tendance à dire que le cinéma n'est pas notre métier"

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Moi, je fais partie de ceux qui se posent des questions. Parce que cela m'amuse. Autrement, c'est trop facile le cinéma. J'ai un petit peu tendance à dire, je le pense vraiment et je peux le prouver que le cinéma, ce n'est pas notre métier. Si je me contente de lire un scénario, de dire oui, de discuter de mon cachet et d'arriver à l'heure, ça m'emmerde ! Parce que c'est facile, pas compliqué.

Pendant des années, il sera une figure du théâtre de Roger Planchon. Compagnon de route dès le festival d'Avignon de 1967 et ensuite au Théâtre de la Cité à Villeurbanne puis au TNP. C'est ainsi qu'il sera George Dandin avec Zabou Breitman en 1987. La pièce se transformant aussi en film.

Claude Brasseur était notamment devenu sur les planches Vidocq puis Foucher dans le grand succès du Souper face à Claude Rich. Et avant ensuite Napoléon, dans une pièce de Jean-Claude Brisville. En 1993, au théâtre des Variétés, il partage l'affiche avec Jacques Villeret pour la création du Dîner de Cons, dans une mise en scène de Pierre Mondy. Dans un sourire, il disait penser à peut-être incarner Dieu pour son prochain rôle ! 

Il avait transmis le flambeau à son fils Alexandre en 2007 dans la pièce de Sacha Guitry : Mon père avait raison.

Claude Brasseur et son fils Alexandre dans la pièce de Sacha Guitry "Mon Père avait raison" en août 2009 à Ramatuelle.
Claude Brasseur et son fils Alexandre dans la pièce de Sacha Guitry "Mon Père avait raison" en août 2009 à Ramatuelle.
© Getty - Bertrand Rndoff Petroff
La carrière de Claude Brasseur
La carrière de Claude Brasseur
© Visactu
Fictions / Théâtre et Cie