
"La Famillia grande" est toujours le livre le plus vendu du pays. Mais quel est le statut littéraire du récit de Camille Kouchner ? Pour certains, il s'agit d'un roman quand d'autres en font un "Essai-Doc": un débat de terminologie qui pose la question de la part du réel et de la démarche du livre.
Bienvenue dans le Box Office, le rendez-vous hebdomadaire de l’émission Soft Power. On y épluche chaque semaine les tendances de la culture et les plus gros succès du moment. En partenariat avec l’institut d’études GfK pour les livres et les jeux vidéos et CBO Box Office pour le cinéma.
La Famillia grande de Camille Kouchner est cette semaine encore le livre le plus vendu, toutes catégories confondues, assez confortablement devant Hervé le Tellier pour l’Anomalie, récompensé du prix Goncourt 2020. Mais justement, La Familia grande... est-elle une fiction ? La question paraît un peu sotte, presque cruelle, tant la plume de Camille Kouchner semble ancrée dans le réel, dans la souffrance biographique, dans le récit bien vivant d’une famille bien connue. Il semble pourtant qu’il y ait à ce sujet, dans le monde de l’édition française, une divergence d’interprétation significative.
Notre partenaire GFK, ainsi que le classement Le Point (en partenariat avec la FNAC) ou le site La rue des livres, présentent La Familia grande dans la catégorie Essais et Documents. "Essais-Doc" donc, une rubrique très éclectique qui va des témoignages autobiographiques comme Le Consentement de Vanessa Springora aux philosophies les plus jargonneuses, sans oublier les très mauvais livres d’hommes politiques en campagne.
Le top 5 en Essais-Doc pour la semaine, établi par notre partenaire GfK
Sauf que, dans le classement Edistat publié par l’Express, La Familia Grande apparaît cette fois parmi les romans. Ce serait donc de la fiction...?
Pour Edistat et l’Express, c’est probablement un choix innocent, strictement typologique. Pourtant, ce hiatus fait réfléchir : quel est le statut littéraire de la Familia Grande ? D’un côté, la décision de changer le nom de son frère et de ne jamais nommer son beau père qu’il accuse d’agressions sexuelles laisse planer dans le livre une atmosphère fictionnelle. Pourtant, il s’agit bien de vraies personnes, de faits présentés comme ayant bien eu lieu (et que même les amis proches de l’accusé ne nient pas). Il y a des dates, des lieux comme Sanary-sur-Mer, des vies vraiment vécues, des souffrances vraiment endurées. Bref, la matière de La Familia Grande, c’est le réel. D’où l’importance que le livre soit rangé avec les Essais-Doc, avec Vanessa Springora, pour donner toute leur envergure à ces témoignages, et non pas en littérature ou "fiction". Pourtant c’est l’éditeur aussi qui est responsable de ce cafouillage : le livre est présenté dans une collection littéraire, peut-être pour pour le rapprocher des autofictions, un genre littéraire paradoxal, dont Annie Ernaux est la spécialiste, qui se définit comme une “fiction d’évènements et de faits strictement réels”. On est sensée ne rien inventer, rester fidèle à une “mission de vérité”, tout en assumant sa subjectivité, son monde intérieur, son rapport sensible au drame. Ce qui semble assez proche de la démarche de Camille Kouchner. Mais de grâce, ne parlons pas de littérature, d’abord parce que le livre n’est pas très bien écrit, ni d’ailleurs d'ambition littéraire, mais surtout parce qu’il dit la vérité, du moins sa vérité - et que ça, ce n'est pas de la fiction.
Call of Duty, 57ème édition
En jeux-vidéo, Call of Duty Black Ops 4 sur PS4 prend la tête des ventes de la semaine, devant les gros titres habituels de la console Switch, Mario Kart 8 (en 2eme position) et Animal Crossing (en 3ème position). Mais avec Call of Duty, ça se complique, et il faut quand même suivre : il sort en moyenne un nouveau Call of Duty chaque année, et pas toujours développé par les mêmes studios ! Rien que dans le top des ventes cette semaine, il y a trois “Call Of” (les jeunes français disent volontiers Kalof). Bref, Kalof, c’est l'une des franchises les plus rentables de l’histoire du secteur, plus de 300 millions d’exemplaires vendues – et le studio américain Activision continuera à en faire profit.
Kodak Black, tout est pardonné
Musique pour finir, avec un coup de chance. Dans son dernier moment d’hubris, le président déchu Donald Trump a signé des grâces présidentielles à la volée. Et tout a été pardonné à Kodak Black, rappeur américain qui était lourdement condamné (presque 4 ans de prison ferme) pour avoir menti sur des documents de son permis de port d’arme. Kodak Black a remercié Trump en chanson, en sortant une belle musique sur son "Last Day In", son dernier jour en prison. Et voilà ce qu'il chante : Trump m’a libéré mais mon président préféré reste l'argent ("[Trump just freed me but my favorite president is on the money"). Au moins, c’est clair !
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CETTE CHRONIQUE EST À REECOUTER DANS LE PODCAST DE L'EMISSION DU 31/01
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