Contrer le "male gaze" grâce aux séries

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Contrer le "male gaze" grâce aux séries - #CulturePrime

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Contrer le "male gaze" grâce aux séries

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Pour déconstruire le "male gaze", ce regard masculin qui prétend définir "la femme", Iris Brey a sélectionné pour nous quelques héroïnes de séries qui inspirent les femmes dans la réalité et leur redonnent confiance en elles.

Iris Brey, spécialiste du genre, a théorisé la notion de “male gaze”, quand un personnage féminin est défini par un regard masculin, dans le cinéma et surtout dans les séries. Voici, selon elle, les héroïnes de séries qui vont vous aider à contrer ce “male gaze”.

On a appris au cinéma à désirer qu’une sorte de corps et qu’une sorte de femme. Les séries nous permettent de voir qu’il y a une multiplicité de corps et de femmes et qu’il y a beaucoup de récits encore à raconter ”, développe Iris Brey.

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“Fleabag“ de Phoebe Waller-Bridge

Une jeune femme surnommée “Fleabag” se lance dans une quête autour sa sexualité. La particularité de ”Fleabag” est qu’à chaque moment de la série elle s’adresse à nous, spectateur, pour discuter et débriefer les moments de sa vie.

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On est toujours dans son expérience. On est du coup à la fois dans son corps et dans sa tête et on ne peut pas la regarder comme un objet sexuel. Elle est toujours sujet, elle est toujours en train de parler et du coup elle est toujours en mouvement. C’est une héroïne active et ce n’est jamais une héroïne passive et ça change beaucoup de choses parce que ça nous permet de voir les scènes de sexe différemment. Ça permet de ne pas la réduire à “juste” un corps qu’on pourrait désirer, un corps passif. Elle reste toujours incarnée et ce qu’il se passe dans sa tête c’est toujours très drôle mais c’est toujours une manière de nous ramener à sa subjectivité.”

“La Servante écarlate“ de Bruce Miller

Dans un monde dystopique, aux États-Unis, la plupart des femmes sont stériles et la société a basculé dans un régime totalitaire. June / Offred, comme toutes celles qui peuvent enfanter, a été séparée de sa famille et est régulièrement violée pour enfanter.

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La Servante écarlate” montre que le viol est un crime, que c’est une expérience douloureuse et violente, et qui nous place dans la subjectivité de June au moment où elle se fait violer de manière répétée. Ces viols sont toujours représentés du point de vue féminin, ça peut paraître quelque chose d’assez anecdotique mais en fait c’est quelque chose de très subversif et de très politique. Puisque dans notre culture la plupart des viols sont présentés du point de vue masculin. Quand c’est le corps des femmes qui est violenté et qu’on le représente du point de vue féminin là ça dérange parce que c’est des images qui sont inédites et qu’on s’est trop habitué à voir les violences faites aux femmes non pas comme des violences mais comme des actes érotiques.“

“I Love Dick“ de Jill Soloway et Sarah Gubbins

Chris, quarantenaire, va redécouvrir sa libido en fantasmant sur un autre homme, prénommé Dick et entraîner son couple dans un triangle amoureux imaginaire.

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Le fantasme pour un autre homme n’est pas le moment de tension narrative. C’est-à-dire que l’enjeu de la série ce n’est pas : “Est-ce que Chris va quitter son mari ?” Ça c’est une question totalement obsolète, la question c’est comment une femme peut se prendre en main pour réfléchir à ses projections, à ses fantasmes, à son plaisir, à son désir ? On voit Chris notamment faire l’amour avec son mari, pendant qu’elle fait l’amour avec lui elle imagine que Dick, l’objet de son fantasme, la regarde. Et on la voit qui termine l’acte sexuel en se masturbant seule et en jouissant seule alors que son mari est à côté d’elle. Une manière de dire que non on n’a pas besoin d’un homme pour jouir, mais peut-être de plusieurs. Ce qui est intéressant dans le désir, c’est sa circulation et c’est le fait qu’il puisse déborder.”

Girls de Lena Dunham

Hannah vit à New York entourée de sa bande de copines. La série dépeint les galères de ces trentenaires dans leur vie sexuelle, leur recherche de travail et leurs relations sociales.

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Lena Dunham, c’est une des créatrices qui a permis de réfléchir à la manière dont on désire les corps et surtout quels corps est-ce qu’on désire puisque c’est une héroïne qui ne correspond pas à notre norme de beauté. C’est une actrice qui revendique ses bourrelets, qui se met en scène, beaucoup nue, et qui nous apprend que son corps à elle est aussi un corps désirant et désirable. Elle nous a aussi appris à aimer son corps en même temps qu’elle apprenait à s’aimer elle-même et ça c’est la puissance sérielle, c’est de passer des heures et des heures avec des héroïnes qui nous apprennent à regarder le monde différemment."

Le Regard féminin - Une révolution à l'écran, Iris Brey, L'Olivier, février 2020
Sex and the series, Iris Brey, L'Olivier, octobre 2018