
Le système économique actuel repose sur la croissance du PIB. Cet indicateur ne prend pas en compte la durée de vie des ressources naturelles et le bien-être des populations. Les partisans de la décroissance invitent à repenser la notion de progrès héritée de la philosophie des Lumières.
Le courant de la décroissance prend appui sur les travaux du mathématicien-économiste Nicholas Georgescu-Roegen. Il est un des premiers à appliquer à l'économie les lois de la thermodynamique. Dans son recueil d'articles Demain la décroissance (1979), il s'est appliqué à montrer que "l’entropie d’un système clos augmente continuellement (et irrévocablement) vers un maximum ; c’est-à-dire que l’énergie utilisable est continuellement transformée en énergie inutilisable jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement". Il considère que le système économique est fondé sur l'utilisation intensive et irraisonnable de ressources terrestres non-renouvelables et soumises aux lois de l'entropie. La croissance économique n'est pas viable à terme car le système économique dépend de la biosphère, qui elle-même est limitée.
L'économiste René Passet reprend le concept de "destruction créatrice" de Schumpeter pour montrer que les dégâts de la croissance peuvent être limités dans le temps. Il s'inscrit dans la lignée des physiciens qui considèrent que la Terre n'est pas un système isolé et que le renouvellement de la vie est possible.
Les partisans de la décroissance comme Serge Latouche et François Partant, contestent les notions de développement et de progrès. Selon eux, le développement est le vecteur de domination économique, culturel et politique. Il a amené à la destruction des économies et des sociétés traditionnelles. Les populations impactées n'ont pu bénéficier des effets de ce développement. Ils sont défavorables au développement durable car celui-ci est basé sur l'idée de croissance exponentielle. La notion de "désencastrement" de Karl Polanyi peut permettre à l'économie de se réencaster dans le social et de sortir de "l'économisme".
La notion de décroissance est critiquée car elle ne prend pas en compte deux aspects : les tendances démographiques et les besoins humains. Les décroissancistes préconisent un retour au chiffre de 3 milliards d'habitants sur Terre. Ce niveau de population a été atteint dans les années 1960, c'est-à-dire le moment où l'empreinte écologique fût dépassée. Pour la production, ils envisagent de revenir à une production matérielle similaire à celle des années 1960-1970.
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Une rencontre enregistrée en décembre 2021.
Philippe Quirion, économiste, directeur de recherche CNRS au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement
Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, membre du GIEC
Dominique Méda, professeure de sociologie à l’Université Paris Dauphine-PSL et au Collège d'études mondiales, inspectrice générale des affaires sociales, présidente de l’Institut Veblen
Catherine André, journaliste, rédactrice en chef adjointe d’"Alternatives Economiques" et pour le site d’actualité en ligne Voxeurop.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises notre sélection de références : " La décroissance projet utopique ou politique ?"