Culture : deux discours pour une passation

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Culture : deux discours pour une passation

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"Cela aurait pu continuer avec toi", a lancé la nouvelle ministre à Audrey Azoulay.
"Cela aurait pu continuer avec toi", a lancé la nouvelle ministre à Audrey Azoulay.
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

Audrey Azoulay a passé le pouvoir à Françoise Nyssen au ministère de la Culture et de la communication ce mercredi, en fin d'après midi. Deux discours, deux styles, dans une atmosphère amicale, mais la promesse de la continuité.

Les deux femmes se connaissent et se tutoient. Très vite et sans artifices. Audrey Azoulay et Françoise Nyssen étaient toutes les deux très émues lors de la traditionnelle passation de pouvoir rue de Valois, ce mercredi. Un peu plus tôt dans l'après midi, la nomination de la Pdg des éditions Actes Sud avait surpris toute l'assemblée, dont de nombreux professionnels du livre. Dans le salon du ministère, beaucoup étaient venus, tout-sourire, écouter deux discours au style très contrasté.

Audrey Azoulay

Avec un discours ciselé et truffé de figures de style, la ministre de François Hollande a magnifié ce ministère trop peu reconnu. Le ministère de la Culture est selon celle qui briguerait désormais la tête de l'Unesco un combat, autant qu'un ministère de l'Intérieur et un ministère de la Défense. Audrey Azoulay qui a souligné que le budget de la rue de Valois était "enfin repassé au-dessus du 1% du budget de l'Etat, en 2017, après que les finances publiques qui avaient besoin d'être assainies l'eurent été." :

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"Certains disent que ce ministère ne peut rien. C'est le contraire: c'est le plus puissant. Et je suis particulièrement heureuse de TE le transmettre"

10 min

Un ministère qui est à nul autre pareil. Un ministère qui nous dépasse et que nous servons pendant un temps. Ce ministère est un ministère de combat. C'est ce qui fait sa légitimité, sa force, et c'est ce qui fait sa différence. C'est un ministère qui a besoin de soutien, parce qu'il ne peut être qu'aux avant-gardes.

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Françoise Nyssen

Celle qui a choisi la nationalité française il y a bientôt 40 ans a expliqué qu'elle n'était arrivée qu'hier soir à Paris depuis sa ville d'Arles. Très surprise d'être appelée à ce poste alors qu'elle nourrit une vive admiration pour Audrey Azoulay, Françoise Nyssen avoue avoir surtout pris le temps aujourd'hui de la rencontre et de la discussion, plutôt que celui d'écrire un discours qu'elle a improvisé. Celle qui s'était engagée dans une tribune à voter pour Emmanuel Macron avec "joie et détermination" a demandé de "l'indulgence", en soulignant sa devise personnelle : "plaisir et nécessité". "Mon histoire ne m'a pas du tout menée à cette fonction", a reconnu Françoise Nyssen, qui a commencé sa carrière en faisant de la biologie moléculaire. Avant de conclure inspirée par une phrase d'Edgar Morin : "À force de sacrifier l'essentiel pour l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel" :

"Je vais essayer de ne pas oublier l'urgence de l'essentiel."

8 min

Je vais me permettre de tutoyer Audrey. Je crois que l'on est dans cette proximité, et je pourrai reprendre tout ce qu'elle a dit. (...) Le temps que nous avons eu à nous connaître dans ces fonctions m'est apparu un peu béni, dans le sens où j'ai rarement vécu avec une ministre le sentiment de la tenue d'un poste de cette ampleur là avec cette élégance, cette efficacité, cette simplicité. Et ceci m'a beaucoup plu, impressionné. A tel point que je pense que cela aurait pu continuer. (...) Mais j'ai accepté pour servir une République qui m'a beaucoup donné.

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