De Budapest à Bogotá, Amsterdam ou Dunedin, l’écologie municipale en actes
Par Fiona Moghaddam, Louise BodetLes élections municipales ont été marquées en France par une vague verte qui a vu Europe Écologie Les Verts l’emporter dans des villes majeures comme Lyon, Bordeaux ou Strasbourg. Ailleurs dans le monde, plusieurs grandes agglomérations sont également administrées par des écologistes.
Les écologistes se sont emparés de plusieurs grandes villes en France lors des dernières élections municipales. Les nouveaux maires sont désignés depuis ce vendredi par leur conseil municipal. Les "Verts" dirigent également plusieurs grandes villes en Europe et dans le monde. La plupart ont été élus ces deux dernières années, dans le sillage des Marches pour le climat. Ils sont souvent jeunes, pour partie issus de l’immigration. Beaucoup ont intégré des coalitions municipales, mais certains sont devenus maires sous leurs propres couleurs. Qui sont ces écologistes à la tête de grandes villes qui, en Europe et dans le monde, inspirent les Verts français ? Portrait de groupe.
Fritz Kuhn, bourgmestre de Stuttgart (Allemagne), 634 830 habitants
Le 21 octobre 2012, le "Grünen" Fritz Kuhn devient le premier maire écologiste d'une capitale régionale allemande. Appuyé par les sociaux-démocrates du SPD, ce membre fondateur du parti Vert au début des années 1980 l’emporte avec 52,9 % des voix contre Sebastian Turner, candidat sans étiquette soutenu par les conservateurs de la CDU et les libéraux du FDP. Fritz Kuhn prend ainsi la tête de la capitale du riche Land de Bade-Wurtemberg, gouverné par une majorité "verte-rouge" depuis les élections du 27 mars 2011 et présidé par l'écologiste Winfried Kretschmann.
Historiquement conservateur, le Bade-Wurtemberg est certes géré par les Grünen, mais ces derniers mènent une politique compatible avec l’électorat traditionnel, soucieux de rigueur budgétaire et de fermeté sur le plan sécuritaire.
À Stuttgart, ville bourgeoise et protestante, patrie de Porsche, Daimler et Bosch, le défi environnemental se heurte aux intérêts économiques de la région : plus de 200 000 emplois dépendent de la santé du secteur automobile. Autoproclamée capitale allemande de la voiture, Stuttgart est aussi la ville la plus polluée du pays, confrontée depuis des décennies à une mauvaise qualité de l'air. "L’ex-professeur de linguistique a fait progresser la ville dans le domaine de la mobilité durable, de la piétonnisation du centre-ville et de la réduction des émissions de CO2" estime toutefois le journaliste François d'Alençon dans un très récent article de La Croix. Avec "des résultats plus mitigés" concernant "la pénurie de logements", qu'il avait lui-même qualifiée de "priorité absolue".
Plus globalement en Allemagne, 80 communes sont aujourd’hui gérées par les Verts. Ces derniers ont le vent en poupe dans les sondages et pourraient faire partie du prochain gouvernement à l’issue des élections fédérales prévues en septembre 2021. Un objectif conforme aux résultats obtenus aux Européennes de mai 2019. Die Grünen est alors devenue la deuxième force politique du pays avec 20 % des voix, derrière les conservateurs de la CDU/CSU.
Gergely Karácsony, maire de Budapest (Hongrie), 1,752 million d'habitants
Le 13 octobre 2019, l’écologiste de centre-gauche Gergely Karácsony est élu à la tête de la capitale hongroise avec 50,6 % des voix. À 44 ans, ce diplômé en sociologie succède à Istvan Tarlós, qui était au pouvoir depuis 2010. Son élection est une claque pour le parti ultraconservateur au pouvoir, le Fidesz de Viktor Orbán, qui essuie-là son premier revers depuis son accession au pouvoir en 2010.
Arrivé à bicyclette le jour de son investiture, Gergely Karácsony ambitionne de transformer Budapest en une ville "verte et libre". Dissident du LMP ("La politique peut être différente") qui avait intégré le Parlement grâce à un programme insistant sur la défense de l'environnement dès 2010, il promulgue rapidement un état d'urgence climatique et élabore un plan de neutralité carbone qui fait la une des journaux.
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Il souhaite expérimenter un péage urbain, dont le maintien serait ensuite soumis à référendum, sur le modèle de ce qui s’est passé à Stockholm.
L’idée n’est pas nouvelle : présentée par l’un des prédécesseurs de Gergely Karácsony, elle a été rejetée par l’Assemblée nationale hongroise en juillet 2012. Sa mise en place était pourtant l’une des conditions du soutien de l’Union européenne à la construction d’une quatrième ligne de métro à Budapest. Mais le gouvernement de Viktor Orbán y est opposé, et de l’aveu même du maire de Budapest, le projet ne pourra pas se concrétiser avant la toute fin de son mandat en 2024.
Femke Halsema, maire d’Amsterdam (Pays-Bas), 813 562 habitants
Première femme et première écologiste élue à la tête de la capitale économique et culturelle néerlandaise, Femke Halsema entend dès le début de son mandat en juillet 2018 chasser les voitures du centre-ville. Elle fait adopter une panoplie de mesures : doublement du prix du stationnement, qui devient l'un des plus élevés en Europe, diminution du nombre de places de parking, réduction de la vitesse de circulation à 30 km/h dans toute la ville, augmentation des amendes pour dépassement de l'horaire ou non-paiement du stationnement. Ces mesures sont censées dégager de nouveaux moyens pour financer les transports propres, tramways ou bus fonctionnant aux énergies renouvelables.
Femke Halsema est membre du parti écologiste Groenlinks ("La Gauche verte"), qu’elle a présidé pendant huit ans. Elle gouverne Amsterdam au sein d’une coalition de plusieurs partis de gauche.
Parmi ses autres projets : diminuer l’impact du tourisme de masse à Amsterdam, notamment du "tourisme cannabique", en interdisant les coffee shops aux visiteurs étrangers. La capitale néerlandaise voit chaque année défiler 17 millions de touristes (dont 5 % de Français). Elle compte près de 160 établissements où la vente et la consommation de cannabis sont permises.
Belit Onay, maire de Hanovre (Allemagne), 532 163 habitants
Le 10 novembre 2019, Belit Onay, 38 ans, devient le premier maire allemand d’origine étrangère d’une capitale régionale. Vainqueur avec 53 % des voix face à un ex-cadre de Volkswagen candidat de la CDU (Union chrétienne-démocrate), il est le quatrième écologiste à conquérir une grande ville allemande. Son élection met fin à plus de soixante-dix ans de domination SPD (Parti social-démocrate).
Belit Onay est d’origine turque. Né en 1981 à Goslar, au sud-est de Hanovre, il est le fils de "Gastarbeiter" (travailleurs invités) arrivés en Allemagne dans les années 1970. Il a 12 ans quand, en 1993, un incendie criminel perpétré par l'extrême droite cause la mort de cinq femmes turques à Soligen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Une attaque raciste qui a, de son propre aveu, "changé [sa] vie".
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Belit Onay a étudié le droit avant de travailler à la mairie de Hanovre et de devenir conseiller municipal en 2013. Il fait partie d’une nouvelle génération politique issue de l'immigration qui émerge peu à peu, à l'image des 14 députés d'origine turque siégeant au Bundestag (sur 630 élus), essentiellement dans les rangs du SPD, des Verts et de Die Linke, la gauche radicale.
Récemment, Belit Onay a annoncé la construction de 13 pistes cyclables à Hanovre d'ici dix ans pour un budget de 10 millions d'euros.
Georg Willi, maire d’Innsbruck (Autriche), 311 428 habitants
Expert en circulation, Georg Willi est élu le 6 mai 2018 à Innsbruck, ville prospère du Tyrol, avec plus de 30 % des suffrages au premier tour et 53 % au second. **Il est le premier maire écologiste d’une capitale provinciale autrichienne. **Avec pour priorités de créer des pistes cyclables, d'ouvrir des rues à sens unique, de construire des ponts et de rendre les endroits dangereux plus sûrs.
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En mars 2020, il créé la polémique en se disant prêt à accueillir 200 migrants venus de Grèce pour les installer dans des centres inoccupés. En Autriche, la crise migratoire de 2015 est encore dans toutes les têtes. Sur le million de demandeurs d’asile qui ont alors traversé l’Autriche vers l’Allemagne ou la Scandinavie, 90 000 se sont arrêtés dans ce pays de 8,8 millions d’habitants. À Innsbruck, ils étaient 2 000 en juillet 2016.
En matière d’accueil, Georg Willi ne peut rien faire sans l’assentiment du gouvernement. Et le chancelier Sebastian Kurz ne veut pas entendre parler de nouveaux migrants. Plusieurs ministres Verts – avec qui il gouverne désormais – et le président de la République, également écologiste, ont tenté de faire pression, mais sans aller jusqu’à menacer de quitter la coalition, ce qui déçoit les militants du droit d’asile.
Hazel Chu, maire de Dublin (Irlande), 1,388 million d'habitants
Présidente du Green Party irlandais depuis novembre 2019 et conseillère municipale de Dublin, Hazel Chu a été élue à la tête de la capitale le 29 juin dernier. Elle est la première Irlandaise issue de l’immigration à accéder à un poste de maire.
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Son élection intervient dans le cadre d’un accord avec le Fianna Fáil (centre droit), autre parti vainqueur des élections locales en 2019, qui prévoit le partage du poste de maire en alternance chaque année entre les deux formations politiques.
Hazel Chu est née et a grandi à Dublin de parents originaires de Hong Kong qui, arrivés séparément dans les années 1970, se sont rencontrés alors qu’ils travaillaient dans les cuisines d’un restaurant de Dublin. Elle a étudié la politique et l'histoire avant de suivre une formation d'avocat.
Lors des élections locales de 2019, elle l’emporte dans le quartier de Pembroke avec 33 % des suffrages, meilleur score jamais atteint dans le cadre d’une première candidature.
Parmi ses priorités à la tête de la capitale irlandaise, la promotion de la diversité et de l’égalité homme-femme et le logement ainsi que les sans-abri.
Christos Doulkeridis, bourgmestre d’Ixelles (région de Bruxelles-Capitale, Belgique), 87 385 habitants
Né le 6 mars 1968 dans le quartier d’Anderlecht à Bruxelles au sein d’une famille d’origine grecque, Christos Doulkeridis est un autodidacte qui ne possède aucun diplôme universitaire. Membre du parti Écolo (Écologistes confédérés pour l'organisation de luttes originales) depuis 1988, élu député en 1999, il est désigné bourgmestre d'Ixelles à l’issue des élections communales du 14 octobre 2018.
Le parti Écolo est l’un des grands gagnants de ce scrutin en Belgique francophone. Il remporte 6 sièges de bourgmestre en Wallonie (Amay, Enghien, Fauvillers, Floreffe, Ottignies-Louvain-la-Neuve et Pecq) et 3 à Bruxelles dans les communes densément peuplées d’Ixelles, Watermael et Forest. Un succès électoral dû notamment au rajeunissement de l’électorat et à la méfiance vis-à-vis des partis traditionnels, particulièrement à gauche.
Parmi les actions menées par les écologistes au niveau municipal, la promotion des mobilités douces – création d’espaces piétonniers, voies vélos – et en matière d’urbanisation le lancement de programmes de logements sociaux et l’arrêt de projets immobiliers menaçant les espaces verts, afin de reverdir les villes.
Claudia Lopez, maire de Bogotá (Colombie), 7,413 millions d'habitants
Le 27 octobre dernier, Claudia Lopez décroche la mairie de Bogotá avec un peu plus de 35 % des voix, soit 3 points de plus que son adversaire, le libéral Carlos Galan. Candidate de centre-gauche, issue de l’Alliance verte, Claudia Lopez avait notamment axé sa campagne sur l’environnement et les transports en commun, Bogotá étant l’une des seules capitales du monde à ne pas avoir de métro. Ce projet existe depuis les années 1950-1960 mais il n’a jamais réussi à se concrétiser. Les mandats durent quatre ans à Bogota et "l’alternance droite-gauche a été très destructrice", explique Yann Basset, docteur en sciences politiques de l’Institut des hautes études d’Amérique latine (IHEAL- Université Paris 3) et professeur de l’université du Rosario à Bogotá dans l'émission Cultures monde de France Culture. _"Le projet de métro en est la caricature. Il y a près de 8 millions d’habitants à Bogot_á et seulement un système de bus, ce qui est clairement insuffisant. L’idée forte de Claudia Lopez était de continuer les projets déjà établis pour le métro et d’avancer sur ce thème [crucial] pour le développement de Bogotá." Il s'agissait donc ne pas proposer un nouveau projet qui risquerait de repousser encore sa construction.
Claudia Lopez a pris ses fonctions le 1er janvier dernier, deux mois avant la crise sanitaire due au coronavirus en Colombie. Dès le mois de février, elle a recommandé à ses administrés de se déplacer à vélo, plutôt qu’en transports en commun, raconte L’Équipe.
"Le vélo, parce qu'il est un moyen individuel de transport, représente l'une des alternatives les plus hygiéniques pour se prémunir contre le virus, particulièrement à ce stade, où il est recommandé d'éviter les proches contacts et les foules." Bogotá compte déjà 550 km de pistes cyclables, auxquelles 80 km ont été ajoutés suite à la pandémie, pour promouvoir encore un peu plus le vélo, "sans que personne ne proteste" a récemment déclaré au Monde Claudia Lopez. Cette mesure pourrait être pérennisée, sachant qu’à Bogotá, 350 km d’avenues sont fermés aux voitures tous les dimanches, dans le cadre de la "Ciclovia", qui rassemble 2 millions de personnes.
La maire de Bogotá explique aussi que "la pandémie a permis de prendre conscience de l’urgence de mettre en place certaines mesures", notamment à propos des "paramos". Ces montagnes "très vulnérables au changement climatique", qui permettent à Bogotá de bénéficier d’une eau pure. "Si elles disparaissent, Bogotá disparaît", affirme Claudia Lopez.
Début juin, la municipalité a voté une délibération pour interdire la maltraitance et la mise à mort des taureaux lors des corridas, qui existent depuis près d’un siècle dans la capitale colombienne. Une mesure qui vise davantage à décourager l’organisation de corridas dans la ville, l’interdiction ne pouvant émaner que du parlement. "Nous voulons respecter toutes les formes de vie et nous agirons ainsi en vertu de la décision des citoyens et de l'autonomie de notre territoire", écrit Claudia Lopez dans son tweet.
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Si ces mesures sont en faveur de l’environnement, Yann Basset précise toutefois que l’Alliance verte s’entend plutôt comme "un parti anti-corruption, au discours modernisant et soutenu par les classes moyennes urbaines".
Aaron Hawkins, maire de Dunedin (Nouvelle-Zélande), 128 800 habitants
Dunedin, principale ville étudiante, est la deuxième plus grande ville du sud de la Nouvelle-Zélande, après Christchurch. Le 12 octobre 2019, l’Edimbourg néo-zélandaise, comme elle est surnommée, a élu à sa tête le premier maire Vert du pays : Aaron Hawkins. Conseiller municipal depuis sept ans, c’est la quatrième fois qu’il se présentait aux élections. La première, c’était en 2010. Il n’avait alors que 26 ans et était animateur au sein d’une radio locale. À l’époque, il disait déjà vouloir améliorer les transports publics dans la ville et décrivait sa politique comme "respectueuse de l’environnement". Il déclarait aussi vouloir faire de Dunedin une ville durable où les générations à venir pourront vivre.
Aaron Hawkins est végétarien, n’a pas le permis de conduire (et a encore moins l’intention de le passer depuis un grave accident de voiture il y a quelques années) et a pour habitude de faire du stop ou de prendre le bus pour se rendre à la mairie ! Ce maire aux habitudes de transport peu communes a fait de l’amélioration des transports publics l’une des mesures phares de son programme. Dans une interview au Otago Daily Timesen septembre dernier, il explique :
Il faut créer des alternatives viables à la conduite dans la ville et ses environs. Cela consiste à baisser le tarif des bus et rendre la pratique de la marche et du vélo plus sûre.
Le nouveau maire entend également poursuivre les objectifs du conseil municipal qui souhaite faire de Dunedin une ville zéro carbone. Un objectif que l'édile souhaite atteindre en 2030. Un budget de plus de 1 million de dollars a été consacré par le conseil municipal pour 2019-2021 à cet objectif zéro carbone et à l’établissement d’un programme de travail au sujet du changement climatique. Outre les transports, cela passe par des mesures concernant la gestion des déchets mais aussi la meilleure isolation des bâtiments afin de réduire les pertes d’énergie. Le logement est un des autres grands chantiers qu’Aaron Hawkins souhaite engager. En mai dernier, pour permettre aux piétons de respecter la distanciation physique, le conseil municipal a voté une délibération pour limiter la vitesse à 10 km/h aux voitures…
Les cas de Vancouver (Canada) et Portland (États-Unis)
Comme nombreuses autres villes du monde, Vancouver entreprend une politique pro-écologie, sans avoir de maire étiqueté "vert". Kennedy Stewart, a été élu en tant qu’indépendant en 2018, auparavant affilié au NPD, le Nouveau Parti démocratique. Des élus du Parti vert font toutefois partie du conseil municipal. Il faut dire que la ville a un long passé écologiste, c’est notamment ici qu’a été fondée l’association Greenpeace en 1971. L’ancien maire Gregor Robertson, au pouvoir pendant dix ans (2008-2018), a mené un ambitieux programme pour faire de Vancouver une ville verte. Il est parvenu à réduire la présence de la voiture dans la ville : en 2015, la moitié des déplacements se faisaient en transport en commun, à pied ou à vélo. Le tri des déchets a été généralisé, avec l’obligation pour les foyers de jeter leurs déchets organiques dans les composteurs installés dans les sous-sols des immeubles.
Depuis les années 1990, la population a eu beau augmenter d’un tiers, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 7 %... Un programme de 100 mesures avait été établi par l’ancienne municipalité. Le maire actuel Kennedy Stewart s’est engagé à poursuivre sur cette lancée, notamment avec son programme de constructions de logements. Kennedy Stewart vise 85 000 nouvelles habitations pour permettre aux personnes travaillant à Vancouver d’y vivre. Dans ses objectifs également, la totalité des transports en commun qui roulent sans énergie fossile, des pistes cyclables sécurisées pour encourager la pratique du vélo. Il souhaite aussi continuer d’encourager l’économie verte dans sa ville en incitant les entreprises de technologie propre à investir à Vancouver. "Je continuerai de lutter pour protéger l'environnement et chercher des moyens de faire de Vancouver la ville la plus verte du monde" a déclaré Kennedy Stewart dans une interview, quelques jours après son élection.
En mars 2018, alors qu'il était député, Kennedy Stewart avait été arrêté par la police tandis qu’il manifestait aux côtés de ses électeurs pour bloquer les travaux d’un pipeline qui devait permettre de transporter trois fois plus de pétrole entre les régions de l’Alberta et de la Colombie britannique. L’activisme écologique était déjà l’un de ses gros dossiers en tant que député. En juin dernier, le maire n’a pas hésité à suivre d’autres maires canadiens en envoyant une lettre aux plus grandes entreprises mondiales d’énergies fossiles. Dans ce courrier, il les appelle à prendre des mesures pour limiter, elles aussi, le réchauffement climatique et leur demande de participer financièrement aux dépenses supportées par sa ville dans cette politique climatique.
Les États-Unis sont rarement cités en exemple pour leurs actions en faveur du climat. Toutefois, la ville de Portland, qui regroupe plus de 650 000 habitants, fait figure d’exception. Située au nord-ouest du pays, dans l’Oregan, Portland est régulièrement citée en exemple dans la lutte contre le changement climatique.
À la fin des années 1960, sous l’impulsion du gouverneur républicain Tom McCall, Portland adopte plusieurs mesures en faveur du développement durable comme l’obligation de consigne des bouteilles vides ou la limitation de l’expansion urbaine. Depuis, des politiques pro-environnementales ont été menées dans la ville, par les maires, démocrates ou indépendants (le dernier maire républicain ayant été élu en 1953).
Dans les années 1990, la ville a décidé d’adopter – c’est une première pour une ville américaine – un plan d’action climatique. La population a augmenté de 30 % mais les émissions de carbone ont diminué, en moyenne de 40 % par habitant. Les pistes cyclables et des quartiers entièrement piétons ont été développés. Portland compte 20 % d’automobilistes de moins que d’autres villes américaines de taille comparable. Elle a été la première aussi à réintroduire le tramway, en 2001. Dans la lignée de ses prédécesseurs, l’actuel maire, Ted Wheeler, un démocrate élu en 2017, s’est engagé à réduire de moitié les déchets alimentaires au sein de la commune, à faire baisser les émissions des voitures en développant encore les véhicules électriques et transports en commun. Et surtout, Portland vise 100 % d’énergies renouvelables pour 2050.