De Prague à Stockholm, la présidence de l’UE pourrait infléchir son cap

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De Prague à Stockholm, la présidence de l’UE pourrait infléchir son cap

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Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a été l’un des premiers dirigeants de l’Union européenne, le 16 mars 2022, à apporter son soutien à l'Ukraine agressée.
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a été l’un des premiers dirigeants de l’Union européenne, le 16 mars 2022, à apporter son soutien à l'Ukraine agressée.
© AFP - Ukrainian Presidency/Anadolu Agency

Alors que s’achève la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne, une page se tourne sur un engagement total auprès de l’Ukraine et, plus largement, de l’Europe centrale et orientale. Stockholm, qui reprend le flambeau, conservera-t-il cette ligne ?

Entre le 1ᵉʳ juillet et le 31 décembre 2022, Prague n’a pas ménagé ses efforts pour défendre l’Ukraine. Le Premier ministre Petr Fiala a ainsi été l’un des premiers dirigeants de l’Union européenne, le 16 mars 2022, à prendre le train, avec les Polonais, les Slovènes et les Lituaniens, pour apporter son soutien au pays agressé. Surtout, la République tchèque, présidente du Conseil de l’Union européenne, a veillé à ce que l’argent arrive toujours à Kiev. 18 milliards d’euros d’aides financières ont été votés par l’UE pour 2023.

Mais au-delà de l’Ukraine, Prague s’est engagé pour l’avenir européen des Balkans occidentaux. La Présidence tchèque a organisé un sommet important à Tirana, le 6 décembre 2022, marquant l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE pour l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine. La déclaration de Tirana réaffirme en effet "le soutien sans équivoque de l’UE à la perspective européenne des Balkans occidentaux".

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Une façon pour les anciens pays communistes d’Europe centrale d’inscrire les pays balkaniques (Albanie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo), les pays de l’Europe orientale (Ukraine, Moldavie et un jour le Bélarus) et du Caucase (Géorgie et, un jour, Arménie) sur le même chemin qu’eux-mêmes empruntèrent dans les années 1990 : adhésion à l’Otan et à l’UE, donc désarrimage de la Russie.

Tropisme européen

Mais le jour où la Croatie a adhéré à l’euro et à l’espace Schengen, une étape de plus dans l’intégration européenne de l’Europe de l’Est, la Suède a remplacé la République tchèque. Le 1er janvier 2023, Stockholm a pris les commandes du Conseil de l’Union européenne, et rien ne dit que la Suède s’inscrira dans la continuité la présidence précédente.

Certes, la Suède a toujours été pro-Ukraine. Entre 1700 et 1721, Charles XII, roi de Suède, fut l’allié des Polonais et des Ukrainiens contre le Tsar Pierre le Grand dans la grande guerre du Nord. Mais plus traditionnellement, Stockholm regarde vers l’est de la Baltique, du côté des Pays Baltes – de très nombreux Lettons se sont réfugiés en Suède durant la période soviétique –, de la Pologne, de l’Ukraine. Et Stockholm a demandé son adhésion à l’Otan pour se protéger de la Russie.

De quoi rassurer les Ukrainiens sur le tropisme suédois. À moins que cette politique ne résiste pas aux changements récents au parlement suédois. Lors des dernières élections législatives, le 11 septembre 2022, le Parti social-démocrate (SAP) est arrivé en tête avec 30,3 % des voix, mais les listes de droite emportent la majorité au Riksdag : les Démocrates de Suède (SD), nationalistes, avec 20,5 % des voix, les Modérés (MS), conservateurs, avec 19,1%, les Chrétiens-Démocrates (KD), avec 5,3% et les Libéraux (L), avec 4,6%.

Le Modéré Ulf Kristersson conduit don, depuis octobre 2022 une étrange coalition, faite de nationalistes, de libéraux ou de centristes, partagée entre l’euroscepticisme et des tropismes plus atlantistes. Comment, dès lors, s’entendre sur une politique européenne et une vision commune de la situation en Ukraine ?

Pour l’heure, la Suède, qui ne fait pas partie de la zone euro et dont les rapports avec Bruxelles sont distants, se contente de développer des thèmes libéraux dans le cadre de sa présidence européenne : le libre-échange et la suppression de tout protectionnisme. Sur l’Ukraine, qu’il n’est aucunement question d’abandonner, Stockholm souhaite maintenir l’unité des 27, à l’Ouest et à l’Est du continent. Mais l’élargissement européen ne sera sans doute pas au programme des six prochains mois.