Disputer son rôle dans l’histoire : le reenactment dans les pratiques et les institutions de l’art contemporain
Par Maison de la Recherche en Sciences Humaines
Rejouer l’histoire n’est pas un geste comme un autre, puisqu’à la faveur de la reconstitution, le temps se redéploie en cristallisant de nouveaux enjeux, entre commémoration, marchandisation, expérimentation et subversion.
Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé Reenactment / Reconstitution : refaire ou déjouer l'histoire ? qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 22 au 29 septembre 2018, sous la direction d'Estelle DOUDET et Martial POIRSON.
La ferveur pour l’histoire s’étend aujourd’hui largement au-delà des cercles initiés et paroles consacrées. Elle prend notamment la forme de reconstitutions grandeur nature, en temps réel, d’événements à caractère historique : batailles, festivités, rites religieux ou civiques, ambassades, processions, repas, spectacles ou même modes de vie... En marge du discours scientifique (qui pourtant les nourrit) et surtout du discours institutionnel (dont pourtant elles s’inspirent), les initiatives de ces "reconstitueurs" ou performeurs attestent d’un rapport de réappropriation, voire de détournement, où les publics s’emparent de l’Histoire pour vivre une expérience sensible ou sensorielle, participative et immersive.
Disputer son rôle dans l’histoire : le reenactment dans les pratiques et les institutions de l’art contemporain
53 min
À partir de la performance Two Undiscovered Amerindians Visit the West (1992-1994) de Coco Fusco et Guillermo Gòmez-Peña, du film qui en a été réalisé par Fusco et Paula Heredia, The Couple in the Cage (1993) et de l’exposition Re.Act Feminism 2. A Performing Archive (2011-2013), cette communication abordera la portée mémorielle et politique des reenactments en art contemporain. À travers eux, les artistes, les spectateurs et les professionnels des institutions muséales renégocient les représentations et les récits historiques, l’assignation des places que chacun y occupe, et la distribution des responsabilités et des pouvoirs dans leur élaboration, selon une dialectique complexe de l’archive et du vivant, du direct et du médiatisé, de la normativité et de l’agentivité (ou capacité d’agir). Quels sont les impacts de ces expériences sur les communautés et les institutions impliquées ? Participent-elles d’une mutation des rôles de l’art et des musées ?
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Anne Bénichou est professeure d’histoire et de théorie de l’art contemporain et d’études muséales à l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches actuelles sur les nouvelles formes de transmission des œuvres éphémères et performatives et sur le reenactment ont donné lieu à l’ouvrage collectif Recréer/Scripter. Mémoires et transmissions des oeuvres performatives et chorégraphiques contemporaines (Dijon, Les presses du réel, 2015), au numéro thématique "Refaire/Redoing" (Intermédialités. Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques, n°28-29, 2017), ainsi qu’à des articles dans Performance Research, Ligeia, Thema, Ciel Variable.