
Samedi 21 avril, c’est la version française du Record Store Day, la journée des disquaires indépendants. Pour l’événement, ils proposent des éditions inédites, des tirages limités, des avant-premières, des concerts et des rencontres. Les disquaires ont été confrontés à la dématérialisation de la musique et à l’explosion des supports numériques mais le vinyle opère un retour en force. Réactions chez ces professionnels indépendants.
C’est la deuxième édition, cette année, du Disquaire Day , un événement organisé par le Club Action des Labels Indépendants Français (Calif). Créée en 2002, cette association œuvre pour soutenir les disquaires indépendants avec à sa tête, David Godevais , très satisfait du succès rencontré par la première opération du Disquaire Day. Le public a répondu présent et les disquaires ont enregistré des ventes records qui atteignent, dans certains cas, jusqu'à un mois d'activité en une seule journée.
L’arrivée du numérique a eu une influence sur les disquaires, comme sur toute l’industrie musicale, mais les disquaires avaient déjà connu des difficultés encore plus profondes avant, comme l’explique David Godevais .
David Godevais, la crise
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Après l’avènement du mp3, le retour en force du vinyle
L’économie du disque a connu une crise très importante au début des années 2000 avec l’explosion d’Internet et des fichiers musicaux numériques. Aujourd’hui, la tendance se développe plutôt autour d’un renouveau du vinyle très souvent accompagné d’un CD ou de fichiers au format mp3.
Dans le 11e arrondissement, à Paris, le disquaire Fargo a une histoire un peu particulière : la boutique a été ouverte il y a deux ans par le label du même nom qui existe, lui, depuis douze ans. L’orientation musicale est basée sur une culture folk americana avec beaucoup de musique indépendante, rock et blues. L’offre ne se limite pas aux CDs et vinyles mais s'ouvre également des sérigraphies, une sélection de livres, de magazines et de DVD.
Devant la prolifération de la musique numérique et des fichiers mp3, Clément Haslé , l’un des disquaires de Fargo , affirme que les solutions existent.
Spécialisé dans un domaine musical qui se dessine en fonction des choix sur lesquels s’engagent les disquaires, Fargo touche un public ciblé. Les disquaires de la boutique ont donc très logiquement aussi investi les réseaux sociaux et utilisent les techniques Internet comme en témoigne Clément Haslé .
Fargo_Facebook
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La Fabrique Balades Sonores est une extension de l’ensemble des activités des anciennes Boutiques Sonores. Balades Sonores est ainsi devenue une identité plus globale pour identifier tous les secteurs : la boutique, le label et l’organisation de concerts. La Fabrique vient donc d’ouvrir ses portes dans le 9e arrondissement à Paris. Lieu atypique et cosy, c’est un petit salon ouvert au public qui peut y découvrir la sélection du mois, les créations de l’artiste Chicamancha, des livres, des sérigraphies… Là aussi, le disquaire Toma Changeur constate un renouveau du vinyle et même un retour des cassettes. Ces supports périssables et fragiles sont toujours proposés en édition très limitée.
Fabrique_les fichiers numériques
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Pour Toma Changeur , même si le mp3 est désormais présent partout, le rôle et la spécificité du disquaire, c’est d’offrir un accueil et des conseils que l’Internet ne pourra jamais apporter aux clients.
Une situation difficile pour tous, petits et grands
Aujourd’hui, les circuits de la grande distribution préfèrent réduire les linéaires réservés aux disques pour se concentrer sur des références, a priori, plus rentables. L’industrie du disque a ainsi toujours été pensée comme une économie traditionnelle et non culturelle, comme le souligne David Godevais , directeur du Calif.
David Godevais, les grandes enseignes
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C’est peut-être l’occasion d’une belle opportunité pour les disquaires indépendants et les lieux atypiques. Toma Changeur reconnaît que certains clients sont surpris de trouver des vinyles ou des cassettes dans sa boutique et que son rôle, c’est justement de les convaincre de l’intérêt de ces supports. La Fabrique Balades Sonores propose donc aussi quelques platines vinyles ou lecteurs cassettes pour les personnes qui ne sont plus équipées aujourd’hui. Evolution des pratiques oblige, tous ces objets, assez originaux, numérisent en format mp3 la musique qu’ils diffusent. Les clients peuvent donc continuer à profiter de la mobilité du numérique tout en ayant quelques éditions vinyles, de qualité, à la maison.
Le disquaire de la Fabrique se veut optimiste. Récemment, Toma Changeur a noté l’arrivée de nouveaux disquaires et l’ouverture d’espaces atypiques comme la boutique de Gals Rock. Ces disquaires proposent de la musique rock mais aussi des livres, des vêtements… « Ces types de lieux existent et fonctionnent à Londres, dans les pays scandinaves, à Berlin ou à New York. En France, on est encore très frileux, on segmente beaucoup, mais nous, on aime bien mélanger les choses. »
C’est bien le service, l’accueil et la qualité des conseils que les disquaires mettent en œuvre samedi, un peu partout en France pour les collectionneurs, les clients habituels et tous les curieux qui poussent la porte de ces boutiques et veulent défendre une autre façon d’écouter la musique.
Tout le programme des disquaires et des artistes le 21 avril est disponible sur le site du Disquaire Day.