Mozart | Pourquoi la musique de Mozart adoucit-elle les mœurs ? Nous fait-elle aller mieux ? Nous donne-t-elle parfois le sentiment d'être immortel ? Explications avec le pianiste Karol Beffa et l'écrivain Philippe Sollers.
Tout le monde peut avoir une excellente raison d'écouter un virtuose, nous avons demandé au compositeur Karol Beffa et à l'écrivain Philippe Sollers, auteur de "Mystérieux Mozart" (éd. Folio), quelles étaient les leurs.
Philippe Sollers et l'immortalité
Philippe Sollers : "Toi, tu vas écouter Mozart pour essayer de savoir, pourquoi, comme lui, tu pourrais être immortel. Dès que j’écoute Mozart, je reprends pied dans un ciel qui n’en finit pas et j’oublie absolument tout ce qui est terrestre, je m’envole avec lui et je suis, oh c’est extraordinaire, oh vous allez dire que je délire, mais oui j’ai l’impression d’être immortel."
Karol Beffa et le réconfort
Karol Beffa : "Mozart est très souvent consolateur. On distingue parfois ce qui est mineur de ce qui est majeur, sachez que le plus souvent, on considère que le mineur nous suggère quelque chose de triste, quelque chose de douloureux et que le majeur, au contraire, nous suggère quelque chose comme la joie, comme un certain bonheur. Et pourtant chez Mozart, on a cette chose très étonnante qui est que très souvent le majeur va nous arracher des larmes mais ce sera des larmes qui seront des larmes consolatrices et de temps en temps, le mineur a quelque chose lui aussi de très réconfortant, de très consolateur. C’est une espèce de je-ne-sais-quoi, très étonnant, très paradoxal qui fait que même quand on a l’impression qu’il nous raconte des choses tristes, il le fait avec une telle douceur que ces choses nous pénètrent l’âme et nous rendent heureux d’une certaine façon."
Vivre mieux
Philippe Sollers : "J’ai envie de renverser votre question si vous voulez vraiment écouter Mozart il faut que vous vous arrangiez absolument pour vivre mieux. Vous me direz que c’est impossible, que tout le monde vit mal aujourd’hui, que la colère est très grande, eh bien faites un décalage et mettez-vous dans la peau d’un aventurier qui veut vivre mieux, c’est-à-dire de façon plus intime, la réalité. Plus intime, c’est-à-dire que vous écoutez Mozart, vous faites abstraction de tout ce que vous pouvez entendre comme rock, comme pop, comme bruit, comme actualités, comme chanson, comme slogan. Oh là là que de bruit, que de bruit. Ça vous vieillit. Rajeunissez, d’un seul coup soyez jeune comme Mozart reste jeune. Éteignez tout et écoutez un splendide quintette de Mozart ou La Flûte enchantée, cette merveille qui va vous faire vous sentir immédiatement mieux dans un espace de liberté comme Don Juan lui-même qui crie, oh le révolutionnaire, “Viva la libertà - vive la liberté”. En ce moment, je voudrais qu’il y ait de grandes manifestations partout, non plus sur le pouvoir d’achat mais pour la liberté. La liberté n’a pas de prix. Et vous me direz que quand le frigo est vide, la liberté n’est qu’un mot, eh bien, ce n’est pas vrai. Remplissez-vous de cette nourriture formidable qu’est Mozart et vous irez mieux immédiatement je vous le garantis."