Élections américaines : cinq enseignements à tirer de cette première nuit électorale

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Élections américaines : cinq enseignements à tirer de cette première nuit électorale

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Les deux candidats étaient à 25 grands électeurs d'écart lorsque le dépouillement s'est arrêté dans la nuit du 3 au 4 novembre 2020
Les deux candidats étaient à 25 grands électeurs d'écart lorsque le dépouillement s'est arrêté dans la nuit du 3 au 4 novembre 2020
© AFP - Mandel NGAN / Roberto SCHMIDT

Alors que l'incertitude est totale et que les dépouillements des bulletins de vote reprennent, que retenir de cette première nuit électorale ? Les enseignements seront sûrement nombreux en bout de course, lorsqu'un président sera élu. Mais certaines conclusions peuvent d'ores et déjà être tirées.

Le candidat démocrate Joe Biden est pour l'instant crédité de 238 grands électeurs contre 213 pour le président républicain sortant Donald Trump, selon les dernières projections de l'institut Edison Research mercredi vers 10h30 heure de Paris. Au total, 538 grands électeurs composent le Collège électoral et une majorité de 270 est nécessaire pour être élu président des États-Unis. Il reste maintenant à terminer le dépouillement des bulletins de vote dans la quasi totalité des Etats, et notamment des bulletins de vote par correspondance, réputés pour être plutôt en faveur des démocrates. 

1. Donald Trump n'était finalement pas "un accident de l'Histoire"

L'élection de Donald Trump en 2016, vécue dans le monde entier comme une surprise, était vue par beaucoup (surtout les critiques) comme un accident de parcours dans l'Histoire américaine. Ou tout du moins comme un coup de gueule à l'instant T d'une partie de la population. Mais avec l'élection serrée de cette année, le mouvement est plus profond.

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Bien entendu, Donald Trump l'a bien compris, et tente de capitaliser sur cette donnée. Il s'est d'ailleurs attiré les critiques après son premier point presse de sortie des urnes : il y a annoncé sa victoire et a affirmé vouloir réclamer devant la Cour suprême l'arrêt du dépouillement des bulletins restants. Depuis, il a tweeté de nouveau, laissant clairement entendre qu'il est victime de fraudes.

La nuit dernière, je menais, souvent nettement, dans plusieurs États clés. Maintenant, un par un, ils ont disparu comme par magie au fur et à mesure que les votes surprise pourris étaient comptabilisés. TRÈS ETRANGE.

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Twitter a alerté dans la foulée sur les informations douteuses contenues dans ce message. 

Donald Trump maintient que le dépouillement aurait dû être arrêté le soir du 3 novembre. La Constitution ne prévoit aucunement que tous les bulletins doivent être dépouillés le soir même du scrutin et qu'un président doive automatiquement être proclamé ce même soir. Mais Donald Trump joue un coup de bluff, lui qui a toujours voulu éviter un dépouillement des votes par correspondance, habituellement favorables aux démocrates. 

L'Invité(e) des Matins
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Pour l'historienne Sylvie Laurent, auteure du livre "Pauvre petit blanc" (Ed. Maison des Sciences de l'Homme, septembre 2020), rien n'est le fruit du hasard dans cette élection :

Ce n’est pas l’expression d’une colère, c’est un choix parfaitement rationnel que font les Américains, Donald Trump vient de le répéter.

"Ce qu’il dit, c’est que tout cela était parfaitement préparé : il a assuré les nominations à la Cour suprême pour ce jour précis ;  il répète depuis des semaines qu’il y a de la fraude, sans la moindre preuve, parce qu’il sait que potentiellement il peut rejouer ce qui s’est passé en 2000 ; il a nommé une juge pour qu’elle puisse influer en sa faveur… Il explique comment, sur le très long terme, comment il a construit sa victoire."

La Question du jour
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2. L'économie a joué un rôle plus important que prévu

"It's the economy, stupid !" Cette phrase du conseiller de Bill Clinton, James Carville, lors de la campagne présidentielle de Clinton en 1992, pourrait bien s'appliquer à ce scrutin. Donald Trump a fait campagne sur ses "résultats" depuis 2016 en matière économique. 

Les Américains ont plutôt une bonne opinion de Trump sur le plan économique. Avant la pandémie, le taux de chômage était à 3,7% sur l'année 2019, à un point de moins qu'en 2016. Donald Trump s'est approprié les thèmes populaires, comme l’économie, dans l'objectif de s'assurer le victoire cette année encore, comme il l'avait fait face à Hillary Clinton en 2016.  

3. Plusieurs élus LGBTQ+ 

L’État du Delaware a fait un choix qu’aucun autre État américain n’avait fait avant lui : élire une candidate démocrate transgenre, Sarah McBride. Une première aux Etats-Unis : Sarah McBride, femme transgenre et militante, élue sénatrice.

Sarah McBride est née Tim. Elle vient de Wilmington, la ville de Joe Biden. 

Elle a travaillé avec le fils du candidat démocrate, Beau, ancien procureur général du Delaware, décédé en 2015 d'un cancer. Âgée de 30 ans, elle a travaillé à la Maison Blanche lorsque Joe Biden était vice-président de Barack Obama. Dès la consolidation de ses résultats, elle a annoncé son élection : la jeune femme milite contre les discriminations de genre et la défense des droits LGBTQ+. En 2013, en tant que porte-parole d'une législation sur les crimes de haine envers les personnes transgenres, elle a fait adopter une loi dans le Delaware qui protège les transgenres et leur identité dans le domaine de l'emploi, du logement et de la vie publique. Outre Sarah McBride, les candidats LGBTQ+ ont remporté plusieurs victoires importantes lors de ces élections. Selon des estimations, au moins 35 des 574 candidats LGBTQ+ inscrits pour cette élection - un record - auraient décroché mercredi matin un siège au Congrès, Ritchie Torres devenant le premier afro-latino homosexuel et Mondaire Jones le premier noir gay à y siéger.

4. Les complotistes de QAnon ont une élue

À la Chambre des représentants (dont les membres devaient être renouvelés également la nuit dernière), l'État conservateur de Géorgie a élu Marjorie Taylor Greene, avec 74% des voix. Un véritable plébiscite pour cette républicaine qui soutient Donald Trump, proche du mouvement complotiste QAnon. Avec elle, cette mouvance conspirationniste et adepte des fake news fait donc son entrée au Congrès.

Pour Marjorie Taylor Green, comme pour tout le mouvement QAnon, Donald Trump mène une guerre secrète contre une secte mondiale. Les États-Unis sont dirigés par des responsables politiques (Obama, Clinton) et des stars de Hollywood. Selon elle, il faut "éliminer cette cabale mondiale de pédophiles satanistes" et elle estime que Donald Trump est "le meilleur pour cela". 

5. Les femmes de "la bande" toutes réélues

Les quatre élues de couleur de la gauche démocrates, à commencer par la jeune star démocrate du Congrès d'origine portoricaine Alexandria Ocasio-Cortez, ont été facilement réélues mardi au Congrès. 

"AOC" a remporté largement le duel qui l'opposait au républicain John Cummings, avec 68,5 % des voix contre 30,6 %, avec 91 % des bulletins dépouillés, selon les médias américains, dans la 14e circonscription new-yorkaise

AOC et la "bande" qu'elle a formée avec Ayanna Pressley, du Massachusetts, Ilhan Omar, du Minnesota et Rashida Tlaib, du Michigan, sont devenues l'une des cibles préférées de Donald Trump et des républicains : pour eux, "The Squad" ou "AOC +3" sont l'incarnation de la dérive "gauchiste" du parti démocrate.

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