Coronavirus, une conversation mondiale. Elle a été l'une des voix de la révolution tunisienne et a fait résonner un chant de liberté, "Kelmti Horra", rue Bourguiba à Tunis en 2011. La chanteuse Emel Mathlouthi s'interroge aujourd'hui, depuis New-York, sur le sens à donner à nos vies déconfinées.
Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu en mars une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier. Cette série a dû prendre fin malheureusement après le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? ». Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons. Depuis le 24 avril, Le Temps du débat est de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici.
Emel Mathlouthi est l'une des figures artistiques de la révolution tunisienne en 2011. La chanteuse est, entre autres, l'autrice, compositrice et interprète de "Kelmti Horra" - Ma parole est libre-, chanson qui fut l'hymne du printemps arabe tunisien.
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Depuis New-York, celle que l'on connait pour ses chansons et combats en faveur de la liberté et des droits humains, nous livre aujourd'hui un texte aux réflexions aussi existentielles qu'intemporelles.
Depuis ma fenêtre sur west 4th street au sud de Manhattan, j’entends la rue qui grouille de monde.
Je vois des gens qui essaient de rattraper les milliers d’heures passées dedans, coincés chez eux, qui leur ont été volées ces derniers mois.
J’ai longtemps réfléchi à ce que nous devrions envisager le moment venu, si nous pouvions reprendre une vie normale.
Mais notre vie était-elle normale ?
Que l’on soit artiste, boulanger, employé de bureau, travailleurs et travailleuses de part le monde, notre vie était toute déterminée. Condamnés ou plutôt damnés à courir, contre la montre, du lever jusqu’au coucher. Y compris nos vacances étaient devenues stressantes.
Pendant le confinement, j’ai repris des conversations longtemps oubliées, j’ai reparlé quotidiennement avec des relations longtemps délaissées.
J’ai joué avec ma fille par plaisir des centaines de fois.
J’ai discuté avec mon père, sur des milliers de sujets intéressants et profonds.
J’ai rejoué de vieilles mélodies par amour et non pour préparer un projet ou un concert.
J’ai arrêté de me demander ce que j’allais devenir et si j’avais assez avancé dans ma vie.
Pourquoi avons-nous accepté de se faire voler nos plaisirs simples et tellement humains ?
Pourquoi nous sommes-nous résignés à devenir des machines à efficacité et de rendement ? À se considérer le nombril du monde tout en se tuant à petit feu ?
Tout d’un coup, tout s’est arrêté, la course, la compétition et nous avons ouvert les yeux. Une autre manière de vivre, réellement vivre, était-elle possible ? Une vie où nous avons le temps d’être humble, d’avoir de l’empathie, du temps pour nos familles, nos amis ?
Vous retrouverez le dernier titre d'Emel Mathlouthi "Everywhere we looked was burning" ci-dessous et sa page YouTube ici.
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Emmanuel Laurentin avec l’équipe du « Temps du débat ».
Retrouvez ici toutes les chroniques de notre série Coronavirus, une conversation mondiale.