Emotions fortes
.
Écouter
2 min
C'est l'émotion forte qu'on attendait depuis le début du festival. Avec Still The Water , Naomi Kawase nous a bouleversé. Et pourtant, son histoire est simple. Une fille et un garçon, Kyoko et Kaito, qui découvrent l'amour. La mère de l'une se meurt, les parents de l'autre sont absents. On est sur l'île japonaise d'Amami, où les habitants voient un dieu dans chaque arbre et chaque pierre. Et nos jeunes gens d'apprendre à prendre conscience du monde et de la nature qui les entourent, du cycle de la vie et de la mort, de la beauté d'une lune derrière les nuages ou des jeux du soleil dans les branches d'un banian multiséculaire. Il y a dans ce film non seulement une des plus belles scènes de décès jamais tournées, qui nous a emportés par sa douceur même comme un typhon furieux, mais aussi un sentiment de plénitude et de sérénité qui évoque les plus beaux dessins animés de Miyasaki, sauf que là c'est en vrai. C'est, à ce jour, notre grand favori pour la Palme d'or.
C'est vrai que c'est nouveau, une star de cette amplitude chez les cinéastes belges. Chez eux, on découvre habituellement des personnages, qui révèlent des acteurs, comme Emilie Dequenne, Olivier Gourmet et Jérémie Renier. Alors, cette incursion de la Môme Cotillard en territoire dardennien ? C'est un excellent film, certains parlent même d'une troisième Palme d'or !, qui suit les pas de Sandra, dépressive mais combattive ouvrière. Elle doit, en un week-end, convaincre ses collègues de renoncer à leur prime de 1.000 euros pour qu'elle ne soit pas licenciée. Solidarité contre individualisme, choix moraux et dignité, mise en scène discrète mais toujours juste, on aime beaucoup le film... malgré Marion Cotillard. Non qu'elle soit mauvaise, elle livre là une grande performance, mais c'est souvent difficile d'oublier que c'est une actrice qui joue, là où on voudrait voir un personnage. Un personnage aussi fort que le couple de migrants africains d'un très beau premier film français, Hope , de Boris Loujkine, découvert à la Semaine de la Critique. Un cinéaste pas très loin des Dardenne, finalement, par les choix moraux qu'affrontent ses héros dans l'enfer moderne de l'émigration clandestine. Une belle journée, aujourd'hui à Cannes !