A l’issue de 18 mois de négociations secrètes, Raul Castro et Barack Obama ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, après 52 ans d’embargo. Les Etats-Unis vont ouvrir une ambassade à La Havane dans les mois à venir et se disent prêts à accueillir Raoul Castro pour sceller cette réconciliation.
« Todos somos americanos » : nous sommes tous Américains, c'est par ces mots en espagnol que le président américain
Barack Obama a signé le rapprochement historique hier avec Cuba (en anglais). Le dirigeant cubain Raul Castro s’exprimait au même moment, remerciant le pape pour son entremise. Ces deux déclarations télévisées sont historiques.
Mais comme le précisait Raul Castro dans son allocution, tout n’est pas réglé, notamment sur le « problème principal » : l’embargo américain.
Aux Etats-Unis, Barack Obama doit encore convaincre les parlementaires, dont beaucoup refusent toute normalisation avec Cuba. La diaspora cubaine, très forte à Miami, reste également hostile à ce rapprochement.
Ecoutez les déclarations historiques des deux présidents :
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Nous allons mettre fin à une politique dépassée qui a échoué pendant des décennies à servir nos intérêts. A la place, nous allons commencer à normaliser les relations entre nos deux pays. A travers ce changement, nous souhaitons créer plus d’opportunités pour les Américains et les Cubains, et nous allons commencer un nouveau chapitre de l’Histoire de l’Amérique. Les Etats-Unis ont soutenu la démocratie et les droits de l’Homme au cours des 50 dernières années à Cuba, et toute cette politique a été menée avec les meilleures intentions du Monde. Mais aucune autre nation ne nous a suivi pour imposer ces sanctions. Et elles n’ont pas été efficaces, au-delà de contraindre le gouvernement cubain à contraindre sa population. Aujourd’hui, Cuba est toujours gouverné par le clan Castro, et le parti communiste arrivé au pouvoir il y a un demi-siècle. Ni les Américains ni les Cubains ne tirent bénéfice d’une politique qui a été mise en place suite à des événements qui se sont passés avant que la plupart d’entre nous soient nés.
Barack Obama

**Cette décision du président Obama mérite le respect et la reconnaissance de notre peuple. Nous avons accepté le rétablissement de relations diplomatiques avec les Etats-Unis, mais cela ne veut pas dire que l’essentiel est résolu. Le blocus économique comme financier qui a fait énormément de mal à notre pays doit cesser, et on doit apprendre l’art de vivre ensemble avec nos différences. **
Raul Castro
Pourquoi un tel geste du frère de Raoul Castro ? Ecoutez l'analyse d'Olivier Dabène, chercheur à l'Observatoire Politique de l'Amérique latine et des Caraïbes , au sujet d'une île qui ne bénéficie plus de l'aide de Moscou, et d'un leader maximo beaucoup plus pragmatique que son frère :
Raoul Castro le pragmatique. Analyse d'Olivier Dabène, de l'Observatoire Politique de l'Amérique latine et des Caraïbes
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La fin de ce volet de la guerre froide est aussi le fruit de l'entremise du Canada et de la diplomatie vaticane, saluée par Barack Obama. Notre correspondante à Rome, Anaïs Feuga, détaille le rôle du pape François :
Le rôle du Vatican dans le rapprochement diplomatique entre les USA et Cuba. Par Anaïs Feuga
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Mais malgré les déclarations très volontaristes, la situation ne va pas se résoudre rapidement. Barack Obama doit encore convaincre les parlementaires du Congrès, mais il espère une levée de l’embargo sur Cuba avant la fin de son mandat présidentiel, en novembre 2016. A Washington, les précisions de Frédéric Carbonne, notre correspondant permanent :
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Autre obstacle pour Barack Obama, l'opposition d'une grande partie de la communauté cubaine des Etats-Unis à un rapprochement avec l'île et ses dirigeants actuels considérés comme responsables de la situation actuelle à Cuba. Car si la nouvelle annoncée de l'embargo américain a provoqué des scènes de liesse à la Havane, à Miami, en revanche, on apprécie très moyennement ce changement de comportement des Etats-Unis. Les explications de Ludovic Piedtenu :
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> Ecoutez aussi à ce sujet : **
- la première partie des Matins. Avec pour invités, l'historien André Kaspi et l'écrivain et cinéaste français d'origine cubaine Edouardo Manet.
** - la chronique "
Le Monde selon" d'Edwy Plenel, sur "El bloqueo de Cuba : la fin d'une ignominie".
- la table-ronde de Culturesmonde : Vers un Cuba libéré ?
