Être européen, c'est quoi ? pour Simone Veil, Aron, Souchon, Duris...
Par Véronique Vila, Camille Renardarchives | Alors que les élections européennes approchent, on s'interroge : au fond, qu'est-ce que c'est qu'être européen ? Une dizaine d'intellectuels et artistes donnent leurs éléments de réponse. Et pour vous, c'est quoi l'Europe ?
Être européen, c'est quoi ? 16 artistes, intellectuels ou anonymes, donnent leur réponse, forcément subjective.
Fanny Ardant, 2001 : "Moi j'ai souvent dit que j'aimais l'Europe. J'aime le cinéma italien, espagnol, anglais, tchèque... Moi je pense toujours de l'Atlantique à l'Oural, comme le général De Gaulle. Donc moi j'aimais bien l'idée des monnaies, j'aimais bien tout ce qui était différent quand on voyageait. Je trouve que l'Europe se fait plus à travers l'art et le rêve qu'à travers la monnaie unique, oui."
Jean-Marc Barr, 1998 : "Je tourne en Italie, à Rome, à Copenhague, à Londres, à Dublin. Pour moi l'Europe est un énorme Disneyland, mais dans le bon sens du terme, parce qu'il y a tellement de choses à apprendre et justement avec les ouvertures de frontières en Europe, je pense qu'on va mieux communiquer et découvrir une vraie culture européenne."
Raymond Cartier, 1961 : " Non, il n'est pas question, et j'espère qu'il ne sera jamais question, d'avoir la même justice de paix à Palerme et à Hammerfest, la même école primaire à Galway et à Fribourg-en-Brisgau, l'Europe de demain sera fédérale."
Edgar Morin, 1993 : "Plus on élargit l'identité, plus elle semble devenir floue, mais en réalité dans le monde où nous sommes cette identité européenne devient de plus en plus concrète parce que de plus en plus, il y aura des mariages mixtes, il y aura des choses qui nous feront européens, sans cesser d'être français."
Romain Duris, 2002 : "À mon avis, la jeunesse est prête à se mélanger en Europe, moi je lui fais confiance totalement là-dessus. Moi je ne ressens pas la même chose qu'avec les jeunes Américains."
Jean d'Ormesson, 2008 : "L'Amérique est une, l'Europe est encore hélas très multiple."
Micro-trottoir, 1987 : "L'Europe c'est quoi pour vous ? - Ah ! c'est euh....C'est pas grand chose. - Ça ne vous inspire pas beaucoup, l'Europe ? - Pffff... - Moi ça ne m'inspire pas tellement. Ça ne me dit rien parce que ça ne me parle pas. - C'est vague ! - Ça ne me parle pas ! - Ça vous parle ?"
Charles de Gaulle, 1962 : "Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l'Europe. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé, écrit en quelque espéranto ou volapük intégré."
Alain Souchon, 1986 : "C'est un truc démodé la France. Économiquement parlant, ça n'existe pratiquement plus, ni l'Angleterre, ni l'Espagne ni l'Italie, c'est des pays qui sont vieillots au point de vue économique et à mon avis l'avenir c'est l'Europe."
Robert Schuman, 1951 : "Aucune autre politique n'est capable de sauver les pays européens de leur division, de leur antagonisme et de leur impuissance."
Jean Monnet, 1970 : "Je pense que les Anglais résistent aux idées, ils ne résistent pas aux faits. Et j'étais convaincu alors que si les Anglais ne se joignaient pas à nous à ce moment, ils y viendraient plus tard, lorsque nous aurions réussi, mais il fallait le démonter."
Régis Debray, 2017 : "Toutes les fois que l'Europe a existé au cours de l'Histoire, je constate hein, il y a toujours eu un ennemi fédérateur. Et nous, nous avions Staline, c'était formidable."
Raymond Aron, 1978 : "Nous souffrons précisément, tous les pays d'Europe occidentale, de n'avoir plus ni l'ambition impériale, ni l'ambition de l'unité européenne, ni l'ambition de transformer le monde. D'une certaine manière, que nous le voulions ou non, nous sommes en train de nous transformer TOUS en Suède ou en Suisse."
Henning Mankell, 2004 : "L'Afrique m'a permis de voir plus clairement ce que signifie être européen. Par exemple, aujourd'hui je vois également plus clairement que le système européen, le système politique et démocratique, même s'il est fragile, est le meilleur."
Jean-Claude Barreau, 1999 : "Au nom de l'Europe, on a réussi à se débarrasser du suffrage universel. Cette conjonction entre les banquiers, et la petite classe moyenne de gauche bien pensante a fait que cela a été possible."
Jean-Pierre Chevènement : "On parle de critères de convergence, de réduction des déficits, on parle de concurrence d'harmonisation, de choses extrêmement complexes et je crois que les peuples aujourd'hui ne s'y retrouvent pas."
Simone Veil, 1979 : "Les élections européennes sont des élections pour la France. Elles vont décider de notre avenir, de votre avenir à vous toutes et à vous tous qui cherchez aujourd'hui des raisons d'espérer."