« Les Mille et Une Nuits » à l'Odéon-Théâtre de l'Europe à Paris
Une création de Guillaume Vincent
« Les Mille et Une Nuits » de Guillaume Vincent
Avec Alann Baillet, Florian Baron, Moustafa Benaïbout, Lucie Ben Dû, Hanaa Bouab, Andréa El Azan, Émilie Incerti Formentini, Florence Janas, Makita Samba, Kyoko Takenaka, Charles-Henri Wolff
Les Mille et Une Nuits : “un des plus beaux titres du monde”, écrit Borges.
Guillaume Vincent en résume ainsi le contenu : “un roi est trahi par son épouse, il la décapite ; dorénavant il épousera chaque jour une fille nouvelle qu’il déflorera et exécutera le matin même. Schéhérazade sauve sa tête en commençant une histoire qu’elle interrompt à l’approche du jour. Le roi lui laisse la vie sauve, il veut connaître la suite, ainsi les récits s’enchaînent sans interruption durant mille et une nuits”.
Les Mille et Une Nuits sont donc une œuvre sur le fil. Fil d’un récit dont chaque épisode est une perle – et il y en a plusieurs centaines, allant du merveilleux au scabreux, du franchement glauque au quasi-vaudeville. Fil du rasoir, car le plaisir du conte est ici nécessité vitale : que Schéhérazade cesse de plaire, et sa voix se taira à jamais. Fil d’un labyrinthe, épousant les méandres inextricables du désir et de la mort.
Tel que le rêve Guillaume Vincent, qui signe le texte de cette adaptation très personnelle, ce dédale entretissant la cruauté et la sensualité, l’ironie et la naïveté, s’inscrit dans la lignée de son précédent spectacle, Songes et Métamorphoses d’après Shakespeare et Ovide. Il est l’occasion d’un libre voyage scénique entre Orient et Occident, sans autre but que de se perdre entre les “univers réels et fantasmés”, à la recherche d’un autre monde où la paix serait enfin retrouvée.
“Les Mille et Une Nuits”, conclut le metteur en scène, “ou comment le pouvoir de la fiction est capable d’arrêter la barbarie”.
Guillaume Vincent intègre en 2001 l’école du TNS (alors dirigée par Stéphane Braunschweig) dans la section Mise en scène. Avec la dramaturge Marion Stoufflet, il y fonde la Compagnie Midiminuit en 2003, et conclut sa formation au TNS avec La Fausse suivante de Marivaux. Les années suivantes, qui attestent son goût pour l’expérimentation foisonnante et sa culture de cinéphile, sont marquées par des mises en scène de Lagarce, des performances, un travail d’artiste associé (2009-2011) au CDN de Besançon, où il crée L’Éveil du printemps de Wedekind. Il fait également partie du collectif artistique de la Comédie de Reims, où il monte Le Bouc et Preparadise Sorry Now de Fassbinder (2010).
Depuis 2012, il écrit aussi ses propres textes : La nuit tombe... (une rêverie hantée, créée pour la 66e édition du Festival d’Avignon), Rendez-vous gare de l’Est (un monologue élaboré à partir d’entretiens avec une jeune femme maniaco-dépressive), Forêt intérieure (la Mousson d’été, 2014)...
Guillaume Vincent poursuit par ailleurs une activité de formateur et de pédagogue un peu partout en France. À l’opéra, il a créé deux œuvres contemporaines (The Second Woman et Mimi) au Théâtre des Bouffes du Nord.