Concert Fiction "Moby Dick" d'Herman Melville en public au Studio 104 de la Maison de la radio
Librement adapté par Stéphane Michaka et réalisé par Cédric Aussir Enregistrement public au studio 104 de la Maison de Radio France, le 5 octobre à 11h et à 20h
Nantucket, Massachusetts, vers 1840. Un « désir fou de grand large » conduit le jeune Ismaël à embarquer comme matelot sur le Péquod. Ce baleinier a pour capitaine un certain Achab, dont la jambe a été broyée par Moby-Dick, le plus monstrueux cachalot jamais harponné par des marins. Tandis qu'il gagne la haute mer, la vie aventureuse voulue par Ismaël se transforme en quête métaphysique. Car une inextinguible soif de vengeance tourmente Achab, qui lance ses hommes à la poursuite du Léviathan qui hante les océans…
En ce jour, l'Éternel frappera de sa dure, grande et forte épée, Le léviathan, serpent fuyard, Le léviathan, serpent tortueux ; et il tuera le monstre qui est dans la mer.
(La Bible, Livre d'Ésaïe)Publicité
Moby-Dick est publié à Londres sous le titre The Whale le 18 octobre 1851, et à New York un mois plus tard, le 14 novembre, sous le titre Moby-Dick ; or, The Whale.
Enregistrement public au studio 104 de la Maison de Radio France
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Aux sources de Moby-Dick
En 1839, onze ans avant la publication de Moby-Dick, paraît dans le mensuel new-yorkais The Knickerbocker un long récit intitulé Mocha Dick ou le Cachalot blanc du Pacifique, fragment d'un journal manuscrit. Ce texte, qui se présente comme la transcription fidèle d'un récit de marin, décrit un cachalot d'une taille démesurée, « blanc comme neige », qui vers 1810 a coulé de nombreux navires près de l'île de Mocha au large du Chili. Son auteur, J. N. Reynolds, y désigne le cachalot blanc comme « le monarque des mers » et « notre léviathan », avant d'évoquer les intentions maléfiques que lui prêtent les marins. Autant d'éléments retenus par Melville qui transformera Mocha en Moby-Dick. Mais davantage que le texte de Reynolds, qui porte sur un animal légendaire, c'est un témoignage authentique, le Récit du naufrage du navire baleinier « Essex » de Nantucket, signé Owen Chase et paru en 1821, qui frappa Melville. Ce compte-rendu saisissant de l'attaque d'un baleinier par un cachalot enragé trouvera de nombreux échos dans Moby-Dick. On lit notamment dans le récit de Chase : « Il y avait [dans l'aspect du cachalot] une fureur vengeresse décuplée. Des lames se brisaient en tout sens autour de lui, et il laissait un sillage d'écume d'une perche de largeur, produit par les coups de battoir continus de sa queue. Il avait la tête à demi hors de l'eau, et c'est ainsi qu'il vint vers nous et frappa une nouvelle fois le navire. »
Libre adaptation Stéphane Michaka
Réalisation Cédric Aussir
Composition Fabien Waksman
Avec l'Orchestre National de France
Direction d'orchestre Debora Waldman
Bruitages Sophie Bissantz
Distribution
Ismaël Robinson Stévenin
Achab Hervé Briaux
Pip Gaël Kamilindi de la Comédie-Française
Quiqueg Slimane Yefsah
Elie Mikaël Chirinian
Starbuck Grégoire Monsaingeon
Gardiner Bruno Abraham-Kremer
Note de l'adaptateur
Chevaliers et écuyers », « Cétologie », « La Blancheur du cachalot », « Le souffle spectral », « Cétacé et gastronomie », « Dépeçage », « Ambre gris », « La Chasse »... Ces intitulés de chapitres, choisis au hasard parmi les 135 qui composent le roman, révèlent le caractère hybride de Moby-Dick : roman d'aventures et encyclopédie du cachalot. Melville a mené de front ces deux livres pour n'en faire qu'un seul. À ses lecteurs de découvrir que l'érudition peut être palpitante, et le souffle épique porteur d'une pensée profonde. Pour cette adaptation radiophonique, j'ai privilégié les scènes les plus conflictuelles et d'autres plus propices à la rêverie. Melville est un des grands — peut-être le plus grand — des romantiques américains, et le XIXe siècle nous a appris que la rêverie est indissociable de la pulsion de vie. Les quinze scènes que j'ai adaptées et traduites de l'original forment à mes yeux le noyau tragique et onirique du roman. Elles ne peuvent donner qu'un aperçu de la démesure du roman de Melville. Mais un orchestre symphonique ; un jeune compositeur hanté par le romantisme ; une troupe blanchie sous le harnais des houles orchestrales... Que souhaiter de plus pour faire entendre les battements de cœur de la Baleine Blanche ?
Stéphane Michaka
Note du compositeur
Nul ne peut rester insensible à la lecture de Moby-Dick, texte d’une rare force évocatrice.
Une mystérieuse prophétie, un narrateur épris de liberté, un capitaine rongé par une sombre idée fixe vengeresse, un monstre marin
légendaire, tant d’ingrédients propices à l’éveil et la stimulation de notre imagination.
A la manière d’un opéra romantique, j’ai choisi d’accompagner les principaux personnages par un leitmotiv qui le poursuivra pendant toute l’œuvre, donnant une dimension inéluctable au combat titanesque qui oppose Achab et la baleine blanche.
La dimension métaphysique du roman, magnifiquement conservée dans cette adaptation de Stéphane Michaka, m’a particulièrement inspiré. En Moby Dick et Achab, deux visages de la monstruosité s’affrontent, l’un humain et dévoré par la folie, l’autre fantastique à travers la représentation d’un Léviathan invincible. La figure d’Achab évoque avec vigueur et cruauté la volonté terriblement humaine de tenter, tel un Prométhée moderne parcourant l’océan, de transcender sa condition et se faire l’égal d’un dieu, quitte à en perdre son humanité.
Le souffle épique du texte nécessitait l’usage d’un grand orchestre, dont la puissance et les infinités de couleurs accompagnent Achab et son équipage à travers son voyage et sa quête de vengeance.
Embarquez avec Ismaël notre narrateur à bord du Pequod, et prenez garde à la prophétie de la vieille squaw !
Fabien Waksman
Note du réalisateur
Il y a quelque chose de pulsionnel dans Moby-Dick. Un élan, une irrésistible énergie que je veux faire entendre avec cette démesure que permet le concert-fiction. Comme une ultime réponse à la mélancolie, embarquer sur le Pequod aux côtés d’Ismaël, et se lancer à la poursuite du « monstre » des mers, se révèle être une quête quasi mystique, un voyage sur les mers lointaines de l’imaginaire aux palpitantes et périlleuses saveurs... C’est vers cette promesse de grand large et d’aventures que je me suis dirigé, en nous immergeant dans l’ivresse d’un maelström de voix, de sons et de musique, attiré par le souffle de cette insaisissable baleine, à la puissance éminemment - et radiophoniquement - fantasmagorique.
Cédric Aussir
Diffusion sur France Culture Fiction/Théâtre et Cie le 27 octobre à 21h
Coproduction France Culture / Orchestre National de France