'FinX' : un moteur de bateau électrique qui s'inspire de la nageoire du dauphin
Par Annabelle Grelier
Demain l'éco. Depuis sa création en 2019 par Harold Guillemin, FinX enchaîne récompenses et levées de fonds qui vont lui permettre dès cet été de commercialiser son premier moteur électrique à membrane ondulante. Plus économe, plus propre, le moteur Fin 5 est une petite révolution dans le monde du nautisme.
Il a beau être détenteur de 7 brevets, il n'est pas l'inventeur de cette technologie. Harold Guillemin, le fondateur de FinX, l'avoue humblement : c'est l'associé de son père aujourd'hui à la retraite, Jean Baptiste Drevet, qui l'a mise au point il y a quelques années. Conçue pour des pompes industrielles, c'est en revanche lui en tant que jeune salarié de cette première jeune pousse familiale qui en a fait une innovation pour le monde du nautisme.

Harold Guillemin, jeune ingénieur passionné de biomimétisme, a créé son moteur pour bateaux en s'inspirant tout bonnement des poissons. Et aucun n'utilise la rotation pour se mouvoir, fait il justement remarquer. Par la simple observation, il est aussi facile de noter qu'un dauphin nageant à deux mètres de vous ne fait aucun bruit quand un moteur thermique à hélice à deux-cents mètres fait tout de même beaucoup de bruit, sans parler des odeurs d'essence et d'éventuelles tâches d'huiles qu'il génère sur l'eau.
12% des émissions de gaz à effet de serre du transport mondial sont imputées au transport maritime. Nous avons à cœur chez FinX de participer à l’émergence d’une mobilité nautique plus responsable.
La technologie à membrane ondulante comporte en effet de nombreux avantages. En supprimant l'hélice, on supprime déjà le danger qu'elle représente pour la faune, la flore et les utilisateurs. Véritable hachoir installé à l'arrière d'un bateau, les hélices peuvent d'une part blesser et provoquent des remous, un brassage de l'eau assez néfaste pour la vie sous marine. Alors que la membrane, même en fonctionnement, peut être touchée sans risque, insiste Harold Guillemin.
Seuls la membrane et les aimants oscillent. Nul besoin d’essence ou d’huile. Résultat : pas d’odeur, pas de tâche d’huile, pas de carburant ou de gaz d’échappement rejetés dans l’eau. La durée de vie de la membrane est de deux ans et peut être remplacée en quelques minutes.
D'un point de vue mécanique, supprimer l'hélice revient en effet à supprimer toutes pièces de rotation. Pas de vilebrequin, pas de réducteur, pas de filtre, autant de pièces qui peuvent s'encrasser, casser, se corroder. Aucun risque également de s'emmêler dans les algues, les bouts et les fils de pêche.
"C'est la nageoire du dauphin que l'on reproduit avec ce système là" raconte Harold Guillemin. Reportage d'Annabelle Grelier
3 min
Technologie de rupture
Pour concevoir son moteur, FinX s'est efforcé de reproduire l'ondulation d'une nageoire de poisson. Dans son atelier, démonstration à l'appui, Harold Guillemin nous donne une petite leçon de mécanique des fluides.
Le moteur électrique linéaire vient faire vibrer une membrane souple en élastomère qui crée une accélération du fluide et par effet Venturi permet la propulsion avec un flux en ligne droite.
Le Fin5, son premier moteur de 2kW - équivalent à 5 CV thermiques - est dédié aux petites embarcations, annexes et voiliers jusqu'à 3 tonnes. Sur le point d'être industrialisé en Normandie, il sera commercialisé dès cet été. Ce premier modèle s'adressera aux particuliers, qui sont plaisanciers, ainsi qu'aux professionnels, loueurs de bateaux sans permis, distributeurs spécialisés ou encore les parcs naturels.

Cette technologie encore récente a su attirer l'enthousiasme des investisseurs. La jeune pousse termine sa deuxième levée de fonds de 5 millions d'euros qui va lui permettre de recruter. L' équipe d'une dizaine de salariés va doubler ses effectifs d'ici la fin de l'année pour accélérer son développement.
Transition écologique
Lauréat de l'appel à innovation de France Mobilités pour promouvoir la mobilité verte lors des Jeux olympiques de Paris en 2024, FinX s'est fixé l'objectif ambitieux de concevoir un moteur plus puissant de 150 chevaux alimenté par une pile à hydrogène.
Le Fin 150 pourra non seulement motoriser les bateaux de transport de passagers mais il devrait également équiper l'embarcation qui transportera la flamme olympique prévue d'arriver par la Seine lors de la cérémonie d'ouverture des JO.

Avec 20 fois moins d'impact sur l'environnement qu'un moteur thermique, le moteur à membrane de FinX cherche à s'inscrire dans un mouvement plus large de transition écologique.
La jeune pousse a créé un cercle de réflexion baptisé BaseX, lancé au printemps 2020, en pleine crise sanitaire nous raconte Alexandra Corsi Chopin, chargée de communication chez FinX.
Nous donnons la parole à des personnalités qui œuvrent pour un monde meilleur, par le biais d’interviews publiées sur nos réseaux. C’est aussi la volonté d’aiguiller FinX dans son chemin pour une révolution nautique et maritime.
Ingénieurs, navigateurs, artistes, politiques, philosophes abordent des sujets sociétaux majeurs comme la transition énergétique, les transports ou encore le biomimétisme et témoignent sur leur façon d’agir et de leur engagement pour proposer un futur plus clément, en harmonie avec la nature. Un livre recueillant tous ces témoignages a d'ailleurs été édité avec pour titre Savoir pour Agir – Vers une autre accélération.

Parrainée par le navigateur Loïc Peyron, la jeune pousse espère entrainer dans son sillage toute une génération plus consciente et soucieuse des enjeux climatiques.
> Découvrez ici tous les reportages de 'Demain l'éco' sur la transition économique