Arrêtée au Mexique en 2005, la Française Florence Cassez attendait la décision de la Cour suprême ce 21 mars. Deux juges se sont prononcés pour la libération, trois contre : la Française reste en détention. Le dossier sera renvoyé à une audience ultérieure avec la nomination d'un nouveau juge rapporteur.
La première chambre de la Cour suprême du Mexique a rejeté mercredi la proposition de libération immédiate de la Française **Florence Cassez , condamnée à 60 ans de prison pour enlèvement. Deux juges se sont prononcés pour sa libération, deux contre et un pour un procès en révision. Faute de majorité, la première chambre devra à nouveau se prononcer sur ce dossier après la rédaction d'un nouveau rapport par l'un des cinq juges.
« Le contenu de la proposition n'ayant pas atteint le nombre de voix nécessaires, elle sera confiée à un autre juge » de la première chambre, a indiqué à l'issue du vote le juge Arturo Zaldivar, rédacteur du rapport proposant une « libération immédiate et absolue » de Florence Cassez. Aucune date n'a été fixée pour une nouvelle audience. La correspondance au Mexique de Nathalie Hernandez .
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L'avocat mexicain de Florence Cassez, Agustin Acosta, a estimé que la position de la Cour, bien que défavorable quant à la libération, est « *importante, parce qu'elle reconnaît qu'il y a eu des violations des procédures d'un procès équitable * » a-t-il affirmé à l’AFP. Grande déception hier à Paris pour la mère de Florence Cassez et son avocat français, par Rémy Ink .
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La juge Olga Sanchez Cordero, qui a voté mercredi en faveur de la libération de la jeune femme, a été chargée d'élaborer le nouveau projet sur le cas de Florence Cassez. Le dossier sera renvoyé à une audience ultérieure dont la date n’a pas encore été fixée.
Aujourd'hui âgée de trente-sept ans, la Française a été condamnée, en appel, à soixante ans d’emprisonnement. Elle a déjà passé plus de six années en détention, dans la prison pour femmes de Tepepan (au sud de Mexico) puis dans celle de Santa Marta (plus éloignée de la capitale et réputée plus dure). Elle a toujours clamé son innocence.
Retour sur la chronologie de l’affaire
Le 8 décembre 2005, Florence Cassez et Israel Vallarta sont arrêtés à un barrage de police. L’ex-compagnon de la Française est soupçonné d’enlèvements et d’un meurtre. Le couple est reconduit au ranch d’Israel Vallarta le lendemain. Deux chaînes de télévision y filment leur arrestation par la police. Plus d’un an après, en février 2006, Genero Garcia Luna, directeur de l'Agence fédérale d'investigation, reconnaît en direct à la télévision que l’arrestation du couple était une reconstitution.
Près de deux ans plus tard, en avril 2008, Florence Cassez est condamnée à 96 ans d’emprisonnement pour quatre enlèvements, association de malfaiteurs et possession d'armes. Elle a déjà passé deux ans et demi en détention. En mars 2009, elle fait appel et sa peine est réduite à 60 ans de prison.
En juin 2009, malgré une possibilité évoquée avec Nicolas Sarkozy, le président mexicain Felipe Calderon refuse l’extradition de Florence Cassez en France. Un an plus tard, en août 2010, la Française se pourvoit en cassation mais la requête sera rejetée.
Le 7 mars 2011, les avocats de Florence Cassez déposent un recours en révision devant la Cour suprême du Mexique. Un an plus tard, jour pour jour, le rapporteur de la Cour suprême, le juge Arturo Zaldivar, propose la libération « immédiate et absolue » de la Française pour le non respect de ses droits pendant l’instruction. Le lendemain, Franck Berton, l’avocat de Florence Cassez, précise au micro d'Emmanuel Leclere qu’il s’agit bien d’un espoir mais il prône la prudence.
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Pour une évolution de la justice mexicaine
Le 14 mars dernier, le médiateur de la ville de Mexico, des ex-ministres et des juristes ont exprimé, devant la presse, leur soutien à la Française. Ils appuient la décision du juge Arturo Zaldivar. Ce dernier doit proposer, le 21 mars, la « libération immédiate et absolue » de la Française devant la première chambre de la Cour suprême, composée de cinq membres. Ces sept personnalités relèvent le non respect des droits consulaires, les vices de procédures du dossier et l’absence de preuve. Ils mettent également en cause la crédibilité des supposées victimes en raison des contradictions de leurs témoignages.
Ainsi, la conférence de presse organisée par ces sept soutiens avait pour but de réclamer justice et non pas d’opposer les deux camps qui s’affrontent sur l’affaire Cassez. Les experts voulaient pointer la nécessité d’un travail de la police et des juges dans les règles. Derrière le procès de la Française, c’est donc un plaidoyer pour une évolution de la justice au Mexique, pour plus de respect des lois et des droits de l’homme. Mais les cinq juges de la Cour suprême n'étaient pas majoritairement convaincus.
L’émission Culturesmonde se penchait, le 26 octobre 2011, sur la question de la diplomatie, vue du prétoire, du cas politique à l’ affaire judiciaire de Florence Cassez .