Pierre Dumayet est mort jeudi. En mai 2004, j'entrais chez lui, tout en haut d'un immeuble de la rue de l'Université à Paris. En prévision d'un documentaire sonore pour Arte Radio, je venais lui rendre visite pour lui poser quelques questions sur le Club d'Essai de la radiodiffusion française, une antenne expérimentale dirigée par Jean Tardieu où, parmi de nombreux autres, il avait fait ses débuts à l'âge de 23 ans. Il y a rencontré François Billetdoux, Roland Dubillard, le dramaturge Romain Weingarten...
Il a volontiers répondu à mes questions vastes, moins par des anecdotes que par des impressions qui restituaient mieux qu'un récit attendu l'esprit du Club d'Essai, esprit de jeu, modestie et tentatives. Dumayet n'y est pas resté très longtemps (moins de quatre ans, si je ne me trompe pas), mais il m'a affirmé avoir toujours voulu rester fidèle à ces années de liberté et d'amitiés.
Les propos débordaient parfois le seul Club d'Essai, et il évoquait la radio en général, le métier et ceux qui l'exercent... Ses longues respirations, ses silences face au micro, que je tentais de briser le moins possible, donnaient parfois à sa parole des allures d'énigmes ou de sagesses poétiques, avec toujours, à la fin, comme un point d'interrogation.
Hors micro, je me rappelle que nous avions parlé de son livre " Autobiographie d'un lecteur" (Pauvert), où il revenait sur un des romans et un des personnages de sa vie, Madame Bovary.
Evidemment, je n'ai à l'époque utilisé qu'une partie des rushs, mais j'ai remis la main sur eux en ce dimanche après-midi. Il est techniquement impossible de les partager sur cette page, malheureusement, *mais vous les trouverez en cliquant là. *