Emmanuel Macron est pour la première fois en visite en Egypte jusqu'à mardi, notamment pour renforcer des relations économiques avec un "allié stratégique". Depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi, le partenariat franco-égyptien s’est cristallisé autour des grands contrats militaires.
Emmanuel Macron est arrivé au Caire ce dimanche, pour la première fois en visite officielle en Egypte depuis son élection. Le chef de l'Etat veut d'ici mardi conforter son "partenariat stratégique" contre les djihadistes avec le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. La présidence française assure aussi que les droits de l'homme dans le pays le plus peuplé du monde arabe seront abordés lors d'une discussion dite "ouverte" ce lundi. Cette visite devrait par ailleurs permettre d'évoquer le futur Grand Musée égyptien de Gizeh et la rénovation du célèbre musée archéologique du Caire.
La France parmi les principaux fournisseurs d'armes du Caire
En quelques années, la France est devenue l’un des premiers fournisseurs d’armes de l’Égypte, passant même devant les États-Unis. Pendant la visite d'Emmanuel Macron, il n'y aura pas de nouveau contrat de Rafale a affirmé une source de la présidence française : "Il n'est pas exclu que l'Egypte se dote ou complète sa flotte de Rafale dans les semaines ou mois qui viennent mais il n'y aura pas de signature de contrats Rafale". Des possibilités de livraisons de drones de surveillance seraient en revanche sur l’agenda franco-égyptien. Autant dire que dans la balance des exportations d’armes, compte tenu des emplois induits en France, la situation des droits de l’homme en Égypte passe au second plan.
Les deux grands contrats emblématiques de cette lune de miel militaire sont la vente en 2015 de 24 avions de chasse Rafale et de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral. L’Égypte a passé commande de quatre frégates de type Gowind, dont deux sont fabriquées dans les arsenaux d’Alexandrie. Paris a également livré 200 véhicules blindés légers, fournis par Renault Trucks Defense.
Après la révolution de Tahrir et la parenthèse des Frères musulmans au pouvoir, la France a fait de l’Égypte un partenaire stratégique au Moyen-Orient, notamment dans la lutte contre les djihadistes. Les forces égyptiennes sont engagées sur deux fronts, celui de la frontière libyenne à l’ouest, et celui de la péninsule du Sinaï à l’ouest.
Paris-Le Caire, un partenariat stratégique jusqu'où ? Correspondance du Caire de notre envoyé spécial, Bertrand Gallicher
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A l’intérieur du pays, la traque des islamistes, liés aux Frères musulmans ou à des mouvements djihadistes, est une priorité du président Al-Sissi. Mais dans cette lutte acharnée, le pouvoir ne fait pas dans la dentelle. Aucune opposition n’est tolérée, y compris celle des libéraux, laïcs, blogueurs, ou féministes.
Résultat : la situation des droits de l’homme ne cesse de se dégrader face à une répression impitoyable. Les prisons sont pleines à craquer. Les ONG évoquent le chiffre de 60 000 personnes emprisonnées depuis l’arrivée de Sissi au pouvoir.
"Partenariat franco-égyptien schizophrénique"
Dans ce contexte, les livraisons d’armes de la France sont pointées du doigt par les ONG, qui parlent d’un "partenariat franco-égyptien schizophrénique" et dénoncent "une répression made in France". Pour Antoine Madelin, de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) :
La France dit qu’elle va promouvoir ou essayer de défendre la question des violations des droits de l’homme en Égypte et derrière, finalement, elle participe à l’équipement de cette répression, en vendant des matériels qui permettent de surveiller la population et de poursuivre les activistes. C’est une forme de complicité que nous avons dénoncé dans les rapports que nous avons publié.
Les ONG demandent notamment la suspension des livraisons des matériels qui peuvent être utilisés dans la répression intérieure. Elles ont notamment dans leur viseur huit sociétés françaises.
Amnesty International a ainsi porté à l’attention des pouvoirs publics français à plusieurs reprises la question d’utilisation abusive, flagrante et généralisée en Égypte, de l’utilisation de véhicules blindés fournis pour par la France et qui ont servi dans des opérations de répression des forces de sécurité égyptiennes.
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