Francis Ford Coppola ou le mouvement secret des choses

1997. Première de deux émissions des "Mardis du cinéma" consacrées à Francis Ford Coppola. Les critiques expliquent notamment comment ses films rendent compte de son rapport au cinéma et au monde perdu d'Hollywood, les caractéristiques de sa mise en scène et les thèmes récurrents de son œuvre.
L'œuvre de Francis Ford Coppola était au menu des "Mardis du cinéma" en 1997. En compagnie d'Olivier-René Veillon, historien, de Nicolas Saada, rédacteur aux Cahiers du Cinéma, Yannis Kanzanias et Jean-François Rivière, critiques, l'émission rend hommage au cinéma de Francis Ford Coppola notamment à travers la série du Parrain, Apocalypse Now et Dracula.
Chez Coppola comme pour toute cette génération, il y a le désir de transporter tout Hollywood avec soi. Et pour transporter Hollywood avec soi, il faut arriver à recréer le système des studios dans sa chambre. C'est un peu le grand fantasme de Coppola, c'est de réinventer Hollywood dans son coffre à jouets, il y a quelque chose de ce rêve d'enfance qui est extrêmement fort chez Coppola, qui l'obsède en permanence et le rend très mégalomane dans la mise en œuvre de ses entreprises. Il y a une très grande fascination pour la posture du tycoon hollywoodien. [...] On ne peut pas s'empêcher d'être ému par la personnalité de Coppola à cause de cette dimension-là. Olivier-René Veillon
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Les Mardis du cinéma consacrés à Francis Ford Coppola (1/2). Une diffusion du 29/04/1997
57 min
Coppola, c'est quelqu'un qui s'est souvent mis en danger économiquement, financièrement. Aussi bien on pourrait le comparer à tous ces cinéastes un peu fous, un peu "bigger than life", hors de proportion, autant on peut aussi le comparer à certains grands hommes de la Renaissance, à de grands artistes comme Leonard de Vinci, en un certain sens, qui était une espèce de touche à tout, peintre, inventeur, écrivain, poète et je crois qu'il y a le même désir chez Coppola d'être à la fois un réalisateur, un producteur, un découvreur de talents, un distributeur, quelqu'un qui puisse aussi faire avancer la technologie. Il a été le premier de toute cette bande de jeunes cinéastes américains de sa génération, à faire les choses. Nicolas Saada
Dans cette émission, on peut également suivre une analyse de séquences cinématographiques issues de la série du Parrain, ou comment Francis Ford Coppola révèle tout son génie dans le tournage de scènes d'intérieur, sans coups de force, juste par la succession de plans dans "un découpage magistral".
Chez Coppola, il y a un mouvement secret des choses, une organisation très secrète des choses. On peut associer cela à un travail de peintre ou de musicien. Il y a un secret dans ses films, une chose à la fois évidente et mystérieuse qui se révèle à nous à chaque fois. Nicolas Saada
La deuxième partie de l'émission est consacrée à l'analyse et aux commentaires autour du film Apocalyspe Now, notamment la scène d'anthologie du raid américain sous fonds sonore de la Walkyrie de Wagner.
Les Mardis du cinéma consacrés à Francis Ford Coppola (2/2). Une diffusion du 29/04/1997
32 min
Ce qu'il y a de sincère, d'authentique et de passionnant dans le film [Apocalypse Now] de Coppola c'est l'impossibilité à rejoindre ce qui pourrait être un grand film qui créerait du mythe et qui ferait en sorte que le cinéma aurait une mission historique qui serait celle d'assurer la catharsis d'une contradiction historique majeure, exactement comme le cinéma hollywoodien en 1930 [...] Coppola a le sentiment que le cinéma n'a plus cette capacité-là, mais tout en le devinant, tout en le craignant, il est prêt malgré tout à prendre tous les risques comme si le cinéma hollywoodien avait encore cette capacité et c'est par là que Coppola est émouvant. Il est émouvant en ce que il croit dans les pouvoirs du cinéma, qu'il constate l'incapacité du cinéma hollywoodien d'aujourd'hui de se porter à la hauteur des mythes qu'il a su fonder dans les années 30 ou 50, mais il va quand même jusqu'au bout. Olivier-René Veillon
- Les Mardis du cinéma
- Une diffusion du 29/04/1997
- Production : Francesca Isidori
- Réalisation : Christine Berlamont
- Indexation web : Odile Dereuddre, documentation de Radio France