Goethe : “J'aime celui qui rêve l'impossible”

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Goethe : “J'aime celui qui rêve l'impossible”

Par
Johann Wolfgang von Goethe
Johann Wolfgang von Goethe
© Getty

Comment Goethe se sert-il des formes de la poésie érotique pour examiner les ressources et les ressorts de la création littéraire ? L'art poétique des "Élégies romaines".

Le  nom de Goethe est célèbre et on mesure son importance, mais sans le lire vraiment. L’œuvre se présente au lecteur comme un cosmos inaccessible. L’observateur perspicace de son temps fut aussi résolument étranger à son époque et fut constamment perçu comme parfaitement inactuel. Il faut d’abord pénétrer, au moyen d’une lecture insistante, dans le monde de ses œuvres et dans leur idiosyncrasie pour découvrir leur actualité. De grands lecteurs tels que Nietzsche, Freud, Gide, Benjamin et Kafka se sont nourris, en actualisant son œuvre, de l’inactualité systématique de Goethe. C’est à cette figure de créativité que s'est consacré le présent colloque. L’œuvre de l’âge mûr - le Divan occidental-oriental, les Années de voyage de Wilhelm Meister et le Faust. Deuxième partie - occupe une place centrale : Goethe retourne cette créativité contre ses propres œuvres et leur confère une dimension fortement réflexive. Comment Goethe a-t-il pu échapper à son propre classicisme ? Comment, ayant édifié sa propre statue, Goethe parvient-il à y échapper, à se réinventer autrement dans son œuvre tardive, devenant peut-être un "second auteur" à l’ombre du premier ? Les discussions interrogent la  figure de ce Goethe méconnu, encore sous-estimé et pourtant plus porteur d’avenir que l’icône du classicisme weimarien.

Le cycle des Élégies romaines, que Goethe avait dans un premier temps nommées Érotica, est contemporain de la Révolution française, mais il élude soigneusement toute référence explicite à l’actualité politique. Les poèmes sont généralement considérés comme le témoignage d’une sorte de conversion du poète à la sensualité, qui trouverait son origine dans la rencontre avec l’Antiquité pendant le voyage en Italie, et avec  Christiane Vulpius après le retour à Weimar. Cette double perspective a longtemps marqué l’histoire de l’interprétation ; elle a produit de nombreuses études sur le matériau biographique des élégies et sur leurs sources d’inspiration littéraires, en particulier la poésie élégiaque de l’èpoque augustéenne. Plus récemment, l’intérêt de la recherche s’est porté sur la manière dont le discours érotique des élégies se combine  avec un discours autoréférentiel. Comment envisager la relation entreces deux pôles ? 

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L'art poétique des « Élégies romaines », par Werner Wögerbauer

42 min

Une conférence enregistrée en août 2018 dans le cadre du colloque de Cerisy "G oethe, l'actualité d'un inactuel", sous la direction de Christoph König, Denis Thouard et Heinz Wismann.

Werner Wögerbauer, professeur de littérature allemande à l’Université de Nantes, a publié sur la littérature autrichienne, la poésie allemande moderne et contemporaine, en particulier sur Paul Celan, et l’histoire des disciplines philologiques.

Les Chemins de la philosophie
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