Greta Thunberg et la croisade des enfants de 1212

Greta Thunberg et la croisade d'enfants
Greta Thunberg et la croisade d'enfants

À l'origine de la croisade des enfants

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Greta Thunberg et la croisade des enfants de 1212

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Enfants manipulés, mouvement téléguidé... bien avant le "Greta-bashing", un autre mouvement incarné par la jeunesse subissait déjà les mêmes critiques au Moyen-âge : la croisade des enfants de 1212.

Ce sont deux événements qui n'ont a priori rien à voir dans leurs motivations et que 800 ans séparent : le mouvement des jeunes pour le climat et la croisade des enfants de 1212. Le premier est guidé par l'urgence environnementale et le deuxième était motivé en son temps par une urgence religieuse. Pourtant, ces deux mouvements incarnés par la jeunesse vont susciter exactement les mêmes réactions épidermiques de la part des gens au pouvoir.

En 1212, des milliers d’enfants quittent leur foyer spontanément et traversent la France. Ils se mettent en quête de partir délivrer pacifiquement Jérusalem, aux mains des Musulmans. Comme le mouvement des jeunes pour le climat, la croisade des enfants transcende les frontières. Elle se compose de deux cortèges, l’un part de Cologne, l’autre part du pays de la Loire.

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Ces jeunes vont tenter d’atteindre à pieds la Méditerranée pour y embarquer, direction la Terre sainte. Un leader émerge rapidement, Etienne de Cloyes, jeune berger charismatique. Certains témoins affirment même l’avoir vu accomplir des miracles.

L'échec des adultes

Comme pour Greta Thunberg qui dénonce l’échec des gouvernements à agir pour le climat, la croisade des enfants est motivée par l’échec des royaumes chrétiens à reprendre Jérusalem. Les chevaliers envoyés quelques années plus tôt n’ont pas réussi à délivrer la Terre sainte. En 1212 comme en 2019, c’est d’abord l’échec des dirigeants qui motive les enfants à régler le problème eux-mêmes.

Le cortège va d’abord demander une audience auprès du roi Philippe Auguste, mais le roi désapprouve et décide de ne pas soutenir les jeunes croisés. L’expédition, qui aurait compté jusqu’à 30 000 personnes, est accueillie avec ferveur par les paysans.

D’abord curieux, le Clergé devient vite méfiant. Les papes successifs ont pourtant appelé les Chrétiens à partir en croisade. Mais les évêques sentent qu’ils n’ont aucune emprise sur le mouvement et commencent à le condamner.

Ces “croisés” misérables sont moqués pour leur crédulité.

Le voyage est difficile, certains marchent pieds nus des centaines de kilomètres. Beaucoup meurent en chemin. Rares sont ceux qui arrivent jusqu’aux ports de la Méditerranée.

Les chroniqueurs de cette croisade parleront a posteriori de “conspiration diabolique”. Comme Greta Thunberg, les enfants croisés sont soupçonnés d’être manipulés. Certains diront que l’expédition a été manigancée par les Musulmans, les hérétiques, des magiciens malfaisants.

Peu soutenue, l’expédition est un échec complet. Très peu arrivent à embarquer pour la Terre sainte.

Certains coulent en route. D’autres sont trahis et vendus en esclavage. Il existe peu de témoignages fiables de cette croisade qui est devenue un véritable mythe au fil des siècles. Les historiens contemporains remettent en cause l’importance des enfants dans les cortèges, le terme “enfants” pouvant être compris comme “Enfants de Dieu”, c’est-à-dire des misérables.

Quoiqu’il en soit, en 1212 comme en 2019 quand la jeunesse s’empare d’une cause, c’est toujours la même réaction méfiante du côté des hommes au pouvoir.

Le Journal de la philo
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