25 ans après avoir été renversé, l’ancien dictateur tchadien, et ami de la France, est jugé au Sénégal pour crimes contre l’Humanité, crimes de guerre et torture commis pendant les huit années (1982 - 1990) passées au pouvoir. 40.000 personnes seraient mortes à cette époque. Hissène Habré risque la prison à vie.

Il ne reconnaît pas la légitimité du tribunal mis en place pour le juger et a été présenté de force à l’audience d’ouverture de son procès. Hissène Habré, 73 ans en août, risque la prison à vie s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il a déjà été condamné à mort en 2008 par contumace par la Cour criminelle de N'Djamena (Tchad). Fabien Offner est à Dakar pour RFI :
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Un procès historique
Les audiences pourraient durer trois mois. L'un des enjeux est de montrer que l’Afrique peut juger les anciens dictateurs du continent. Ce procès historique est retransmis en direct sur le site des Chambres Africaines Extraordinaires.
Mais la tenue du procès a longtemps été incertaine. Il aura fallu l’acharnement de nombreuses victimes, aidées par des ONG, et la pression de la communauté internationale pour que le Sénégal, où Hissène Habré a trouvé refuge depuis 1990, accepte de juger l’ancien président tchadien.
Selon la « Commission d'enquête sur les crimes et détournements commis par l'ex-président, ses co-auteurs et/ou complices », mise en place en 1990 après le renversement d’Hissène Habré, il y a eu au moins 40.000 morts imputables au régime de l’ex-dictateur. Au total, 200.000 personnes auraient été victimes de torture et de violence entre 1982 et 1990.
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Pour le procès, on compte plus de 2.400 parties civiles, parmi lesquelles l'Association des victimes des crimes du régime d'Hissène Habré, présidée par Clément Abaifouta . Il explique ce qu’il attend de ce procès, au micro de Suzanne Shojaei :
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Arrivé au pouvoir suite à un coup d’Etat en 1982, Hissène Habré met en place un véritable régime autoritaire : des opposants sont détenus, torturés, et souvent exécutés par la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), véritable police politique du pouvoir.
Au niveau international, peu ou pas de critiques. Car depuis 1973, le Tchad est en guerre contre son voisin du nord, la Libye. Pays dirigé à l’époque par Mouammar Kadhafi, considéré comme l’un des organisateurs du terrorisme international. Dans ce contexte, le Tchad est soutenu par les États-Unis et la France. D’ailleurs, Hissène Habré a étudié à Paris, au sein de Sciences Po. Rappel historique de Claude Guibal :
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En anglais.
Le dossier de Human Rights Watch, qui travaille depuis 1999 à cette traduction en justice
[Enquête] Hissène Habré, l’obsession sécuritaire. RFI
Par Laurent Correau, ce lundi.
Hissène Habré, récit d’une traque de vingt-cinq ans. Le Temps
Par Pierre Hazan, ce samedi.
Reed Brody, le « chasseur de dictateurs » qui a conduit Hissène Habré devant ses juges. Le Monde
Par Olivier Piot, avant-hier.