Histoire et hystérie

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Histoire et hystérie

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En 2006, Ken Loach racontait la guerre d'indépendance irlandaise dans Le Vent se lève , ça lui avait valu une Palme d'or. Le recordman des présences en compétition, c'est déjà la douzième fois, situe Jimmy's Hall dix ans après, avec le retour au pays d'un poète communiste en exil, qui va se confronter au conservatisme de l'Eglise et des grands propriétaires. L'occasion pour le vétéran Britannique de préciser son rapport au nationalisme, ce qui est toujours bienvenu en cette époque de montée des populismes, de montrer aussi que le socialisme en action, ça peut être joyeux et dansant, et enfin de filmer ce qu'il fait le mieux, du débat démocratique, des gens qui se parlent et s'écoutent.
Le deuxième réalisateur en compétition aujourd'hui a le tiers de son âge : 25 ans, et déjà cinq films derrière lui. Jeune homme pressé, le Québécois Xavier Dolan, découvert en 2009 avec J'ai tué ma mère , revient à son thème favori dans Mommy , portrait d'une veuve haute en couleurs qui hérite de la garde de son fils, atteint de troubles du comportement. Figure de l'adolescent déchaîné et sans surmoi, il jure, hurle et frappe. Le problème, c'est que sa mère n'est pas bien différente, ce qui donne 2h15 d'hystérie sonore et visuelle, le tout dans un cadre carré type Instagram, qui s'élargit parfois pour signifier le sentiment de plénitude. Certains crient au génie, réclament la Palme d'or. On peut aussi y voir un sens certain du marketing et de la poudre aux yeux, l'Histoire jugera. Dans le genre, on préfèrera L'Incomprise , à Un Certain Regard, évocation baroque par Asia Argento de son enfance dans le milieu artistique romain des années 80. L'hystérique et le déjanté, ce n'est pas tout à fait la même chose...