Histoire : mémoires de la Shoah
Comment la mémoire de la Shoah s'est-elle transmise ? Comment a-t-elle acquis une dimension universelle à partir des années 1970 ? Du procès Eichmann en 1961 au statut du camp d'Auschwitz aujourd'hui, cette sélection d'émissions propose de saisir la grande histoire au prisme d'histoires singulières.
A partir des années 1960, la radio et la télévision jouent un rôle majeur dans la médiatisation de l’histoire de la Shoah, qui devient l’incarnation de l’expérience historique absolue de l’inhumanité. A partir de la diffusion à la radio du procès d’Adolf Eichmann en Israël en 1961, la question de construire et de transmettre la mémoire de la Shoah, principalement par le biais du récit des témoins oculaires, devient un enjeu public. D’autre part, l’arrivée dans les années 1970 de la "seconde génération", ces enfants de déportés qui se sont investis dans le travail de mémoire du génocide, a été aussi déterminante pour mobiliser les pouvoirs publics à porter la transmission de cette mémoire jusqu’au plus haut niveau de reconnaissance par les institutions nationales. A partir de ces années-là, faire mémoire du génocide des Juifs auprès de la population française devient un enjeu majeur. Pour comprendre comment la mémoire de la Shoah a acquis, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, une dimension universelle, cette sélection d'émissions de "La Fabrique de l'histoire" donne à entendre des histoires singulières, des micro-histoires, qui permettent de saisir la grande histoire.
Dans le cadre de l'opération Nation Apprenante, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, cette présentation d'émissions sera suivie d'une précision sur le niveau scolaire auquel elle peut faire écho. Que cela n'empêche pas les plus curieux d'y jeter une oreille...
Après le procès de Nuremberg en 1946, après les processus d'épuration qui ont marqué la sortie de guerre en Europe, le procès d'Adolf Eichmann qui s’ouvre à Jérusalem en avril 1961 marque une nouvelle étape dans le jugement des crimes nazis. Intégralement filmé, offrant la parole à plus d’une centaine de survivants, ce procès abondamment commenté et controversé se concentre exclusivement sur le seul volet de l’extermination des Juifs. Il est un moment fondamental pour l'histoire, puisqu'il a érigé la mémoire de la Shoah en problème public majeur au sein des communautés juives du monde entier. Avant que dix ans plus tard, dans les années 1970, la question de la transmission de cette mémoire ne prenne une dimension universelle.
En France, les années 1990 sont marquées par des procès de collaborateurs célèbres : Paul Touvier en 1994 et de Maurice Papon en 1997 font les gros titres de la presse nationale. Mais avant cela, en 1965, le procès de Jean Barbier, qui a échappé à l'épuration à la Libération en se cachant pendant presque vingt ans sous une fausse identité, jette en pleine lumière les jours sombres de la collaboration en Isère et rappelle à ses victimes et à leurs familles les exactions commises pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Comment l’étude du destin des habitants d'un quartier, ou même d'un immeuble, le suivi d'un convoi de déportés, l’histoire d’un ghetto ou d’un seul camp éclairent-ils d'un jour nouveau l’histoire très vaste de la Shoah ? Cette émission, qui prend la forme d'une discussion entre quatre historiens, se penche sur les minuscules histoires particulières qui permettent de saisir et de mieux appréhender les mécanismes de la grande histoire, au-delà de sa chronologie.
Le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau en Pologne est devenu un symbole, résumant par son seul nom la totalité de l'entreprise génocidaire mise en oeuvre par le régime nazi. Depuis le début des années 2000, le nombre de ses visiteurs a été multiplié par trois, atteignant en 2011 un million cinq cent mille personnes. Un grand nombre d'entre eux sont polonais, mais aussi américains, israéliens, norvégiens ou coréens. Pourquoi se rendent-ils là plutôt que dans d'autres camps d'extermination ? Que viennent-ils voir en ce lieu ?
Si les historiens sont là pour transmettre le fruit de leurs recherches sur l’extermination des Juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, les témoins directs, anciens déportés et rescapés de la Shoah, ont constitué depuis les années 1980 un des piliers pédagogiques du processus de transmission de sa mémoire. Aujourd’hui, alors que l'immense majorité de ces témoins sont morts, la question se pose à une nouvelle génération qui s’empare de la tâche, de continuer à faire et transmettre cette histoire.
Ces émissions sont indiquées pour les classes de terminale S, elles contribuent à l'enrichissement des connaissances requises dans le cadre du programme d'histoire (mémoires de la Seconde Guerre mondiale).