Jacques Derrida : "Ce qu’on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire"

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Jacques Derrida : "Ce qu’on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire"

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© Getty - Christine Rose Photography

Plus de dix ans après la mort du philosophe et alors que ce début de XXIe siècle est marqué par un rythme effréné de mutations qui touchent toutes les sphères de la vie sociale, la philosophie derridienne semble plus que jamais d’actualité. Héritages et survivances de Jacques Derrida.

Pour dire ce qui arrive à sa pensée et à son oeuvre, tout autant que ce qui en provient, et qui revient et reviendra.  Comment penser et recevoir ces héritages, être hanté par ses survivances, comme des événements qui restent à traduire et à réinventer ? Car les héritages de Jacques Derrida portent en eux plus d’un secret et plus d’un esprit. Leur réserve d’inconnu, doit être aujourd’hui réaffirmée, réinterprétée, maintenue en vie. Quels sont aujourd’hui, les héritages et les survivances de la pensée de Jacques Derrida ?

Quelques dates choisies 

En 1967, Jacques Derrida marque la scène philosophique avec trois livres : La voix et le phénomène, De la grammatologie, et L’écriture et la différence . Il élabore le concept d’une écriture générale, libérée de l’opposition de l’écriture restreinte à l’oralité, engageant ainsi un travail de clôture et de décentrement du structuralisme qui va permettre d’interroger l’épistémologie et le langage des sciences humaines et sociales.

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En 1972, dans Marges de la philosophie, "la différance" consacre et condense l’écart avec la tradition métaphysique. Elle opère en-deçà de la différence ontologique de l’être et de l’étant et au-delà de la représentation. Ni donnée ni constructible, ni même positive ou objectivable, elle s’inscrit, comme l’inconscient, en s’effaçant, n’apparaît que par ses traces qui renvoient à d’autres traces, ouvrant la multiplicité de l’écriture par-delà le sens, la signification et le savoir.

En 1990, à l'occasion d'une exposition au Louvre, Jacques Derrida écrit Mémoires d’aveugle. L’autoportrait et autres ruines où il analyse l’autorité du regard, de la vue et de la lumière dans l’histoire de la philosophie. Dès lors que le trait ne se voit pas, le dessin dessine toujours la mémoire. Sont choisis pour cette exposition des autoportraits dans lesquels l’oeil des dessinateurs est exposé à l’aveuglement comme expérience même de la vue.

En 1991, dans Circonfessions, Derrida livre des bribes de son enfance à Alger, cherchant le secret inaccessible de sa circoncision. Il raconte son enfance, le plus intime de son corps, la mort de sa mère, portant à la limite l’idée de Nietzsche que les philosophies sont des biographies involontaires de leurs auteurs. Penser ainsi la vie, transformée en écriture, déstabilise la conception pour laquelle la vie n’existe qu’en dehors de l’oeuvre, et l’oeuvre en dehors de la vie.

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, Derrida entreprend de repenser les fondements de la démocratie et de la souveraineté en se demandant comment les événements doivent contraindre la philosophie et le langage de la politique à se transformer. Correspondant à l’exigence la plus haute de justice, la démocratie n’est pas un régime politique parmi d’autres mais ce qui manque à la politique, son avenir impossible et nécessaire.

Un colloque enregistré en 2014, organisé par la Fondation Maison des sciences de l'homme, en partenariat avec la Fondation Calouste Gulbenkian.

Responsables scientifiques : Marc Goldschmit, Sara Guindani-Riquier et Alexis Nuselovici.

En savoir plus : Expliquez-moi Derrida