Jean Vilar : "Le théâtre devait faire incessamment ses révolutions comme Picasso ou Braque l'ont fait"

1997. En 1966, France Culture enregistrait des entretiens entre Agnès Varda et Jean Vilar. La chaîne les a diffusés dans le cadre de la série "A voix nue" en 1997. Dans ce troisième épisode, Jean Vilar évoque l'importance de la peinture dans le théâtre et raconte les débuts du Festival d'Avignon en 1947.
Troisième entretien de Jean Vilar au micro d'Agnès Varda diffusé dans la série "A voix nue" durant l'été 1997 mais enregistré en 1966. Le metteur en scène y raconte sa rencontre avec le peintre Léon Gischia qui a mis en avant la place essentielle de la peinture dans le renouvellement du théâtre : "J'ai pris conscience que nous devions apprendre des autres arts énormément." Jean Vilar se dit aussi "émerveillé" par le dessin de Matisse "qui est si peu chargé, qui est une grande ligne". Il raconte que cette découverte lui fait comprendre que c'était vers cela que son théâtre devait tendre.
Jean Vilar en arrive ensuite à retracer les débuts du Festival d'Avignon. Il évoque l'exposition d’art contemporain organisée en septembre 1947 par le critique d'art et galeriste Christian Zervos au Palais des Papes et comment il a alors accepté de jouer trois nouvelles pièces à cette occasion. Il s'agissait pour lui et toute la troupe d'un compagnonnage pendant plus de vingt jours : "Tous ont été assez conscients de ce qui arrivait." Quand Jean Vilar évoque Avignon, il pense d'abord à la lumière et au côté artisanal des représentations. C'est aussi le moment de sa collaboration avec Gérard Philipe et ses rôles dans le théâtre d'Alfred de Musset.
Jean Vilar "A voix nue" 3/5 le 09/07/1997
24 min
Jusqu'à la dernière heure il y avait tout de même des petites évolutions artisanales qui 17 ans après continuaient comme la première année et qui continueront toujours et je crois que c'est la force d'Avignon. C'est-à-dire qu'on ne perd pas contact avec les difficultés initiales, avec le côté artisanal et même disons le franchement le mot amateur. A Paris nous risquions avec le Palais de Chaillot [...] de devenir des professionnels, Avignon chaque année nous ramenait au sens vrai du théâtre qui est tout de même une invention quotidienne permanente, donc artisanale donc amateur. C'est en quoi je me suis fâché avec les plus grands professionnels de la profession.
- "A voix nue" avec Jean Vilar 3/5
- Première diffusion le 09/07/1997
- Producteur : Agnès Varda
- Réalisation : Marie-Andrée Armynot
- Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France
- Archive INA - Radio France