Kazuo Ishiguro : "La vie est incontrôlable et absurde"
Par BNF - Bibliothèque François Mitterrand
Entretien avec le prix Nobel de littérature 2017. Kazuo Ishiguro décrit avec la même précision que son écriture, son histoire, les fractures historiques qui l'on influencé, la cristallisation de ses idées, et l’articulation entre l’intime et le collectif. Souvenir, temps et désillusion.
Kazuo Ishiguro est l'auteur de plusieurs romans, salués par la critique et plusieurs fois récompensés, notamment Lumière pâle sur la colline, L'inconsolé, Les Vestiges du jour et Le Géant enfoui. Sara Danius, secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, a indiqué lors de l'annonce : "Kazuo Ishiguro a révélé, dans des romans d'une grande force émotionnelle, l'abîme sous l'illusion que nous avons de notre relation au monde".
J’ai grandi dans l’ombre de la Guerre froide, nous avions peur à l’époque qu’une guerre nucléaire ne soit déclenchée, un holocauste nucléaire. En 1989, quand on a connu la fin de la Guerre froide, beaucoup de gens de ma génération ont eu le sentiment qu’un fardeau avait disparu, et qu’on entrait alors dans une nouvelle ère magnifique… Et puis à nouveau, un grand choc. Des massacres, des camps d’extermination comme en Yougoslavie où au Rwanda. Ce qui me fascine dans ces résurgences, c’est le rôle que joue la mémoire au sein de la société. Des mémoires obscures de vengeances, d’injustices, d’atrocités. Comment les nations se souviennent-elles, comment les nations oublient-elles ? La mémoire d’une nation est-elle comme la mémoire d’un individu ?
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Un entretien enregistré en avril 2015.
Florent Georgesco, éditeur et critique littéraire au "Monde des livres".